Agriculture et alimentation – Va-t-on vers une pénurie de céréales ?

 

   Les informations se suivent et se ressemblent. Malheureusement.

Avec le même leitmotiv : Les prévisions de production mondiale de céréales  sont à la baisse.

 

C’est notamment l’avis des experts de l’International Grain Council (IGC).

Une nouvelle fois, ils ont abaissé leurs prévisions de production mondiale de céréales.

 

Prévisions de production mondiale de céréales à la baisse

 

Côté stock : la production mondiale serait de 1810 millions de tonnes, soit un recul de 36 millions de tonnes.

 

Une baisse de 4,5% des récoltes de blé est également attendue dans le monde.

 

Les productions de la Chine et de l’Inde sont en légère hausse.

Mais  le potentiel d’exportation en provenance du bassin de la mer Noire se réduit.

Cette situation devrait privilégier d’autres origines, notamment les États-Unis et l’Union européenne.

 

Les stocks mondiaux devraient chuter de 29 Mt d’ici fin 2012/2013 à un plus bas niveau depuis quatre ans.

 

Même chose pour les estimations de production de maïs : le bilan de campagne 2012/13 s’est aggravé.

 

Les États-Unis, premiers producteurs mondiaux, frappés depuis la mi-juin par la sécheresse estiment que leur production nationale devrait chuter de 50 Millions de tonnes à 300 Millions de tonnes.

Et dans le même temps, les experts estiment que la consommation mondiale de maïs devrait progresser globalement de 1% par rapport à l’an passé.

 

Ce qui ferait reculer les stocks de fin de campagne à un plus bas depuis six ans.

 

Or, aux USA, le maïs et le soja sèchent sur pied.

Les deux tiers des Etats sont touchés par une sécheresse extrême depuis plusieurs semaines, une sécheresse historique, la pire depuis 25 ans.

 

Le spectre d’émeutes de la faim ressurgit

 

Le prix des céréales s’envole et le spectre d’émeutes de la faim ressurgit.

 

En une semaine, les zones américaines touchées ont triplé, 60% du territoire sont affectés par cette canicule.

La terre meurt de soif, l’eau est rationnée tant dans l’agriculture que dans les ménages.

 

La situation inquiète le monde entier puisque les Etats exportent plus de la moitié du maïs consommé sur la planète, un quart du blé, et un tiers du soja.

 

Pire, la canicule pourrait durer jusqu’en octobre.

 

Résultat évident: les prix flambent, de 30 à 50% pour le soja et le maïs.

 

C’est le même scenario qu’en 2008 qui se répète.

Cette année-là, des émeutes de la faim avaient éclaté dans les pays les plus pauvres.

 

Effroyable jardin agricole mondial

 

Il faut dire que 18 millions de personnes sont déjà sous-alimentées dans le Sahel.

Pour ces personnes, la situation risque de devenir intenable.

 

Seul espoir pour ces populations fragilisées, le riz, qui cette année va atteindre des productions records.

 

En France, depuis fin juin, le prix des céréales grimpe en flèche et la volatilité des cours a de quoi les inquiéter.

Mais le pire est peut-être encore à venir.

Car les éleveurs ont fait face en 2011 à une hausse de 15,2 % de leurs dépenses en alimentation animale. Et ce n’est pas fini.

 

La hausse des exportations européennes et la spéculation due à la sécheresse aux États-Unis et en Russie sont pour beaucoup dans cette envolée des prix.

 

Enfin, notons que le port de Rouen a enregistré une baisse de 26% de ses exportations de céréales sur la campagne 2011/2012 qui s’est achevée fin juin.

La France a toutefois maintenu son rang de premier exportateur européen.

 

Effroyable jardin agricole mondial…

 

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3 Commentaires sur

Agriculture et alimentation – Va-t-on vers une pénurie de céréales ?

  • Hervé BoismeryNo Gravatar |

    Il convient de rappeler que la réforme de la Politique Agricole Commune européenne, engagée depuis une dizaine d’années, a entraîné une forte diminution, voire une quasi-disparition des stocks régulateurs en Europe (« Buffer Stocks »)au profit d’une action presque exclusive des mécanismes du marché.
    L’Europe n’a plus les moyens d’agir sur les cours mondiaux.
    Entre-temps, la demande céréalière des pays émergents continuent d’augmenter (notamment la Chine et la Russie, pays qui n’a pas encore réussi à surmonter le marasme agricole consécutif à l’effondrement de l’URSS).
    Surtout, les zones Afrique du Nord, Moyen-Orient et Afrique subsaharienne s’enfoncent dans une crise écologique majeure avec la sécheresse et la raréfaction de l’eau,tandis que s’aggrave leur dépendance alimentaire. En Afrique, seule l’Afrique du Sud s’affirme comme une puissance agricole et parvient à dégager des excédents vivriers.
    Dans ces conditions, les prix ne peuvent que connaître une tendance haussière, encouragée par les mouvements spéculatifs sur des marchés de titres.
    Il faut en effet savoir qu’il est possible de spéculer sur les biens alimentaires qui font l’objet de cotations mondiales sur des marchés à terme (« futures »).
    Ces marchés fonctionnent comme des marchés boursiers et contribuent souvent à une instabilité des cours en cas de tension structurelle ou conjoncturelle entre l’offre et la demande (ex: le Chicago Board of Trade pour les céréales).
    Dans ce contexte, les Etats-Unis (ainsi que d’autres pays tels que l’Australie ou la Nouvelle-Zélande) conservent une « arme alimentaire » d’une portée considérable, constituée par des stocks provenant de leurs excédents productifs.

  • anonymeNo Gravatar |

    bien vu : vous tiriez la sonnette d’alarme il y a déjà deux semaines. vos inquiétudes avaient des raisons d’être:
    Face au risque de pénurie alimentaire liés à la sécheresse, la France et les Etats-Unis se déclarent prêts à réunir le Forum de réaction rapide du G20, notamment en cas de dégradation sur les marchés des céréales et du soja.
    ce qui est en train de se faire,
    on va probablement vers des émeutes de la faim; quant aux spéculateurs, ils sont tranquilles personne ne va venir les embêter

  • Béret vertNo Gravatar |

    L’Afrique aurait grand intérêt à développer ses cultures vivrières. Pour cela il faut des ingénieurs agricoles. hélas, les Africains qui le peuvent préfèrent venir en France étudier le droit ou le commerce.

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