Social – En France, un jeune sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Combien à La Réunion ?

  Le site Localtis a publié le mercredi 5 décembre 2012 un article écrit par Jean-Noël Escudié, analysant la situation des jeunes.

Elle est catastrophique en France.

 

Elle l’est encore plus à La Réunion !

  

Alors qu’approche la conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale des 10 et 11 décembre, l’Observatoire de la jeunesse et des politiques de jeunesse, mis en œuvre par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), publie sa première production, sous la forme d’un rapport intitulé « Inégalités entre jeunes sur fond de crise ».

 

Un rapport dévoilé lors des rencontres de l’observatoire organisées le 4 décembre au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

 

On en retient bien sûr le fait que près du quart (22,5%) des jeunes de 18 à 24 ans vivent sous le seuil de pauvreté, dont 23,7% chez les femmes et 21,3% chez les hommes.

 

En outre, ce taux a progressé de cinq points depuis 2004.

Une forte dégradation qu’explique l’impact de la crise économique, avec une hausse du chômage qui a touché en premier lieu les entrants sur le marché du travail.

 

Les 16-25 ans représentent ainsi 22% de la population active, mais 40% des chômeurs, avec en outre une progression de 5,6% du nombre de chômeurs de longue durée entre 2008 et 2010.

 

Les écarts se creusent 

 

Même s’ils ne manquent pas d’interpeller, ces chiffres n’ont pourtant rien de nouveau.

 

Ils figuraient déjà dans le dernier rapport 2011-2012 de l’Onpes (Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale) remis au précédent gouvernement en mars dernier.

 

La prégnance de la pauvreté chez les jeunes, sur certains territoires défavorisés, a également été largement traitée dans le récent rapport de l’Observatoire des zones urbaines sensibles.

 

L’intérêt du rapport de l’Injep réside plutôt dans le croisement des données et dans la recherche d’une approche globale des difficultés des jeunes et des écarts entre catégories.

 

Il existe ainsi, dans les différents aspects de la pauvreté, un noyau dur constitué des 15% de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi : les NEET selon la terminologie européenne, autrement dit « Neither in employment, nor in education and training ». 


 

L’autre élément frappant, qui découle directement du chiffre précédent, réside dans le creusement de l’écart entre les jeunes diplômés et ceux dépourvus de tout diplôme.

 

Alors que les premiers finissent globalement par s’insérer – avec des délais sensiblement plus longs que dans la génération précédente -, les seconds affichent un taux de chômage de 46% chez les 16-25 ans.

 

De même, le taux de pauvreté est de 10% chez les diplômés du supérieur, mais de 30% chez les non diplômés.

 

Un dysfonctionnement du système social ? 

 

Si la crise économique a joué son rôle dans cette situation, il faut bien constater qu’elle ne peut tout expliquer : des pays aussi ou davantage touchés que la France présentent en effet de meilleurs résultats que l’Hexagone, qui figure en ce domaine parmi les derniers de la classe européenne.

 

Francine Labadie, chef de projet Observatoire à l’Injep et coordonnatrice de l’étude, voit ainsi dans ces mauvais résultats le signe d’un dysfonctionnement du système social français.

Elle estime en effet que,

« plutôt que de privilégier l’indépendance du jeune, via des aides directes, l’Etat providence français favorise les solidarités familiales pour sa prise en charge.

Partant, ces grands enfants se voient refuser l’accès à des droits sociaux universels ».

 

On pourrait y ajouter – comme le font nombre d’économistes et de sociologues – l’efficacité du système français de protection des « insiders » (les salariés en poste).

 

En 2008-2009, ceux-ci ont été très largement épargnés par les licenciements, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres Etats européens.

 

Mais le contrecoup a été une réduction drastique dans l’insertion des jeunes sur le marché du travail.


La seule prestation sociale qui s’adresse spécifiquement aux jeunes en difficulté d’insertion est aujourd’hui le RSA jeunes.

 

Mais, comme l’avait expliqué dans une interview au Journal du Dimanche du 2 décembre, Marie-Arlette Carlotti – la ministre déléguée à la Lutte contre l’exclusion -, « le RSA jeunes est un échec. Martin Hirsch tablait sur 130.000 bénéficiaires, ils sont moins de 9.000 ».

 

RSA jeunes : une réforme bientôt annoncée ? 

 

Le RSA jeunes est « un dispositif qui a été pensé pour surtout ne pas être utilisé », a de même fustigé le 4 décembre la ministre de la Jeunesse, Valérie Fourneyron, en clôturant les rencontres organisées au Cese.

 

« Les conditions d’accès à ce minimum social sont évidemment en cause », a-t-elle déclaré.
 

 

« La question de l’accès des jeunes à leurs droits sociaux devient un impératif », résume pour sa part le Cese, rappelant qu’il avait adopté en juin un avis intitulé « Droits réels, droits formels, comment améliorer le recours aux droits sociaux des jeunes » dans lequel son auteur, Antoine Dulin,  préconisait un assouplissement des critères du RSA jeunes.


 

L’un des rapports de préparation à la conférence contre la pauvreté des 10 et 11 décembre prône précisément lui aussi le « déverrouillage progressif des conditions d’activité pour l’accès au RSA des moins de 25 ans ».

 

Il est donc très probable que le gouvernement annoncera une refonte de ce dispositif lors de cette conférence.


Valérie Fourneyron a par ailleurs rappelé qu’un comité interministériel de la jeunesse se réunirait début 2013.

 

Elle a indiqué que parmi les autres réponses à apporter à la jeunesse, certaines étaient déjà « en réflexion », évoquant des droits accrus pour les jeunes chômeurs, un droit à la formation tout au long de la vie pour tous ou encore un accès simplifié à la couverture maladie universelle (CMU).

 

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