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2010
Biodiversité – Plaidoyer pour la préservation de l’environnement
Catégorie : Biodiversité, Environnement
Eric Chivian et Aaron Bernstein sont des physiciens et chercheurs au Centre pour la Santé et l’Environnement Global à l’Ecole de médecine de l’université Harvard.
Ils ont par ailleurs dirigé l’ouvrage intitulé, « Préserver la vie : comment la santé humaine dépend de la biodiversité ».
Avec Achim Steiner, sous-secrétaire des Nations Unies et Directeur exécutif du programme environnemental de l’ONU, un intéressant article est paru dans le réseau Project Syndicate.
Je voudrais vous en faire partager la teneur. PASSIONNANT !
La biodiversité est essentielle au fonctionnement des écosystèmes – celui des forêts, des eaux fraîches, des récifs de coraux, des sols et même de l’atmosphère – garants de toute vie sur terre.
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L’impact sur les sciences médicales
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L’affaiblissement constant et progressif de cette diversité menace la société de manière infinie.
L’un des impacts souvent ignoré concerne les sciences médicales.
Depuis des millénaires, les médecins ont appris à maitriser les substances naturelles pour développer des traitements et des remèdes.
À titre d’exemple, l’aspirine provient du saule et plus récemment le TaxolÔ– la dernière innovation en matière de traitement contre le cancer – est obtenu de l’écorce de l’if du Pacifique.
Certaines des innovations les plus importantes sont encore à venir.
Mais cela n’arrivera que si la corne d’abondance que constitue la nature est préservée de manière à ce que les générations actuelles et futures de chercheurs puissent faire de nouvelles découvertes au profit de patients partout dans le monde.
Prenons le cas de l’ours polaire, menacé d’extinction par le changement climatique.
Ce mammifère passe jusqu’à sept mois par an en hibernation ; une période durant laquelle il est pour ainsi dire immobile.
Soumis à de telles conditions, un être humain perdrait un tiers ou plus de sa masse osseuse.
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De formidables espoirs pour la recherche
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Ce qui est étonnant chez l’ours en hibernation, c’est que son organisme développe de nouveaux os en libérant une substance qui désamorce les cellules qui brisent les os et encourage celles qui produisent de la matière osseuse et du cartilage.
L’étude des ours polaires en hibernation dans leur milieu naturel pourrait permettre d’éviter des millions de fractures de la hanche dues à l’ostéoporose – une maladie qui coûte 18 milliards de dollars et tue 70 000 personnes par an, rien qu’aux Etats-Unis.
Si l’ours en hibernation peut survivre sept mois ou plus sans uriner, cette accumulation de substances toxiques dans l’organisme d’un être humain lui serait fatale en quelques jours.
Comprendre comment les ours parviennent à ce miracle constituerait un espoir extraordinaire pour le million et demi de personnes environ à travers le monde en traitement pour insuffisance rénale.
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Des espoirs pour lutter contre le diabète et d’autres maladies
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Les ours polaires, qui puisent leurs ressources pendant l’hibernation dans la graisse emmagasinée et qui pourtant ne deviennent pas diabétiques, sont aussi susceptibles d’offrir des solutions pour le traitement du diabète de type 2, une maladie associée à l’obésité dont sont affligées plus de 190 millions de personnes dans le monde, atteignant même des proportions de l’ordre de l’épidémie dans de nombreux pays.
Mais les ours en hibernation ne sont que le début de l’histoire.
La grenouille des bois peut survivre à de longues périodes de gel sans qu’aucune de ses cellules ne soit détruite.
Constituerait-elle la clé pour une meilleure conservation des organes prélevés en vue d’une transplantation ?
Les pumiliotoxines, comme celles secrétées par la grenouille venimeuse du Panama, pourraient permettre le développement de médicaments visant à renforcer le rythme cardiaque – important dans le traitement de maladies cardiaques.
Et les 700 espèces de cônes évoluant sur les barrières de corail pourraient permettre de produire 140 000 toxines différentes, dont un grand nombre pourraient avoir une valeur médicinale. Mais seule une centaine d’entre elles a fait l’objet d’études.
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Une toxine 1000 fois plus puissante que la morphine
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On a découvert que l’une de ces toxines, commercialisée sous le nom de PrialtÔ, est 1000 fois plus puissante que la morphine, sans pour autant entrainer d’addiction ou d’intolérance, comme dans le cas des opiacées.
Les essais cliniques indiquent un réel soulagement de la douleur sur les patients atteints de sida ou de cancer.
La perte de la biodiversité a déjà mis un terme à des recherches médicales prometteuses.
La grenouille Rheobatrachus femelle, originaire d’Australie, avait comme particularité d’ingérer ses oeufs pour les incuber dans son estomac, sans qu’ils soient digérés par les enzymes et les acides gastriques, comme c’est le cas chez n’importe quel autre vertébré.
L’étude de ces batraciens aurait pu nous donner des éléments sur la manière de prévenir et de traiter les ulcères peptiques ; mais ces études n’ont pu être continuées car les deux espèces de Rheobatrachus ont désormais disparues.
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2010, année de la biodiversité
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En 2010, déclarée Année de la biodiversité par les Nations Unies, les gouvernements sont supposés agir pour limiter de manière conséquente l’amoindrissement des richesses en faune, flore et autres organismes de la planète.
Mais rien n’a été fait.
L’affaiblissement de la biodiversité s’est accéléré et nous allons tout droit vers ce que les scientifiques appellent « la sixième vague d’extinctions ».
Les gouvernements auront l’occasion de reconfirmer leurs engagements en septembre lors de la 65ème Assemblée Générale de l’ONU à New York , puis à la réunion de la Convention sur la diversité biologique (CDB) d’octobre à Nagoya au Japon.
Il faut dès cette année trouver un traitement contre la dégradation de notre environnement et développer une gestion bien plus intelligente du monde naturel : cela constituerait une réelle avancée pour la richesse mais aussi pour la santé de l’humanité au 21ème siècle.
On a beaucoup à apprendre de la nature et de l’espèce animale. Encore faudrait-il que les ours soient encore là dans quelques années, si on veut les étudier, mais avec la fonte des neiges et des glaciers.
On pourrait faire hiberner quelques politiques réunionnais pour que nos petits enfants puissent étudier leur mode de fonctionnement intellectuel. Ce serait leur préhistoire de la connaissance politique !
C’est un article vraiment très intéressant. On doit protéger la Terre non seulement pour pouvoir la transmettre « intacte » à nos enfants, mais aussi pour qu’ils puissent vivre mieux à partir des recherches sur la nature.
La Région Aquitaine a lancé, en juin dernier, le projet européen REVERSE. Projet d’envergure de 3 ans : REVERSE ou -Regional exchanges and policy making for protecting and valorising biodiVERSity in Europe-, a établi une collaboration avec 14 partenaires de 7 pays européens différents : l’Allemagne, l’Espagne, l’Estonie, la France avec la région Aquitaine en chef de file, la Grèce, l’Italie et la Slovaquie afin de promouvoir et défendre la biodiversité à l’échelle européenne au travers d’initiatives exemplaires. Un site Internet, http://www.reverse.aquitaine.eu, vient d’être lancé afin de suivre l’avancée du projet.
Depuis mars 2010, quelles sont les actions de la région en matière de protection de la biodiversité?
Les pays du monde entier se penchent à nouveau jeudi 22 septembre sur les menaces contre la biodiversité avec l’objectif, jugé inaccessible par de nombreux experts, de mettre fin à l’extinction des espèces animales et végétales d’ici 2020.
L’objectif fixé en 2002 d’une « baisse significative » des extinctions d’espèces d’ici 2010 n’est pas encore atteint. Les pertes en matière de biodiversité s’accélèrent.
Que fait-on ? on se contente de protéger des zones naturelles. Des études de l’Onu montrent que les taux d’extinction actuels sont un millier de fois supérieurs à ceux déduits des fossiles, ce qui représente la plus grave menace depuis la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années.
On va tous mal finir…
@Jean-Jacques
Nous sommes déjà au point de non retour. Les « grands » de ce monde avaient réclamé une action efficace et urgente pour mettre fin aux pertes en matière de biodiversité d’ici 2020 et progresser vers la fin des pertes en matière de biodiversité. Rien n’a été fait. Lorsque l’ONU dit qu’il faut mettre fin à la surexploitation des ressources halieutiques ou qu’il faut procéder à une réduction de moitié de la déforestation d’ici 2020, c’est bien. Mais en face, quelles sont les propositions ? S’il n’y a pas de solution pour limiter la croissance de la population humaine (sauf le contrôle des naissances…. Mais c’est tout de même inacceptable), il y a d’autres leviers à actionner : agir sur le développement des villes, en les organisant de telle manière à ce qu’elles soient non seulement plus vivables, mais aussi plus respectueuses de l’être humain, de la qualité de vie etc. Et l’on en revient à la lutte contre la pollution. Mais n’est-il pas trop tard ? Le monde risque de parvenir à des points de basculement définitif en matière d’assèchement de la forêt amazonienne ou d’acidification des mers en raison du changement climatique.
C’était beau, la vie….