Énergie – Transition énergétique : nécessité d’une transition ou d’une révolution copernicienne ? (4ème partie)

 

   La conférence environnementale s’ouvre aujourd’hui 14 septembre et se terminera le lendemain, 15 septembre.

Nous avons choisi de nous intéresser – pour l’instant – à la question de l’énergie ou plus exactement de la« transition énergétique ».

 

Nous évoquerons bientôt celle de la protection de la biodiversité

Dans ce quatrième volet : l’analyse du sénateur Poniatowski sur le coût de l’électricité. Édifiant !

 

Il faut dire que l’on est d’entrée de jeu, dans le vif du sujet puisque ce rapport s’intitule :

 

« Électricité : assumer les coûts et préparer la transition énergétique. Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur le coût réel de l’électricité afin d’en déterminer l’imputation aux différents agents économiques » Ladislas Poniatowski, Sénat,  juillet 2012.

 

Le document a été adopté par l’ensemble des membres de la Commission, à l’exception de ceux du groupe Communiste, Républicain et Citoyen (CRC).

 

Hausse de 50% !

 

Le rapport annonce que la facture des ménages augmentera de 30% d’ici 2016 et 50% d’ici 2020, pour atteindre 1.307 euros par an contre 874 en 2011.

 

Pourquoi cette augmentation ?

Le sénateur donne la réponse suivante :

« Les investissements élevés dans les énergies renouvelables et les coûts croissants du nucléaire, sous-évalués jusqu’à aujourd’hui ».

 

Exemple donné pour la France métropolitaine : sur l’augmentation de 433 € attendue sur la facture (qui est hors TVA),

28% viendront de la taxe dite CSPE (qui inclut notamment les tarifs d’achats subventionnés des énergies renouvelables),

37% des réseaux électriques et

35% de la production d’électricité elle-même.

 

Donc, produire de l’électricité va coûter de plus en plus cher ?

 

La Transition énergétique : un coûteux investissement pour l’avenir ?

 

Pour mémoire, François Hollande s’était engagé durant sa campagne à développer les énergies vertes et à faire passer la part du nucléaire de 75% à 50% de la production d’électricité d’ici à 2025.

 

Les auteurs du rapport expliquent que la France s’est engagée à atteindre 23% d’électricité renouvelable en 2020 contre 13% atteints  l’an passé.

 

Mais, il y a un « mais », le rapport montre notamment que certaines énergies vertes comme l’éolien terrestre sont déjà très compétitives au niveau des prix.

 

C’est un point sur lequel les professionnels ne sont pas d’accord.

 

Surtout depuis que les gouvernements successifs « bricolent » les tableaux de rachat du coût ou jouent au yoyo avec les subventions, exonérations et systèmes de défiscalisation…

 

Les « coûts cachés » du nucléaire 

 

Depuis le 1er janvier,  indique le rapport sénatorial, le prix officiel du KwH est de 42€, mais

« le coût du Mwh d’énergie électrique française est sous-estimé ».

 

La Commission d’enquête se base sur un rapport de la Cour des comptes qui évoquait en janvier un chiffre de 54,2€.

Les sénateurs y ont ajouté les dépenses en matière de recherche publique dans le nucléaire et sont parvenus à un prix de 61€.

 

Et les « coûts cachés » pourraient même être encore plus élevés, si l’on inclut la charge du démantèlement ou des assurances en cas d’accident : cela porterait le coût du MwH à 75€ … soit entre 50% et 90% de plus  que son prix officiel !

 

En définitive, quel est le coût de l’énergie ?

 

Pour préserver le pouvoir d’achat, le gouvernement a décidé il y a quelques semaines, de limiter la hausse de l’électricité à 2% au 1er août.

Car il prépare une « réforme structurelle » des tarifs de l’énergie.  

 

Des députés ont déposé une proposition de loi visant à un tarif progressif de l’électricité.

C’est une idée intéressante mais véritable « usine à gaz » pour élaborer une grille tarifaire qui ne lèse ni les personnes en situation de précarité financière (et énergétique) ni celles qui subissent, occupant un logement très énergivore.

 

Ainsi, selon le sénateur, la France reste l’un des pays les moins chers d’Europe pour l’électricité.

Mais il souligne aussi que la consommation étant plus élevée, la facture totale se retrouve gonflée par rapport à nos voisins.

 

C’est une façon de voir les choses.

Certes, je reconnais parfaitement que question isolation thermique, la France est en rade.

 

Et n’oublions pas qu’il a fallu attendre des années pour que La Réunion bénéficie d’une réglementation thermique qui lui soit adaptée !

 

Une baisse de la consommation ?

 

C’est dans ce contexte que, fin de semaine dernière, une information a fait sensation : la France ne devrait pas avoir de problèmes d’approvisionnement en électricité.

 

Enfin au moins jusqu’en 2015, à en croire  le Réseau de transport de l’électricité.

Car après, « ça craint » !

 

Cette affirmation est contenue dans son bilan prévisionnel 2012. 

Selon RTE, la crise économique a conduit les ménages français (mais aussi européens) « à réduire leur consommation d’électricité depuis 2011 ».

 

Il est bien évident que lorsqu’on vit sous le seuil de pauvreté, on fait des économies sur tout, y compris sur le chauffage.

 

Les motifs présidant à la baisse de consommation

 

Est-ce vraiment une volonté de baisse sa consommation ?

Bien sûr, les campagnes d’information commencent à porter leurs fruits et les ménages, quand ils le peuvent, achètent de l’électro ménager « classe A ».

 

Mais les ampoules « basse consommation » continuent à coûter cher.

Alors… la consommation est réduite autant par nécessité économique et financière que par souhait de protéger nature et environnement !

 

Toujours est-il que, selon RTE, cette baisse de la consommation  va atténuer  les tensions sur le marché.

 

On peut là aussi d’interroger : la baisse est-elle une tendance lourde ?

Elle pourrait l’être si d’autres mesures étaient mises en place, notamment des travaux à effectuer dans les logements énergivores !

 

Toutefois, poursuit RTE,  cette baisse a également un impact négatif sur l’offre, dans la mesure où plusieurs projets de production ont été arrêtés et certaines centrales stoppées, pour leur manque de rentabilité.

Une situation qui ne devrait pas peser sur l’approvisionnement jusqu’en 2015.

 

Plus d’électricité après 2016 ?

 

Mais pour RTE, les choses risquent en revanche de se compliquer après 2015.

La raison invoquée : le déclassement de nombreuses installations thermiques.

 

RTE explique :

 

« En application de la réglementation européenne sur les Grandes Installations de Combustion (…), les 15 groupes charbon mis en service avant 1975 cesseront de fonctionner à l’horizon 2016.

Cela représente une baisse de la puissance en service de 3,9 GW entre 2012 et 2016″.

 

Par ailleurs six des huit groupes de fioul pourraient également être fermés d’ici 2016 (puissance installée de 3,8 GW).

 

Enfin, le volume du parc de cogénération devrait être réduit d’environ 3 GW dès la fin de cette année.

À cela s’ajoute la fermeture programmée de la centrale de Fessenheim, comme s’y est engagé le président de la République, François Hollande, fermeture… à une date encore indéterminée.

 

Part de plus en plus importante des énergies renouvelables

 

Dans ses prévisions, RTE table sur des objectifs de production renouvelable de 23% en 2020.

Et RTE prévoit, en conséquence, des schémas de raccordement du photovoltaïque et de l’éolien au reste du réseau.

 

À plus long terme et quel que soit le scénario considéré (consommation forte, croissance faible, réduction plus ou moins importante de la production nucléaire…), RTE estime que le développement des énergies renouvelables sera de toute façon « significatif »…

 

Ah, quand même !

 

Article vu 3 109 fois
1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (Pas encore de votes)
Loading...

1 Commentaire sur

Énergie – Transition énergétique : nécessité d’une transition ou d’une révolution copernicienne ? (4ème partie)

  • escalierNo Gravatar |

    Bonjour,
    Merci pour votre article sur ce sujet. Simple, j’ai pris plaisir à le lire ! (Ca change ! lol). Ce n’est pourtant pas un sujet facile à aborder de façon si claire. Félicitations et bonne continuation!

Vous avez une opinion ? Laissez un commentaire :

Nom *
E-Mail *
Site Web