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2013
Passionnant ! Lu dans l’Humanité Dimanche – Hubert Reeves: « Être déterminé à continuer cette lutte »
Catégorie : DÉVELOPPEMENT DURABLE, Énergie, EnvironnementChanger le monde en 2013, c’est possible.
Vingt-six personnalités engagées et citoyennes de France et du monde expliquent comment, à travers leurs voeux pour cette nouvelle année dans un numéro exceptionnel de l’Humanité dimanche.
Comme Thierry Lepaon (CGT), Jean Ziegler (membre du Conseil des droits de l’homme), Serge Haroche (co-lauréat du prix Nobel de physique 2012), Valérie Fourneyron (ministre de la Jeunesse et des Sports), le professeur André Grimaldi, ou John MacArthur (directeur du Harper’s magazine), l’astrophysicien Hubert Reeves s’est prêté au jeu.
Pour lui aussi, 2013 est une année de combat.
« Pour cela, il faut faire du lobbying à la façon de nos ennemis pollueurs. » Extrait.
Humanité Dimanche :
Êtes-vous pessimiste sur l’avenir de la planète et sur la façon dont l’humanité peut la protéger?
Hubert Reeves :
Je ne suis pas pessimiste.
Je suis alarmé et très inquiet.
Mais dans le même temps, il y a un renouveau à l’échelle mondiale.
En fait, le rapport de forces est assez simple. D’un côté les pollueurs et de l’autre les défenseurs de l’environnement.
Ces deux forces croissent chacune ensemble.
En 2011, les émissions de CO2 ont augmenté de 3%, les outils qui participent à la déforestation ou ceux utilisés pour la pêche sont démesurés et on a des signaux très négatifs.
Mais en face de cela, dans le même temps, des forces de réaction sont nées, on ne peut plus les ignorer aujourd’hui.
Heureusement, elles prennent de l’importance.
À partir de là, la question principale est de savoir à quoi ressemblera notre planète dans 30 ans, et à cela nul ne peut répondre.
Nous devons sans cesse continuer à appuyer les forces qui tendent à améliorer la situation mais, dans 30 ans, la situation peut être bien pire ou bien meilleure.
J’ai des enfants et des petits-enfants.
Si moi je ne suis plus là dans 30 ans pour voir l’état de la planète, eux ont toutes les chances d’être encore en vie, et je me fais du souci pour savoir dans quel monde ils vont vivre.
Lorsque je regarde ce qui a changé aujourd’hui, je suis forcé de constater que les deux parties ont monté en puissance.
Je ne suis donc pas pessimiste et je pense qu’il faut être déterminé à continuer cette lutte, tout en ne sachant pas qui va l’emporter.
Humanité Dimanche :
Avez-vous des solutions pour limiter la destruction de notre environnement, pour inverser la machine?
Hubert Reeves :
Les solutions, tout comme la situation, sont connues.
Par exemple, le mois dernier, la revue Science montrait les subventions accordées aux différentes énergies : renouvelables et non renouvelables (fossiles).
L’article montrait qu’aujourd’hui encore, et ce depuis plusieurs années, les subventions accordées pour les énergies fossiles sont sans commune mesure avec celles délivrées pour les énergies vertes, renouvelables.
Le discours selon lequel il n’y a pas d’argent pour les énergies renouvelables ne tient plus.
L’article montre s’il en était encore besoin qu’il s’agit bien d’un choix politique, d’un choix de société.
Maintenant il faut identifier les subventions qui aident à améliorer la situation et arrêter celles qui l’empirent. I
l y a là une véritable action à mener.
Mais il ne s’agit là que d’un exemple, il existe tout un tas d’autres solutions et l’idée est d’arriver à les appliquer!
Et pour cela, il faut faire du lobbying à la façon de nos ennemis pollueurs.
Mon rôle n’est pas de m’inscrire dans un parti politique mais bien de mettre la pression sur ceux qui ont le pouvoir.
Il faut diffuser les actions, supporter les bonnes idées, féliciter les bons projets, faire savoir quand quelque chose de bien est réalisé.
Le Grenelle a été un exemple typique de ce qui peut être fait.
Il y a eu un vrai mouvement pour aller dans le sens d’une diminution des dégâts et pour faire face à la crise.
Les tables rondes sur l’agriculture et la chasse continuent toujours, même si bien sûr il y a eu des échecs.
Un homme politique reçoit des pressions de toutes parts et sa position n’est pas confortable, il a d’autres problèmes à régler, le chômage, la sécurité, la crise, etc.
Il est difficile de se faire entendre mais on y arrive parfois.
Notre principal objectif est de mettre la pression sur les gouvernements pour que leurs promesses électorales deviennent une vraie dynamique militante.
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