Tourisme – Le tourisme ultramarin sous la loupe des experts !

 

   Dans quel état est le tourisme ultramarin ? Et plus spécifiquement celui des Antilles ?

C’est à  cette question que devait répondre Alain Bodon, inspecteur des finances. Il a reçu un ordre de mission de la ministre de l’outre-mer en février dernier, suite aux déclarations de Sarkozy, en déplacement en Martinique pour y présenter ses vœux aux ultramarins.

 

Alain Bodon devait produire un rapport sur « la situation financière des hôtels de Guadeloupe et Martinique », lesquels ont été «gravement secoués par la crise internationale et le conflit social de 2009».

Ce n’était pas seulement une question ultramarine, puisque les ministères du budget et du tourisme étaient concernés.

 

Conjointement, les trois ministres ont décidé de prolonger la mission, après la remise d’un rapport d’étape.

Selon les chiffres donnés par le ministère,

« Le médiateur a visité 103 établissements hôteliers au cours de sa mission et des solutions financières, totales ou partielles, ont été trouvées pour 50 hôtels en Martinique et 25 en Guadeloupe ».

 

Pour Marie-Luce Penchard,

« la démarche retenue a été très appréciée des professionnels, car elle était basée à la fois sur des visites de terrain dans l’ensemble des structures hôtelières et des réunions de travail ciblées sur le cas de chacune d’entre elles, réunissant tous les partenaires concernés ».

Ah bon, parce que ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, d’habitude ?

 

Des réponses adéquates ?

 

La ministre rappelle que

« L’objectif prioritaire de cette mission consistait à identifier les faiblesses, notamment financières, du secteur de l’hôtellerie antillaise et d’y apporter les réponses adéquates pour améliorer son attractivité et sa compétitivité, au travers d’un suivi individualisé et personnalisé des professionnels ».

Est-ce à dire que la suppression de l’abattement de 30% sur les bénéfices ne va pas s’appliquer à toutes les structures hôtelières, mais s’appliquera ou non en fonction de la situation ? Ou de l’île d’appartenance ?

 

Car le rapporteur met en avant

«  les trajectoires contrastées des établissements hôteliers de la Guadeloupe et de la Martinique, traduisant les difficultés que rencontrent certains, mais aussi les potentialités dont tirent profit les autres »

Alors, quelles autres solutions pourrait proposer Alain Bodon ?

 

Penchard lui conseille de s’appuyer

«  sur l’ensemble des dispositifs mis en place, en particulier les dispositifs de moratoires ou d’effacement de dettes sociales et fiscales prévus dans la LODEOM et dans le CIOM ».

 

Alors là, chapeau ! Dire que les solutions passent par la mobilisation des dispositifs mis en place ! Bon, encore faudrait-il que tous les dispositifs soient accompagnés des décrets d’application qui vont avec, ce qui n’est pas toujours le cas.

 

Pointage des faiblesses … de tous !

  

C’est d’ailleurs ce que souligne le rapporteur :

« Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des dégrèvements « taxe professionnelle/taxe foncière », en raison de la parution tardive des textes d’application, des problèmes informatiques rencontrés et de l’interprétation parfois faite de l’information diffusée sur les procédures à mettre en œuvre».

 

Autre pavé dans le jardin du ministère :

« En outre, des problèmes résultent des effets pervers de la défiscalisation, (…) il est difficile, voire impossible de retrouver tous les propriétaires, ce qui bloque certains projets d’évolution des établissements en cause».

Voilà au moins quelque chose qui apporte de l’eau au moulin anti défisc de la ministre !

 

La suite du communiqué du ministère est édifiant :

« Les établissements hôteliers guadeloupéens et martiniquais pourront continuer à bénéficier d’un interlocuteur unique, mobilisé sur leurs problématiques, pour favoriser la reprise de la destination, qui bénéficie déjà de la mise en place de la nouvelle liaison aérienne depuis Roissy Charles de Gaulle, conformément aux engagements pris par le Président de la République ».

Ce qui veut dire : ces pauvres hôteliers (et les chambres consulaires et syndicales de tourisme) sont trop nuls pour pouvoir gérer une situation à plusieurs interlocuteurs !

 

Mais des vrais problèmes, le ministère n’en parle pas

 

Pourtant, des phrases du rapport sont significatives :

« Il existe très souvent en effet un vrai problème au niveau de la qualité du management qui s’est traduit au fil des années par de grandes carences en matière d’investissements d’entretien et de rénovation, en matière de formation professionnelle, de gestion des ressources humaines, de gestion financière, en matière de gestion technique des établissements et en matière de commercialisation qui se sont ajoutées aux réels problèmes de concurrence avec d’autres destinations liés aux différentiels de charges et de salaires ».

 

Autre élément pointé du doigt par le rapporteur :

« les hôteliers s’en remettent pour leur commercialisation à des tours-opérateurs pour qui les Antilles ne constituent pas toujours une destination de promotion prioritaire, ce qui explique un taux de remplissage sur l’année pouvant être de seulement 30 ou 40% ».

Et sous l’impulsion de qui ?

 

Enfin, la mission préconise «d’étudier les demandes exprimées dans le cadre d’un nouveau modèle économique de l’hôtellerie qui prendrait en compte les situations particulières de la Guadeloupe et de la Martinique, et intégrerait tous les axes d’actions susceptibles d’être mis en œuvre».

Si ce n’est pas de la langue de bois tout ça, ça y ressemble.

 

La mission propose également « le soutien de certaines filières, comme la croisière, la plaisance, le tourisme d’affaires, de nature, de patrimoine, ou la création d’un festival de jazz ou d’une biennale d’art moderne ».

Le soutien à la plaisance ? Combien de bateaux pourrissent dans les marina, achetés uniquement pour la défiscalisation ? 

Le jazz et l’art pour développer le tourisme ? Pourquoi pas ?

 

À propos, a-t-on des nouvelles du rapport de mission de Didier Robert ?

 

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2 Commentaires sur

Tourisme – Le tourisme ultramarin sous la loupe des experts !

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    la vraie question n’est-elle pas de savoir POURQUOI la mission a été reconduite?
    si le bilan est fait, que les solutions sont trouvées, à quoi sert la mission?
    si c’est de l’appui, cela veut dire que les institutions ne sont pas capables d’assumer leurs responsabilités
    et c’est là un tout autre problème

  • TipimanNo Gravatar |

    A La Réunion, on a aussi des experts, voilà ce qu’ils proposent pour le développement du tourisme réunionnais (pris sur un autre site)

    d’élaborer une stratégie de développement du tourisme à court et moyen terme. Dans son rapport de 2010, l’INTA fait le constat que la crise économique et la montée du chômage imposent de trouver rapidement des relais de croissance. Le secteur du tourisme s’avère être un domaine adapté au potentiel et aux besoins locaux.

    L’objectif visé à l’horizon 2015 est d’augmenter significativement le chiffre d’affaires et l’emploi liés au tourisme, par une augmentation du nombre de voyageurs et par un saut qualitatif dans l’offre de produits. Le cap de 600.000 touristes est un défi collectif à relever.

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