Ne pas faire le bien des gens malgré eux ; et plus que jamais, les associer pour construire autrement

image Robert Hue vient de publier aux éditions L’Archipel un essai intitulé « Les partis politiques vont mourir… et ils ne le savent pas ». Pour l’ancien secrétaire général du Parti Communiste Français, ces organisations sont « de plus en plus éloignées de ce que vivent au quotidien nos concitoyens et de leur souffrance, et de plus en plus minées par les guerres d’appareil ».

Pour lui, cela explique l’abstention massive et le vote pour les extrêmes.

De ce fait, il est urgent de prendre acte de ce message, de mesurer la gravité de cette situation, et de faire de la politique autrement.

Pour le sénateur, de nouvelles constructions collectives doivent redonner sens à l’action et confiance aux citoyens. Cela exige d’en « finir avec la pyramide des ego, les antichambres de pouvoir et les technostructures ».

Il lui parait indispensable de solliciter des personnes sincèrement engagées à penser et agir, en individus libres mais concernés par l’intérêt général.

Ce constat s’applique, me semble-t-il, à l’action publique menée par les élus. Les media ont aussi leur part de responsabilité dans le choix éditorial que leurs responsables opèrent.

Ce constat est indéniablement partagé par un grand nombre de citoyens.

Il s’agit alors d’en prendre des exemples concrets. Pour ma part, m’en tenant à l’actualité réunionnaise, je prendrai trois exemples.

Pour la Région, faire le bien des acteurs touristiques et culturels… malgré eux !

Didier Robert avec les représentants d'Air Mauritius Le premier exemple concerne le tourisme et la culture.

La majorité régionale de Didier Robert vient de décider de l’attribution d’une subvention de 300 000 euros à l’association Horizon Outremer.

Cette association est censée devenir la future troupe musicale « ambassadrice de la culture réunionnaise ».

Pour le JIR, cette initiative est « déjà la cible de toutes les critiques ». On comprend aisément que les critiques puissent émaner des rangs de l’opposition à l’équipe de Didier Robert.

Là où c’est plus grave, c’est que la grogne monte dans le monde culturel lui-même.

Tout d’abord, l’argument selon lequel « lors des salons et autres campagnes de promotion, on se heurte souvent à des problèmes de non-disponibilité des troupes existantes », dixit Maryse Doki-Thonon, directrice du service du tourisme à la Région, ne tient pas :

D’une part parce que dans les salons, les professionnels cherchent plutôt les contacts avec leurs homologues se retrouvant sur les stands, dont celui de l’IRT. Et ce n’est pas la prestation d’une troupe, parfois « invitée » par les organisateurs des salons à « faire moins de bruit », qui va « booster » la fréquentation du stand.

D’autre part, la Région et l’IRT seraient bien inspirées de recenser les artistes qui pourraient se rendre disponibles, le coût total cumulé de leurs prestations étant sans nul doute bien loin des sommes dédiées à cette troupe Horizon Outremer créée ex nihilo. Je ne citerai , à titre d’exemple, que le nom d’une artiste, Emilie Minatchy, qui est déjà sur place, dans l’hexagone.

Les acteurs culturels ont fait donc part dans le JIR de leur mécontentement. Le JIR écrit à ce propos que « Notre interlocuteur (comme d’autres) a demandé à s’exprimer de manière anonyme, par crainte d’être « grillé » au niveau de la Région où des demandes de subventions de son association sont en cours d’instruction ». Terriblement évocateur de l’esprit étroit qui règne chez les « seigneurs et maîtres » de la Pyramide inversée.

Parmi ces artistes mécontents, Maximin Boyer, acteur culturel et auteur de l’emblématique « Kaskavel », note sans se cacher dans le JIR, que « d’autres chantiers sont prioritaires dans le domaine culturel ». Et il ajoute que  » « L’avis des professionnels doit être pris en compte dans toutes les décisions qui les concernent ».

Ce serait faire preuve de manque d’objectivité de ne pas reconnaître que, par le passé, des initiatives prises ont pêché par manque d’implication des personnes concernées, parfois au premier chef. Mais comme le souligne l’adage : « errare humanum est, perseverare diabolicum », « l’erreur est humaine, persévérer est diabolique ».

Ainsi, d’accord ou pas avec l’opportunité d’une telle troupe, il aurait été plus juste de solliciter l’ensemble des acteurs culturels concernés afin que ces derniers construisent cette troupe collectivement. Mais ce n’était sans doute pas là l’intention des décideurs de la Région.

Quant aux acteurs touristiques, j’ai déjà eu l’occasion de m’entretenir avec certains d’entre eux. Et un problème est évoqué de manière récurrente : la faiblesse de la signalétique touristique sur tous les territoires de notre Île.

Une signalétique adaptée sur toute l’île : voilà une priorité !

IRT campagne de promotion 2009 tourisme  Voilà ce que je soulignais déjà le 15 mai 2014 à une question de Maëlys Peiteado, journaliste à Zinfos974 : « Si vous étiez resté président de l’IRT, quelles auraient été les autres priorités au-delà de ce que vous avez exposé tout à l’heure ? »

« La priorité majeure était de consolider ce qui a été fait, avec l’objectif d’un lien plus fort avec tous les acteurs, privés comme publics.

Ensuite un travail de mise en valeur des territoires aurait été urgent.
A La Réunion, dans un milieu insulaire contraint, mais qui regroupe des populations qui se connaissent et se côtoient, nous avons la possibilité de mettre en avant les identités de territoires.

La région Est ne ressemble pas à celle du Nord, ni à celle de l’Ouest ou du Sud.
Où sont les panneaux qui pourraient indiquer les “portes d’entrée” de l’Est, de l’ouest, du Nord ou du Sud ?

Les messages et images sur ces panneaux auraient nécessité bien sûr un travail professionnel de design.

Cette démarche aurait justifié qu’il y ait une signalétique adaptée et généralisée sur tout le territoire.

Aujourd’hui, vous avez des structures d’hébergement ou de restauration, à vocation culturelle ou de loisirs où, pour y accéder, c’est un parcours du combattant. Ce n’est pas normal.

Et l’argument de dire que le public ne va pas faire la publicité de la localisation de ces structures privées ne tient pas. D’abord, ce sont des acteurs touristiques qui font connaître le territoire, et ensuite qui font marcher l’économie.

Il faut donc une signalétique adaptée sur toute l’Île permettant d’accéder à ces structures, hôtels, restaurants, chambres d’hôtes, gîtes ou autres fermes auberges, et de ce fait favoriser leur mise en valeur.

Ce travail, c’est vrai, nécessite une coordination, doublée d’une certaine détermination de la part de l’IRT et de la Région, des différents acteurs, notamment institutionnels, car les communes ou les communautés d’agglomération auxquelles elles appartiennent, ont à gérer d’autres priorités.

Il faut faire preuve de persuasion pour que “fleurisse” une signalétique qui soit agréable et laisse un meilleur souvenir aux touristes.

Cette signalétique, qui concerne aussi les routes des hauts de l’Île, aurait pour effet d’atténuer l’impression d’errer, ou de prendre trop de temps pour arriver là où on veut aller.

L’objectif est de rendre encore plus agréable le trajet, au-delà des paysages… et de la route bien sûr, à regarder.

Ce travail ne peut être fait sans l’accord de la Région pour les routes nationales, du Département pour les routes départementales, et des communes pour les voiries communales.

Cette signalétique cohérente vantant les identités de territoires et leurs structures aurait été un challenge que j’aurais aimé relever. » (http://blog.pierreverges.fr/economie-2/tourisme-2/entretien-du-15-mai-avec-zinfos974-la-retranscription-integrale?preview=true&preview_id=23369&preview_nonce=07b506dd0e#sthash.8oT7WfKL.dpuf)

Mais là encore, la Région et l’IRT préfèrent faire le bien malgré nous…

Tourisme et affirmations : arrêter avec les approximations !

Didier Robert Il s’agit du deuxième exemple. Décidément, la majorité régionale de Didier Robert est sur tous les fronts pour prendre des initiatives « décalées » des réalités pourtant cruelles en matière touristique.

Ainsi consacre-t-elle près de 899 000 euros de subvention, soit une augmentation d’environ 150 000 euros comparé à l’enveloppe de 2013 (633 000 euros dont 10 000 euros seulement en investissement) à la Fédération Régionale du Tourisme (FRT) dans le but de “structurer l’accueil touristique aux portes d’entrée de la destination Réunion ainsi que l’animation et la professionnalisation des acteurs du réseau”.

Mais c’est surtout l’argument de Azeddine Bouali, président de la FRT, qui vaut son pesant de cacahuètes. Il justifie les dépenses relatives à l’embauche de « sept conseillers séjours et les 12 animateurs numériques territoriaux (ANT*) payés au Smic amélioré » en affirmant que « C’est peu pour accueillir près de 450 000 touristes par an en anglais, mandarin, espagnol, italien, allemand, malgache, en seychellois… ».

Près de 450 000 touristes ? Il me semble que la quasi-totalité relève du tourisme affinitaire… venu de la France hexagonale. Ce qu’il ne faut pas avancer pour justifier les dépenses somptuaires, ou à tout le moins clientélistes !

Rendre compte en permanence de son action !

imageimage Et voilà le troisième et dernier exemple. Je voudrais ainsi par contraste évoquer avec vous le projet de nouveau réseau Car jaune, qui, mieux vaut tard que jamais, sera mis en service avant la fin de cette année.

Les transformations issues du nouveau plan départemental des transports (PDT) vont projeter les usagers, actuels et futurs, vers un nouvel horizon, pour aller plus vite et plus loin, parce que le Département nous rapproche.

Cela n’a été rendu possible qu’avec la participation active des autorités organisatrices de transports urbains (AOTU) que sont la CIREST, la CINOR, le TCO, la CIVIS et la CASUD.

Car si le Département se repositionne sur sa vocation, à savoir la desserte expresse et rapide d’un point à un autre, ou plutôt d’une ville à une autre, il est indispensable que les AOTU prennent le relais afin d’assurer la desserte locale qui ne sera plus assurée par le réseau Car jaune.

Pour l’usager, cela signifie toujours disposer de solutions pour aller là où il veut aller, et si cela nécessite des correspondances assurées par le réseau local, qu’il ne paie pas une deuxième fois, puisqu’il lui sera offert la possibilité d’abonnement à des tarifs modiques.

L’information bien en amont de la mise en service du nouveau réseau Car jaune est donc fondamentale. Elle l’est d’autant plus que les usagers des réseaux locaux sont aussi concernés.

Les derniers échanges que nous avons avec les services des AOTU permettent de mieux nous préparer à ce changement qualitatif (voir à ce sujet mes autres articles sur ce blog).

Mais dès le 19 novembre 2013, la Présidente du Département avait adressé aux responsables de l’ensemble des media un courrier qui en substance les informait de notre disponibilité pour fournir toutes explications utiles à la bonne compréhension de la formidable modernisation des réseaux de transports collectifs du fait de la mise en place du nouveau réseau Car jaune.

Peut-être que les problèmes qui ne manqueront pas de surgir, comme lors de la mise en place de n’importe quel réseau de transport, vont alors susciter plus d’intérêt médiatique. Mais le risque encouru est alors que la dictature de l’urgence médiatique aidant, il sera exigé une réponse courte pour un problème complexe, rattaché d’ailleurs à un dispositif global nécessitant une approche moins superficiel et furtif. C’est bien là la grande difficulté à s’accorder sur la démarche conjointe au profit de l’opinion.

Quoiqu’il en soit, nous restons bien entendu à la disposition des media. La leçon à retenir est du reste qu’un projet mené par une institution doit faire l’objet d’une information la plus complète possible afin que le public concerné se l’approprie du mieux possible. C’est ce que j’ai essayé de faire en donnant le maximum d’informations relatives à ce projet sur mon blog.

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