Politique gouvernementale : « on court à la catastrophe »…

    

 Éric Heyer (Photo IBO/SIPA)   

Je ne résiste pas à l’envie de vous livrer le sentiment de M. Éric Heyer, économiste et directeur-adjoint de l’OFCE (Office français des conjonctures économiques) dans une interview au journal « Les Echos ».

 

Il illustre le décalage qui s’agrandit entre nos gouvernants actuels et les citoyens. Extraits :

 

 » Les programmes d’austérité sont-ils crédibles selon vous ?

 

Est-il crédible de demander à la France de réduire son déficit public de 5 points d’ici à 2013 ?

 La France n’a jamais réduit son déficit de plus de 0,6 point par an, et là, il s’agit de faire un effort correspondant à 1,7 point par an  pendant trois ans !

 

À un moment où la croissance est encore inférieure à son potentiel, c’est-à-dire dans un contexte d’insuffisance de la demande !

S’il ne s’agit pas d’un effet d’annonce de la part des gouvernements, on court à la catastrophe 

 

N’est-il pas indispensable d’assainir les finances publiques des pays de la zone euro ?

 

Il est nécessaire de stopper la dégradation des finances publiques, mais sans pour autant stopper la croissance. 

Il y a apparemment un malentendu sur l’état de la conjoncture.

 

Les gouvernements ont été agréablement surpris par la sortie rapide de récession en 2009.

Mais les conditions d’une reprise durable ne sont pas réunies pour se lancer dans des stratégies de sortie de crise.

 

L’OCDE a bien expliqué qu’après une crise mondiale comme celle qui a éclaté en 2008, le retour à la normale prendrait des années.

Les plans de relance ont fonctionné en Europe mais on est encore dans un contexte où les « multiplicateurs keynésiens » sont efficaces.

 

Multiplier aujourd’hui des politiques récessives va avoir des répercussions dramatiques sur les économies de la zone euro.

Or les efforts que la France s’est engagée à réaliser d’ici à 2013 auprès de la Commission européenne vont amputer la croissance de 1,4 point de pourcentage par an. 

 

Le peu de croissance qu’il restera (environ 0,5 %) ne permettra de réduire le déficit que faiblement et le chômage explosera.

 

Quelle serait la bonne méthode selon vous ?

 

Attendre que la croissance soit franchement de retour avant d’entamer des politiques d’austérité.

On peut arrêter les politiques de soutien, contenir les dépenses publiques et augmenter les impôts mais sans aller jusqu’à rogner la croissance.

 

Il faut cesser de mener des politiques pro cycliques qui aggravent la situation.

Les résultats d’une telle politique sont plus longs mais ils évitent une poussée du chômage qui sera ensuite très difficile à réduire.

 

Se concentrer sur la réduction des déficits publics risque d’enclencher, dans l’état actuel de la conjoncture, une explosion du nombre des sans-emploi. »

  

Voilà qui est clair. A trop vouloir démontrer qu’une politique de rigueur est en fait une politique de relance, on finit en plus, comme la ministre Christine Lagarde, de parler de « ri-lance », contraction des mots rigueur et relance.   

 

En tout cas, les Français ne s’y trompent pas, de plus en plus mécontents de cette politique gouvernementale.

 

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