La Chine, nouveau géant des énergies vertes ?

 

             

Puissance éolienne installée dans le monde en décembre 2011, en %

Guillaume Sainteny, maître de conférences à l’École polytechnique, nous interpelle dans le journal Les Echos pour que nous prenions la mesure des formidables bouleversements qui s’opèrent dans le domaine des énergies vertes où la compétition fait rage.

 

La montée en puissance récente de la Chine dans le secteur des énergies renouvelables (ENR) est spectaculaire.

 

Elle se classe dans les cinq premiers déposants de brevets pour le solaire, l’éolien et la pile à combustible.

 

Elle en dépose, d’ores et déjà, plus que l’Allemagne dans le domaine du solaire.  

 

Elle est au quatrième rang pour le montant du capital-risque investi dans les énergies vertes.  

 

Elle possède plus de 100 fabricants d’éoliennes, et le quatrième parc éolien au monde.

 

En ce domaine, l’objectif pour 2020 est une progression annuelle de 20 % du parc installé.

 

Elle est aujourd’hui le premier fabricant de cellules photovoltaïques au monde.

 

L’objectif de capacité photovoltaïque a été fixé à 10 GW en 2020 (soit plus que la capacité totale mondiale installée aujourd’hui).

 

La Chine se place aussi sur le marché du véhicule électrique.

 

Elle est d’ores et déjà le premier pays producteur de batteries lithium-ion.

 

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La chine vise 4 objectifs

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Ce recours accru aux ENR vise notamment quatre objectifs :

 

– desserrer la contrainte pétrolière ;

– ralentir la progression de ses émissions de dioxyde de carbone ;

– tenter de donner des gages à la communauté internationale pour obtenir des transferts technologiques ;

– constituer un secteur industriel exportateur.

 

La place de la Chine en tant que principal détenteur de réserves et producteur à bas coûts de certains minerais de terres rares, nécessaires à la fabrication des éoliennes, piles à combustible ou ampoules basse consommation, renforce l’intérêt, pour elle, de cette stratégie.

 

La localisation de ce nouveau tissu industriel constitue aujourd’hui un enjeu géoéconomique majeur.

 

Contribuera-t-il à la réindustrialisation des Etats-Unis et de l’Union européenne ou deviendra-t-il un oligopole entre grands émergents, se partageant le contrôle technologique des filières et donc l’essentiel des retombées économiques qu’elles généreront ?

 

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La dépendance de l’UE et des États-Unis

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Sur l’aval des filières ENR (implantation d’équipements, exploitation), l’Europe et les États-Unis restent dominants du fait des objectifs fixés (part d’ENR dans le mix énergétique), d’une politique incitative (tarifs de rachat, fiscalité…) comme des investissements en cours et prévus.

 

Mais cette politique rend la plupart de ces pays importateurs de matériels ENR, notamment en provenance de Chine.

 

Sur le milieu des filières (fabrication, assemblage), la Chine s’affirme comme la zone dominante, du fait des faibles coûts de main-d’oeuvre et d’assemblage, voire de la politique monétaire suivie.

 

L’UE et les États-Unis pourront difficilement relocaliser la fabrication et l’assemblage sur leurs territoires.

 

La partie importante en termes stratégiques de création de valeur comme de sécurité énergétique et d’indépendance nationale se joue et se jouera donc sur l’amont (conception, R&D).

 

La progression de la Chine y est remarquable.

 

Si l’Union européenne et les États-Unis veulent conserver et reconquérir une part plus importante de la valeur ajoutée du secteur et de son contrôle technologique, c’est sur ce segment qu’ils doivent faire porter leurs efforts.

 

À l’occasion de sa visite en France, le président chinois vient de proposer de développer les partenariats franco-chinois dans les domaines des ENR, des économies d’énergie et de l’environnement.

 

Cette proposition doit aussi s’évaluer dans ce contexte.                                                                                                                                                                                                              

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5 Commentaires sur

La Chine, nouveau géant des énergies vertes ?

  • EricNo Gravatar |

    La Chine devient de plus en plus la première puissance mondiale, jusqu’à là, elle était la plus grosse consommatrice d’énergies fossiles et la plus polluante. elle aura fait une « ‘révolution » (pas dans le sens lagardien – Christine de son prénom- du terme, c’est à dire un retour au point de départ), en un laps de temps record. sur ce plan, elle est un exemple..

  • ùXBäNo Gravatar |

    L’essor de la Chine est assez effrayant car ils rattrapent les retards technologiques à grande vitesse , alors que les écarts sociaux , salaires conditions de travail etc..sont encore immenses !
    Cette situation est un poison mortel pour l’emploi en UE , les solutions sont difficiles ,
    soit attendre un rattrapage social qui mettra très longtemps à se produire , soit envisager une taxation particulière à l’entrée de l’UE…
    qui pénaliserait nos exportations là-bas..
    Pas simple du tout !

  • Pierre VERGESNo Gravatar |

    A moins, ce qui est aussi… pas simple du tout, de remettre en cause notre mode de vie, au terme, bien sûr, d’un vaste débat national, puis européen, tant les remises en cause « d’avantages » considérés comme acquis sont innombrables, surtout si la solidarité, au nom de la préservation de notre « biodiversité » française -Liberté-Egalité-Fraternité (sic) justifie des « révolutions » !

  • ArsinoéNo Gravatar |

    il me semble que ce n’est plus la Chine qui pratique les coûts salariaux les plus bas. D’autres pays proposent une main d’oeuvre encore « meilleur marché ». A tel point que des entreprises chinoises réfléchissent… à la délocalisation de leur production…

  • ArsinoéNo Gravatar |

    je complète ce que je viens d’écrire: L’Egypte pratique une politique de très bas salaires, une politique fiscale attractive, pour séduire les investissements étrangers. résultat: les industriels chinois choisissent aujourd’hui de délocaliser leurs usines sur les bords du Nil ou du canal de Suez.
    quant au salaire minimum égyptien… il est de 69 euros par mois

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