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2011
Quand les multinationales affament les peuples
Catégorie : Agriculture, DÉVELOPPEMENT DURABLE
Sur France 3, mercredi dernier, dans l’émission « Pièces à conviction », les journalistes ont mené une enquête sur « le business de la faim ».
Les reportages étaient accablants.
Au fil des images et des rencontres, on a pu s’apercevoir que le secteur alimentaire était devenu le nouveau terrain de jeux des spéculateurs en tous genres.
La hausse des prix, c’est en partie de leur faute, et les petits producteurs, eux, continuent à s’appauvrir et à voir leurs terres rachetées par des investisseurs sans scrupule.
Cela concerne toute la planète.
De la France au Brésil en passant par le Mozambique.
Au Mozambique, par exemple, on a joué la carte de l’agrocarburant.
La culture du jatropha chasse les cultures vivrières.
Et c’est le groupe Tereos, présent à La Réunion, qui est partie prenante de cette culture du jatropha.
La multinationale laisse les terres les moins riches aux fermiers, se réservant les plus fertiles, ou celles qui sont déjà irriguées.
Doit-on rappeler que le Mozambique est loin d’être un pays riche, qu’il a connu des émeutes de la faim, et toute une série de phénomènes climatiques graves ?
Pourtant le pays est potentiellement riche, puisque sa surface agricole est supérieure à celle de la France.
Mais les autorités mozambicaines ont décidé de se tourner vers la production de carburant vert.
Et ainsi de conclure des accords avec des groupes spécialisés (comme Tereos), et avec la bénédiction (et l’appui financier) de l’Europe.
Reportage après reportage, la vérité est apparue : de la logique alimentaire, on est passé à la logique financière.
Faire du profit envers et contre tout.
Y compris si le profit s’accompagne de la mort de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes, qui sont sous-alimentés et meurent de faim.
La question est aussi de savoir si, dans de telles conditions, dans un tel contexte où la finance règne en maître, la planète pourra nourrir les 9 milliards d’humains qui la peupleront vers 2050.
Certains ne croient pas à cette possibilité.
Quitte à proposer une limitation du nombre des naissances.
D’autres, comme l’ONG Oxfam, tirent la sonnette d’alarme.
Oxfam a lancé une vaste campagne mondiale
« qui devrait s’étaler sur quatre ans va être lancée par tous les réseaux d’Oxfam.
Elle vise à construire un discours plus global sur les problèmes alimentaires et agricoles mondiaux ».
Le constat de l’ONG est simple :
« Aujourd’hui, notre monde produit suffisamment de nourriture pour tous.
Pourtant, plus de 900 millions de personnes – un humain sur sept dans le monde – ont faim ».
Et de poursuivre :
« En 2050, nous serons plus de 9 milliards d’habitants, avec le changement climatique et l’épuisement des ressources naturelles dans certaines régions, il va falloir changer notre manière de cultiver ».
L’ONG appelle les Etats à « résister (ndlr : à cette marchandisation de l’alimentaire) et à réguler, corriger, protéger et investir. Les citoyens doivent exiger cette détermination de leur part ».
Un si long chemin vers la liberté…
le G20 parle de la volatilité des prix des produits alimentaires
c’est pour la frime…. rien de concret, toujours la logique du profit
G20, G8 …. Europe… personne ne semble prendre en compte la gravité et l’urgence de la situation
Les produits de base (notamment alimentaires) servent de support à des titres cotés sur des marchés à terme (marchés de « futures ») à caractère spéculatif. La moindre turbulence (climatique par exemple) entraîne une amplification des cours sur les marchés de titres, à la hausse ou à la baisse, par des manipulations financières complexes créatrices de « bulles ». On spécule sur les céréales comme avec n’importe quel titre boursier, en sachant toutefois qu’il existe une tendance haussière fondamentale.
Il va de soi que les consommateurs sont totalement désarmés et qu’il peut en résulter des situations brutales de disette voire de famine, notamment dans des pays fortement dépendants des importations ou qui renoncent à leurs productions vivrières traditionnelles afin de promouvoir les exportations.
Les organisations internationales (FAO et OMC) ont failli a leurs missions et du reste préfèrent ignorer le phénomène. Quant à l’Europe, le démantèlement de la PAC ne va évidemment pas dans le sens d’une régulation des marchés mondiaux.
Dans son passionnant essai (« Le triomphe de la cupidité »-2ième édition), le prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz analyse ces phénomènes avec pertinence.
@Jean-Jacques
pour compléter votre analyse: un article du Monde qui interviewe Pierre Jacquet, chef économiste de l’Agence française de développement. titre de l’article:
« Les pays du G20 doivent se parler pour éviter la panique en cas de crise alimentaire ». A lire
http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/06/22/pierre-jacquet-les-pays-du-g20-doivent-se-parler-pour-eviter-la-panique-en-cas-de-crise-alimentaire_
A lire aussi
Comment Goldman Sachs a provoqué la crise alimentaire
Goldman Sachs a créé un indice boursier sur les matières premières qui a déstabilisé le système. Et après la crise de 2008, les investisseurs se sont tournés vers ce secteur, contribuant ainsi à la formation d’une «bulle alimentaire».
http://www.slate.fr/story/39483/goldman-sachs-provoque-crise-alimentaire
j’ai achete de la limande (poisson) en filets congelés dans un grand supermarché ce samedi..Arrivée à la maison, en regardant mon ticket de caisse, j’ai vu qu’il etait precisé « limandes du Japon ».Avec ces problemes de radioactivité, pensez vous que je peux mettre à table ce poisson sans risques?
Je m’adresse à vous, car vous etes au courant de beaucoup de choses qui se passent dans le monde.et aux autres internautes qui lisent ce blog.s’ils peuvent me repondre.
Le Fonds Monétaire International vient de publier son rapport annuel sur les perspectives économiques en Europe, et le moins que l’on puisse dire est que l’avenir paraît bien sombre. Cliquer pour lire un résumé du Rapport du FMI