Décryptage de mon intervention lors de l’émission Gran’matin sur Radio Réunion Première

image  Je vous livre ci-dessous le contenu des échanges sur Radio Réunion Première lors de l’émission Gran’Matin où j’étais l’invité en tant qu’ancien président de l’IRT, interrogé par Isabelle Hoarau et Gaël Le Dantec. Bien sûr, sans changer le contenu des messages, j’ai tenté de retranscrire le plus fidèlement possible les interventions en évitant les excès du langage parlé, avec queques précisions entre parenthèses.

image  Isabelle Hoarau – La démission de Jacqueline Farreyrol est-elle un aveu de l’échec de la politique de l’IRT ? La suppression des départements est-elle une bonne chose pour La Réunion ? Peut-on exister politiquement sans le soutien d »un parti politique ? Pierre Vergès est votre invité, Gael Le Dantec.

image  Gaël Le Dantec – Pierre Vergès, bonjour…

Pierre Vergès – Bonjour…

Gaël Le Dantec – Merci d’être avec nous ce matin…

Pierre Vergès – Merci à vous…

Gaël Le Dantec – Vous avez été lors de la mandature précédente au Conseil Régional président de l’IRT, dont vient de démissionner la sénatrice Jacqueline Farreyrol. Elle dit vouloir se consacrer à la chanson, mais elle évoque également des difficultés du secteur et notamment de la crise requin. Est-ce qu’elle a eu raison de démissionner ?

Pierre Vergès : Je pense qu’au moment où on va achever une mandature, démissionner à quelques mois de la fin de celle-ci me paraît un peu surprenant, surtout quand c’est pour évoquer la nécessité d’être plus disponible au sénat.
Je laisse à chaque citoyen le soin de consulter le site du Sénat pour voir si elle est effectivement très présente et très active.

Gaël Le Dantec : Est-ce que c’est un aveu du coup de son échec à la tête de l’IRT ? Comment vous analysez cette démission ?

Pierre Vergès : Je pense que toutes les initiatives qu’on peut prendre au plan touristique ne valent que si ces initiatives sont accompagnées de résultats.
Ces résultats sont fixés par un institut qui est l’INSEE et qui donne les chiffres de fréquentation touristique.
Après une progression qui a suivi une crise très grave, qui était la crise du chikungunya, cette progression a culminé en 2010 mais c’était à peine à l’arrivée de Didier Robert qui a fait effectivement état de sa volonté de relancer le tourisme, qui est allé à Montélimar pour être consacré roi du nougat.
Mais en tout état de cause ces chiffres…

Gaël Le Dantec : Ce n’est pas une bonne idée d’être à Montélimar pour y être consacré roi du nougat ?

Pierre Vergès : J’aime bien le nougat, mais être consacré roi du nougat, je ne sais pas si ça apporte beaucoup pour le tourisme.
En tout état de cause, les chiffres étaient de 471 000 et ils sont redescendus de 55 000.
Une dégringolade qui a amené…

Gaël Le Dantec : La crise requin est passé par là ?

Pierre Vergès : Pas seulement. La crise requin a bon dos.
Je ne dis que ça ne joue pas.
Je pense que sur le plan de la communication, il n’y a en tout cas pas eu la constance dans la démarche, qui consistait à faire refléter une image très positive sur les chaines de télévision.
Ça a été en 2009 une campagne qui a coûté assez cher, parce que les campagnes sur les chaines de télévision nationale, ça coûte.
Mais cela nous a rapporté aussi…

Gaël Le Dantec : Ça a coûté combien ?

Pierre Vergès : Grosso modo, on en était à 1 million 200 000 euros je crois, quelque chose comme ça, mais subventionné aussi par le FEDER, c’est-à-dire l’Europe.
C’était une démarche à mon avis positive, parce que ça ne dure pas longtemps, mais les gens sont souvent « scotchés » devant leur télévision.
Et ça a marqué manifestement, puisque les campagnes de notoriété là-dessus ont donc été très positives.

Gaël Le Dantec : Les campagnes d’affichage qui sont actuellement en cours notamment dans le métro parisien, ce n’est pas une bonne idée ?

Pierre Vergès : Oh je ne sais pas si l’image en plus est bonne. Certains disent qu’on aurait peut-être dû placer la rame un peu plus haut, que ça aurait donné un peu plus « d’exotisme » et « d’africanisme ». Je dis ça sous forme de boutade.

Gaël Le Dantec : Vous faites référence à cette affiche où on voit une femme avec une pagaie entre les dents…

Pierre Vergès : Bon, heureusement que ce n’est pas un requin qui tient la pagaie.
Je veux dire qu’il faut quand même bien voir que l’on a toujours discuté du positionnement de La Réunion.
Moi je pense, que contrairement à de nombreux territoires, on ne peut pas réellement connaître La Réunion s’il n’y a pas une connaissance de la population au-delà de son territoire.
Et on a cette possibilité d’avoir un tourisme authentique, cultuel, culturelle, et à l’intérieur de l’Île surtout.
Ce qui ne veut pas dire que l’on tourne le dos à la mer.
Mais l’on a quand même des difficultés de gestion sur le plan maritime à cause notamment de la présence, plus importante comme l’a souligné la Préfecture, de squales.
Je crois qu’il est difficile à partir de ce moment-là de lutter contre ça.

Gaël Le Dantec : Il faut arrêter de faire la promotion de la plage, de la mer ?

Pierre Vergès : Sur ce plan-là, comme je l’ai dit, on « joue en division 2 » par rapport à d’autres pays qui ont des plages paradisiaques, qui ont en plus « l’accompagnement » de cela.
Quand on a l’expression « sea, sex and sun », ce n’est pas une expression galvaudée, c’est un peu ce que recherchent les gens, non seulement la mer, la plage, la fête, le soleil.
Je crois qu’à La Réunion, on n’est pas dans cet état.

Gaël Le Dantec : On continue de parler tourisme, mais également de réformes institutionnelles et de politique avec les questions des auditeurs après le journal. Pierre Vergès, vice-président du Conseil général est avec nous. Vous pourrez réagir également sur l’actualité dans un instant. Auditeurs, on attend vos questions au 99 20 00.

Isabelle Hoarau : C’est Pierre Vergès qui commente avec nous l’actualité ce jeudi. Quand il parle tourisme, notre invité reconnait que la crise requin nous a fait du mal, mais pour lui la communication aussi a sa part de responsabilité dans la baisse de fréquentation des touristes. Pierre Vergès répond à toutes vos questions ce matin sur la Première.

Gaël Le Dantec : Pierre Vergès, vous êtes vice-président du Conseil général. Au-delà du report des élections, il y a aussi cette suppression des départements. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Pierre Vergès : Suppression des départements ? Je crois qu’on vient de donner notre avis – sans que le gouvernement n’en ai tenu compte – sur le problème du découpage des cantons…

Gaël Le Dantec : Et qui du coup n’a plus lieu d’être…

Pierre Vergès : Oui. Comme quoi, si on avait pu finalement éviter ça, cela aurait été pas mal. Mais peut-être que les élections municipales sont passées par là.
En tout cas, c’est ce qui se dit, et ce qui apparaît, c’est que compte tenu des résultats et de l’échec des municipales, on essaye de trouver des formules permettant de justifier un report électoral. C’est comme ça que les gens l’entendent.

Gaël Le Dantec : L’idée de faire des économies en supprimant quelques-uns des étages du millefeuille administratif, ce n’est pas une bonne idée ?

Pierre Vergès : J’ai eu l’occasion de le souligner.
Premièrement, il n’y aura pas d’économies en ce qui concerne le personnel, à moins de l’annoncer, et dire que l’on va mettre dehors du monde. De toute façon, je ne le crois pas puisque c’est du personnel statutaire.
Deuxièmement, faire des économies dans des domaines sur lesquels travaillent des élus et des administratifs, je n’y crois pas. Que l’on transfère à une seule collectivité ou pas.
Par contre, ce que je sais, c’est que si tous les pouvoirs étaient concentrés entre les mains d’une seule collectivité, et de certains élus, je ne voudrais viser personne, je vois combien parfois le gaspillage peut être immense.
Et s’il n’y a pas des contre pouvoirs, combien ça peut faire des dégâts importants dans tous les territoires, notamment insulaires.

 image Gaël Le Dantec : Pierre Vergès, vous le disiez tout à l’heure, l’Europe finance par exemple des campagnes de promotion touristique de La Réunion. On a parlé des quotas sucriers, de l’agriculture. C’est important ces élections ? On a l’impression que ça semble loin des préoccupations.

image  Pierre Vergès : Cela semble loin des préoccupations puisqu’effectivement les gens sont confrontés à des difficultés sociales très fortes, à des problèmes de chômage ou autres, et pensent que ce n’est pas l’Europe qui peut résoudre les problèmes.
Donc, ils placent ça au second rang, alors que l’Europe est très importante puisqu’elle intervient dans des infrastructures qui sont financées et nécessaires pour la croissance économique d’un pays.
Le problème est que des aspects essentiels pour que l’Europe soit dans un cadre plus intégré n’ont pas été pris en compte.
Je parle de l’harmonisation sociale, de l’harmonisation fiscale.
Résultat : quand il y a des délocalisations dans d’autres pays européens, on râle parce qu’on dit que c’est notre pays qui est menacé.
Il y a encore cette idée nationale, ce sentiment patriotique mais qui se rajoute au sentiment national qui pose des problèmes que l’on voit surgir comme celui du Front national.

Isabelle Hoarau : La démission de Jacqueline Farreyrol de la présidence de l’IRT fait toujours parler…

Gaël Le Dantec : Pierre Vergès, retourner à la musique, est-ce que cela veut dire que c’est une charge trop lourde d’être président de l’IRT ? Votre souvenir à ce poste, c’est lequel ?

Pierre Vergès : Ecoutez, il y en a qui sont pour le « désir d’avenir, elle, elle est pour le « désir de revenir ». A chacun sa voie.
En ce qui me concerne, je pense que c’est effectivement une tache très lourde, mais il faut la prendre à cœur, et mesurer la portée de ce que l’on fait.
Et quand on prend une initiative pour aller aux Seychelles, et qu’on est défendu par le ministre seychellois parce que la conseillère régionale qui est dépêchée là-bas n’arrive pas à montrer combien La Réunion a des atouts formidables, notamment pour montrer ce qu’on a fait pour le Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce que représentent les pitons, cirques et remparts…
On va à Adélaïde et on dépense près de 400 000 euros, quels retours sur l’Australie ?
On parle des visas facilités depuis l’Afrique du Sud. On a obtenu enfin, c’est vrai, je le reconnais, et c’est une bonne chose pour La Réunion, et il n’y a pas eu que le combat…

Gaël Le Dantec : Est-ce que ce n’est pas quelque chose que vous auriez pu obtenir avant ?

Pierre Vergès : Je signale que j’ai refusé de signer une charte de destination touristique. Ça a fait un peu de « boucan » à l’époque, parce qu’on (l’Etat) ne voulait pas accepter qu’il y ait une approche beaucoup plus conséquente de l’accessibilité de La Réunion par une facilitation de la délivrance des visas.
Je ne voit pas alors pourquoi on va s’orienter vers un « embrassons-nous fol ami », alors même qu’on ne tient pas compte d’une chose, c’est l’ouverture des marchés à La Réunion.
Et pour l’Afrique du Sud, on me dira demain quelle est la politique menée par l’IRT au niveau de la communication pour attirer une clientèle qui a soif de nature, avec quand même en plus à La Réunion, aucune « bestiole » venimeuse ou prédatrice.

Gaël Le Dantec : Avant d’aller au standard, une autre question à propos de l’IRT. Est-ce que le prochain président, ou présidente, doit être plutôt un politique ou plutôt un technicien ?

Pierre Vergès : Je pense que le problème ne se pose pas en ces termes.
De toute façon, la gouvernance a été faite de telle sorte que ceux qui apportent l’argent ont la responsabilité de cette politique. Sinon, cela serait incompréhensible.
Par contre, il faut que le management soit tel que des délégations importantes soient attribuées à des personnes qui, dans des domaines précis, connaissent leur métier.
Je ne veux pas parler que de la grande hôtellerie, je veux parler aussi de l’hôtellerie traditionnelle créole, ou encore de ceux qui interviennent de manière importante dans les chambres d’hôtes, les fermes auberges ou les gîtes.
C’est surtout là-dessus, s’appuyer sur une équipe à qui on donne des responsabilités.
Et on ne dit pas « c’est comme ça, on aura tant d’argent pour les salons, on va se balader aux Seychelles ou ailleurs ».

Gaël Le Dantec : On va au standard.

Isabelle Hoarau : Oui, Marie, du Port. Vous composez le 0262 99 2000. Bonjour Marie.

Marie : Bonjour, c’est Marie, du Port, je pose une question à Mr Vergès concernant les élections municipales qui viennent de se terminer. Pourquoi on n’a pas vu votre personnalité ? Cela aurait fait un changement de la donne si vous étiez aux côtés du PCR au Port. Et une autre question, pourquoi votre suppléante n’a pas été elle-même présentée ? Ça aurait changé la donne. Je crois que votre suppléante était mieux placée. Qu’en pensez-vous, Mr Pierre Vergès ?

Pierre Vergès : Je dis à Marie que cette question devrait être posée à ceux qui avaient la charge de conduire la campagne au Port.
Et en ce qui me concerne, je me suis expliqué, dans quel état j’ai été pour me retirer, prendre du recul.
Grosso modo, on pourrait dire qu’on m’a « foutu dehors ».
L’ancien maire a « foutu » son prédécesseur dehors, par « crise de confiance ».
Quand c’est dit comme ça, cela veut dire qu’il n’y a plus rien à en retirer. J’en prends acte.
J’en ai averti le PCR et sa direction, qui a estimé que c’était un problème « personnel » entre l’ex-maire du Port…

image  Gaël Le Dantec : Jean-Yves Langenier…

Pierre Vergès : et moi. J’ai estimé que c’était fondamentalement un problème politique.
Il y a eu un désaccord là-dessus.
Cela a été un des motifs qui me conduisent aujourd’hui à dire au PCR « et bien, écoutez, bon vent, bonne route, moi, je ne suis plus avec vous ».

Gaël Le Dantec : Vous restez fâché avec le PCR ?

 image Pierre Vergès : Ce n’est pas être fâché. C’est leur façon d’agir.
Je souhaite qu’ils aient raison.
Je pense que ça vient en contradiction avec leurs appels au rassemblement quand il y a des intérêts supérieurs pour La Réunion.
A ce moment-là, il y a peut-être à ménager les ego, les susceptibilités, en tout cas les personnes à qui l’on s’adresse pour pouvoir se rassembler.

Gaël Le Dantec : Vous avez toujours un emploi à la mairie du Port ?

Pierre Vergès : Je suis toujours fonctionnaire, mais en surnombre. Donc, on ne m’utilise pas.

Gaël Le Dantec : Vous êtes donc payé à ne rien faire ?

Pierre Vergès : Je suis payé à ne rien faire à la mairie. C’est dommage, je trouve.
Le nouveau maire, je comprends qu’il puisse avoir des interrogations, puisque j’ai été au Cabinet de l’ancien maire.

Gaël Le Dantec : Quels rapports avez-vous avec Olivier Hoarau ?

Pierre Vergès : Je n’ai pas de contacts avec Olivier Hoarau. Il est suffisamment pris pour que je m’adresse à son directeur de cabinet.
Et puis voilà, son directeur de cabinet prend acte de cette situation et puis c’est tout.
Moi, à partir de là, j’ai suffisamment de travail en tant que vice-président délégué non seulement à l’agriculture, mais également aux transports du Département pour ne pas m’embarrasser de cette situation.
Je dis simplement à Marie que c’est dommage.

Gaël Le Dantec : C’est quand même un salaire qui vous arrive…

Pierre Vergès : Ecoutez, je suis fonctionnaire, donc dans une situation statutaire comme tout fonctionnaire.
A moins qu’on fasse une loi faisant en sorte que les fonctionnaires soient « foutus dehors » quand on ne veut pas les utiliser.

image  Isabelle Hoarau : Georges, de Saint-Benoît. Bonjour Georges.

Georges : Premièrement, au sujet de cette affaire de Sainte-Rose (en fait, c’est Saint-Leu, dans le secteur de Bois Blanc), et ensuite sur le secteur du tourisme. Le monsieur en question (Thierry Robert, député-maire de Saint-Leu, avait parlé de « déportation » des habitants, devant la volonté de l’Etat et de la Région d’implanter une carrière dans ce secteur pour extraire des matériaux à utiliser pour la Nouvelle route du littoral, remettant alors en cause l’opération de résorption de lhhabitat insalubre – RHI – prévue pour les habitants) il doit bien regarder le dictionnaire Larousse. Le mot « déportation », c’est pour la déportation d’une population. C’est lorsqu’il s’agit de goulags, de camps de la mort…

image  Gaël Le Dantec : Vous parlez de Saint-Leu, du quartier de Bois Blanc ?

Georges : Voilà, le mot déportation, ce sont les camps de la mort. Ensuite, c’est dans les goulags soviétiques à l’époque, où il y avait des travaux forcés à perpétuité.
Pour le tourisme, le problème à La Réunion, c’est que nous sommes peut-être le N°1 mondial du tourisme « alterné ».
C’est le tourisme où on pourrait faire de la plage et ensuite de la montagne, mais en l’espace d’une heure, ou d’une demi-heure.
On peut le faire du côté de Saint-Pierre avec la Plaine des Cafres. C’est unique au monde.
D’après un géographe, j’ai appris qu’il n’y a que le Sri Lanka et la Nouvelle Zélande qui possèdent les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire des plateaux de 1200 mètres (d’altitude) proches des plages.
Nous avons la Plaine des cafres – Saint-Pierre, Tévelave – L’Etang Salé ou du moins Les Makes – L’Etang Salé, Tévelave – Saint-Gilles, Dos d’Ane près de La Possession.

Gaël Le Dantec : Merci Georges. C’est vrai, Pierre Vergès, on revient à la même remarque.

image  Pierre Vergès : Je n’ai rien à ajouter à ce qu’il dit.

Gaël Le Dantec : Comment communiquer ?

Pierre Vergès : Oui, c’est comment communiquer. Mais aussi, c’est extraordinaire, parce qu’on a des micro-climats à La Réunion. Tout le monde le sait.
On change de paysages en faisant le tour de l’île.
Et on a des caractéristiques qui sont différentes aussi au niveau des populations.
C’est là-dessus qu’il faut s’appuyer.
Et bien sûr, comme il le souligne, les plages, ou plutôt le littoral maritime et la montagne.
Littoral maritime, parce que je veux bien que l’on considère seulement Saint-Gilles et ses plages, ou Saint-Pierre.
Mais il n’y a pas que la plage, il y a aussi la mer.
Du côté de Sainte Rose, c’est magnifique. Même si la mer est un peu plus houleuse. Je pense qu’on peut utiliser ces deux aspects.

Isabelle Hoarau : Bonjour Max, de Saint-Denis.

Max : Bonjour, sur le tourisme, je trouve que cela fait 50 ans que l’on tourne autour du pot. Effectivement, on a énormément de richesses, énormément de potentiels qui pourraient attirer des touristes à La Réunion.
Mais tant que l’on restera à petit niveau artisanal, en faisant un petit salon, en mettant un samoussa, un ananas, une bouteille de rhum à Paris, ce n’est pas comme ça que l’on pourra attirer les touristes à mon avis.
Il faut déjà créer une compagnie régionale qui va aller dans toutes les grandes capitales du monde chercher ces gens-là, créer des structures pour aboutir à plusieurs dizaines de milliers de chambres d’hôtels, faire de l’industrie touristique.
Vous savez, quand vous êtes dans les grandes villes dans le monde, par exemple à Johannesburg, vous allez dans une agence de voyages et vous allez voir toutes les destinations du monde, l’Inde, l’Île Maurice même.
Mais jamais vous n’allez entendre parler de La Réunion.
Comment voulez-vous qu’un touriste vienne à La Réunion si on lui parle jamais de La Réunion, si on ne lui donne pas un avion pour venir ici, un hôtel pour y séjourner.
Alors, soit on veut rester dans les petites chambres d’hôtes, les petits trucs, comme je dis « artisanal », sans être péjoratif, mais petits, soit on veut créer une grosse industrie touristique avec des professionnels, avec de gros moyens.
Enfin, Air Austral, excusez-moi de la nommer, est en train de diminuer les destinations, même les destinations françaises. Il y a des villes françaises qui ne sont plus desservies.
Comment voulez-vous que les touristes connaissent La Réunion ?
Les requins, ce n’est pas un problème.
Si on leur donne des 5 étoiles aux touristes, des palaces, ils viendraient voir les cirques, les pitons.
S’il y a des gens capables et des moyens, on peut avoir une très grosse industrie touristique

Gaël Le Dantec : Merci Max. Est-ce qu’on peut passer à une échelle industrielle au niveau du tourisme à La Réunion ?

Pierre Vergès : Moi, je dis attention à vouloir copier les autres. L’Île Maurice connaît des problématiques, notamment environnementales, mais aussi sociales…

Gaël Le Dantec : Le lagon commence à être dégradé…

Pierre Vergès : Exactement. A mon avis, nous on joue sur le long terme.
C’est la même démarche que l’on retrouve pour la stratégie maritime.
On a des difficultés parce que l’Île Maurice s’est adaptée, parce qu’ils n’ont pas 36 000 contraintes réglementaires.
Mais il se trouve que nous avons des atouts pour l’avenir en terme de qualité, de performance et de sécurité, pour ne citer que ces éléments de la politique portuaire.
Donc, sur le plan touristique, il ne s’agit pas de dire « allez, on va vous donner plus de moyens, ou allouer une subvention », comme le prévoit la Région pour des hôtels, quand de toute façon, les contraintes sont telles qu’il n’y a d’investissements.
Donc, n’allons pas refaire le Monde. Je sais bien, comme pour le football, ça passionne, on a x milliers de sélectionneurs.
Je crois qu’il faut s’en tenir à une chose : la loi de l’offre et de la demande.
Et sur ce plan-là, si l’on veut avoir une chance, il faut saisir l’authenticité de la nature réunionnaise, avec son Patrimoine mondial de l’Unesco.
Et sur ce point, trouver des assouplissements aux règles parfois trop strictes fixées par des scientifiques ou autres, qui cherchent certes à protéger la biodiversité, mais sanctuarisent parfois tellement le territoire du Parc national que cela posera des problèmes pour les activités touristiques.

Isabelle Hoarau : Aïcha, de Saint-Denis, a aussi des choses à dire. Bonjour Aïcha.

Aïcha : Bonjour. A La Réunion, on a la chance d’avoir tout sous la main. On a la préparation du BTS de tourisme à Saint-Paul.
Comment se fait-il que l’on rate le coche à chaque fois qu’il y a des bateaux de croisière qui touchent La Réunion ? Ça me fatigue.
Et je ne comprends pas pourquoi alors que l’on sait quand ils arrivent.
On peut préparer à l’avance vraiment tout pour les accueillir, et ainsi faciliter la connaissance de La Réunion, utiliser les étudiants qui parlent anglais, allemand, italien, pour leur donner des informations intéressantes.

Gaël Le Dantec : Merci Aïcha. A l’époque où vous étiez président de l’IRT, est-ce que cette question était déjà un problème ?

Pierre Vergès : Oui. C’était traité au niveau du « Club Croisière » par Mr Paul Caro, qui représentait la Chambre de Commerce de La Réunion.
Déjà, un premier aspect : on a choisi le terminal où est déchargé le charbon. Bon, ce n’est peut-être pas le meilleur cadre.
Mais je signalerai qu’à Split, en Croatie, ce n’est pas terrible. Pourtant, il y a quand même du monde.
Donc, ne nous focalisons pas sur un handicap.
Par contre, c’est vrai, quand des touristes veulent être acheminés, soit par taxis soit par bus ou autres, c’est la galère.
Cela montre bien qu’il y a aujourd’hui à changer le système qui consiste à des avantages acquis, à des pré-carrés, qui font que l’on ne peut pas bouger.
On a par exemple un aéroport ici où les bus ne peuvent pas acheminer les personnes (voyageurs et accompagnants) parce qu’il y a une situation à préserver par rapport à d’autres activités professionnelles. Je parle là des taxiteurs.
On a demandé une réunion. On attend cette réunion avec la direction de la société aéroportuaire. Ceci pour montrer que ce n’est pas facile parce qu’on est obligé de ménager les susceptibilités, les intérêts professionnels ou catégoriels des uns et des autres.

Gaël Le Dantec : Donc ce n’est pas gagné cette histoire.

image  Pierre Vergès : Ben oui, c’est un long chemin, et pas un long fleuve tranquille.

Gaël Le Dantec : Merci d’avoir été avec nous Pierre Vergès, vice-président du Conseil général et ancien président de l’Île de La Réunion Tourisme.

Pierre Vergès : Merci, et bon 8 mai.

Gaël Le Dantec : Merci, et bonne journée.

Le lien pour écouter l’émission :

http://reunion.la1ere.fr/emissions-radio/invite-de-gran-matin

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