Tourisme : et si on faisait preuve d’innovation pour un tourisme de territoires ET de populations

SEO_croatie Vous savez sans doute que depuis quelques semaines, je suis invité à participer à l’émission « Point de vue », animée par Pierrot Dupuy sur Antenne Réunion Radio.

Cette émission à laquelle je participe a lieu tous les mercredis, de 7h45 à 9h30.

Lors de celle d’hier, mercredi 18 septembre 2013, j’ai évoqué la nécessité d’une lisibilité dans la politique du tourisme à La Réunion.

Je me suis appuyé, pour illustrer mes propos, sur l’exemple de la Croatie.

Je vous suggère un article paru sur le site du journal La Croix, qui donne un aperçu de ce qui fait le succès du tourisme de ce pays des Balkans, entrecoupés de remarques en italiques de ma part précédés du titre « Mon commentaire« .

Bonne lecture !

 

LE TOURISME, FLEURON DE L’ECONOMIE CROATE     

 

Village d’Orasac, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville très touristique de Dubrovnik. Seul le chant des criquets rompt le silence dans ce village paisible installé sur les hauteurs. Entre les murets de pierre et la végétation méditerranéenne, des escaliers mènent à la route principale puis à une petite plage de galets avec ses gros rochers et quelques bateaux amarrés.

En face, l’eau turquoise de la mer Adriatique et une petite île rappellent la tranquillité et le charme de la côte croate à l’état brut, à l’écart des grandes villes comme Split ou Dubrovnik.

 

Mon commentaire : il ne s’agit pas de comparer les eaux de la mer Adriatique avec les nôtres, aujourd’hui problématiques du fait de la présence de requins. Mais à chaque territoire ses atouts, et nos majestueux espaces intérieurs montagneux ne retrouvent pas beaucoup d’équivalent dans le Monde. D’ailleurs, nos « pitons, cirques et remparts » ne sont-ils pas classés « Patrimoine mondial de l’humanité » par l’Unesco ?

 

Son cadre idyllique, ses prix bon marché et sa proximité – quelques heures à peine par vol – des grandes capitales européennes, font que les parents de Djana n’ont aucun problème à louer leurs chambres l’été. « Regardez autour de vous ! C’est parfait, non ? » sourit la jeune mère de famille.  » On a commencé il y a cinq ans et ça marche de mieux en mieux. On est inscrits sur plusieurs sites Internet (dont un français), le bouche à-oreille fonctionne bien. En tout cas entre juin et septembre. »

 

Mon commentaire : le problème est là, présent, et le restera si des mesures exceptionnelles ne sont pas prises.

L’Europe, il y a quelques décennies, sur initiative de politiques locaux, appuyés par l’Etat, ne reconnaît-elle pas notre Île comme faisant partie des RUP, régions ultra périphériques, qui peuvent bénéficier de dispositifs d’aides particuliers du fait des handicaps permanents de ces territoires insulaires (sauf la Guyane) européens, comme l’éloignement par exemple.

À ce sujet, le principe de continuité territoriale trouve une application adaptée telle pour l’archipel des Canaries, RUP espagnole, que les prix des billets d’avion sont très abordables. Les touristes, anglais notamment, viennent ainsi nombreux y séjourner. Mais il faut reconnaître que cette RUP bénéficie du soutien de l’Etat espagnol.

À quand un soutien équivalent du gouvernement français pour que soit accepté le principe d’un fort soutien financier destiné à baisser fortement le prix du billet d’avion entre les territoires européens, à commencer par l’Hexagone, et La Réunion ?

Car l’ensemble des acteurs économiques et politiques reconnaissent que le tourisme est un axe important du développement économique. D’ailleurs, le tourisme avait été reconnu comme un des DAS, domaines d’activités stratégiques, consacré dans le PR2D, plan réunionnais de développement durable, document approuvé sous la mandature régionale 2004-2010.

 

Du nord au sud de la côte croate, depuis l’Istrie et jusqu’à Dubrovnik, les panneaux « chambres » s’enchaînent le long des routes : en plus des hôtels et campings, nombreux sont les habitants à faire chambre d’hôtes durant la saison estivale.

« Cela ne nous permet pas d’en vivre toute l’année, mais c’est un bon complément de revenus, surtout quand on a déjà le terrain ou une maison vide », assure Djana.

 

Mon commentaire : dans une île comme La Réunion, où les opportunités de développement ne sont pas légions, voilà une possibilité qui pourrait être offerte à de nombreux réunionnais qui, de ce fait, pourraient y trouver un complément de revenu.

De plus, même si une baisse du prix du billet d’avion était envisageable, comme indiqué dans mon commentaire précédent, cette baisse ne serait pas exceptionnelle. Cet état de fait devrait nous conduire à offrir aux touristes potentiels un choix plus important en terme d’hébergement à des coûts abordables.

J’ai souvent souligné que la « marque de fabrique » réunionnaise était l’osmose entre la population et les territoires. Quoi de plus normal alors de développer un tourisme s’appuyant sur des hébergements de type « familial » ?

 

LA CULTURE TRADITIONNELLE MISE EN AVANT     

 

Quelques maisons plus loin, Mato et son épouse font aussi chambre d’hôtes. « On loue une partie de la maison aux touristes depuis le milieu des années 1980. C’est comme une tradition dans la région. »

Après la guerre (1990-1995), le tourisme a peu à peu repris, avant de considérablement se développer ces dernières années.

 

Mon commentaire : comme on le constate, nous ne sommes pas les seuls à avoir connu des périodes difficiles. Et si l’épidémie de chikungunya a été dévastatrice, cette période douloureuse ne peut être comparée à celle qu’ont connu les Croates avec la guerre.

 

Finaud, Mato a eu l’idée de faire visiter son atelier de production d’huile d’olive. « On a une presse traditionnelle vieille de plus de deux cents ans, qui fonctionne à l’aide de notre cheval. »

 

Mon commentaire : à défaut de ces outils traditionnels, notre tourisme pourrait par exemple s’appuyer sur la richesse des jardins créoles dont la diversité est incontestable. Accompagné d’une pause café « péi », une telle pratique de visite serait un plus pour une Île dont la richesse de la biodiversité sont reconnues au niveau national et même international.

 

Ces visites s’adressent en particulier aux groupes de touristes en quête d’authenticité qui, au cours de leur croisière, font un arrêt par Dubrovnik. « On attend un groupe d’Américains cet après-midi, annonce-t-il. Après la visite, ils auront aussi droit à une dégustation de plats traditionnels, c’est ma femme qui cuisine. »

 

Mon commentaire : toutes celles et tous ceux qui ont pu goûter à la cuisine Réunionnaise vous diront que c’est une savoureuse découverte, laissant un souvenir inoubliable. De plus, le même plat Réunionnais est cuisiné de manière différente selon les régions de notre Île. Argument de plus pour développer ce type d’hébergement touristique familial.

 

En 2012, près de douze millions de touristes ont visité la Croatie – trois fois la population du pays. Allemands, Slovènes, Autrichiens et Italiens assurent près de la moitié du nombre total de visiteurs étrangers.

Parmi les destinations les plus prisées figurent l’Istrie, dans le nord du pays, et l’ensemble de la côte dalmate. « On assiste aussi à une demande émergente de la part des pays de l’Est, comme la Pologne », explique à Zagreb Neven Ivandic, docteur en économie à l’Institut pour le tourisme.

 

Mon commentaire : il ne s’agit pas de comparer la Croatie et La Réunion, ne serait-ce que par les constats faits plus hauts dans mes commentaires. Cependant, nous pouvons tirer des enseignements des problématiques auxquels sont confrontés les Croates.

D’abord, préserver et pérenniser autant que faire se peut le volume de touristes en provenance de territoires « fidélisés ». Pour ce qui nous concerne, il s’agit de la clientèle de touristes affinitaires, et de touristes d’agrément, par exemple venus d’Allemagne.

Mais il est important de s’ouvrir vers d’autres marchés potentiels. Et là, se pose encore et toujours, malgré de timides avancées, comme pour les Sud-Africains, le sempiternel problème de la lourdeur de la procédure, et de la durée avant que ne soit accordé un visa pour La Réunion.

 

UN QUART DES TOURISTES CHEZ DES PARTICULIERS     

 

Plus de 11,8 millions de touristes ont visité la Croatie en 2012, cela représente 42 % d’augmentation par rapport à 2002. En 2012, 88 % des touristes étaient étrangers, le tiers étant venus en voyage organisé. Près de 18 % étaient allemands, 10,2 % slovènes, 9,1 % autrichiens, pour 4 % de Français.

Le quart des touristes avaient fait le choix de séjourner chez des particuliers (chambres d’hôtes ou appartements).

Dans le sud du pays, Dubrovnik et sa vieille ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979 est l’une des villes les plus attirantes de la Croatie.

« Ici, la structure des touristes est un peu différente, affirme Jelka Tepsic, de l’office du tourisme de la ville. On a beaucoup plus de Britanniques et de Français ; et énormément de passagers de croisières puisqu’on se trouve à mi-chemin entre Venise et la Grèce. »

En pleine saison, les petites ruelles sont noires de monde. La ville peut recevoir de 200 000 à 300 000 touristes en un jour alors qu’elle ne compte que 45 000 habitants.

 

L’ENTRÉE DANS L’UE : UNE AUBAINE POUR DÉVELOPPER LE TOURISME     

 

Pour fluidifier le tout et rendre le séjour des visiteurs le plus agréable possible, les autorités portuaires ont limité le nombre quotidien de bateaux de croisière accueillis et l’office du tourisme organise de nombreuses excursions d’un jour au Monténégro (dans les bouches de Kotor par exemple), en Bosnie (à Mostar) ou dans des petits villages croates autour de thématiques artisanales comme la production traditionnelle d’huile d’olive chez Mato.

La ville et l’office de tourisme essaient aujourd’hui d’élargir la saison afin de faire venir les visiteurs tout au long de l’année, et non plus seulement de mai à septembre.

« Faire de Dubrovnik une ville pour toutes les saisons reste étroitement lié aux vols directs des compagnies aériennes : les routes ne sont pas très bonnes, et l’autoroute qui longe la côte ne descend pas (encore) jusqu’à nous. De fait, 80 % des touristes qui visitent Dubrovnik viennent par avion. » Jelka Tepsic espère que l’entrée dans l’Union européenne incitera les compagnies aériennes à ouvrir davantage de vols.

Si les habitants reconnaissent volontiers qu’ils fuient la vieille ville l’été – autant pour éviter les masses de touristes que pour ne pas subir les problèmes de stationnement –, ils sont peu nombreux à critiquer vraiment la situation, en tout cas à le faire ouvertement. « Ce serait compliqué de s’en plaindre, reconnaît un marin croate. La ville tout entière vit du tourisme ! »

Les menus des restaurants sont généralement présentés en quatre langues au moins (anglais, français, allemand et italien) ; les agences touristiques sont omniprésentes ; sans oublier les commerces, marchands de glaces et nombreuses boutiques de souvenirs.

 

Mon commentaire : je vois déjà les commentaires d’éternels fatalistes et autres « à-quoi-bonistes » sur le manque de professionnalisme des exploitants de structures d’accueil en ce domaine. Il vaut mieux réfléchir aux dispositions, et aux sanctions, à mettre en place pour toujours tendre vers le meilleur, et arrêter avec la propension à voir le « plus pire », kom di kréol.

 

LE TOURISME, UN SECTEUR QUI NE CONNAIT PAS LA CRISE     

 

Plusieurs lycées et instituts sont également spécialisés dans l’hôtellerie et la restauration pour former les professionnels de demain. « Le seul problème, souligne toutefois Milan Peric, responsable du département tourisme à la mairie, c’est qu’il s’agit aujourd’hui de notre seule activité… alors qu’on n’est jamais à l’abri d’une catastrophe. On devrait essayer de développer un autre secteur d’activité. »

Jusqu’à présent, le tourisme est l’un des rares secteurs de l’économie de la Croatie à avoir progressé malgré la crise. Il représentait en 2012 près de 12 % du produit intérieur brut et 13 % des emplois.

La contribution totale du tourisme (comprenant les secteurs indirects et conséquences induites) dépasse 25 % du PIB. C’est bien plus que la moyenne de l’Union européenne (3 % du PIB, 2,8 % des emplois), que l’Italie (4,8 % des emplois) ou l’Espagne (5,2 %) (1).

« Quand l’économie d’un pays est autant dépendante du tourisme qu’elle l’est en Croatie, avance Rochelle Turner, du Conseil mondial pour le voyage et le tourisme, il faut à la fois protéger ce secteur pour en faire quelque chose de durable mais aussi s’assurer de renvoyer une bonne image du pays en évitant tout ce qui pourrait lui nuire, comme ce qui se passe en ce moment en Turquie ou au Brésil. »

 

Mon commentaire : La culture touristique ne se décrète pas. Elle se secrète, elle se tonifie, elle se bonifie. Encore faut-il que les dispositifs d’incitation et d’encouragement, par des aides financières et des campagnes de communication « grand public », soient mis en œuvre, et que l’allégement des procédures administratives et des contraintes fiscales redonnent un coup de fouet à un secteur qui en a bien besoin.

 

L’entrée du pays dans l’Union européenne devrait ainsi lui faire gagner des points en termes de bonne image, et lui donner une plus grande visibilité. Mais les touristes en provenance de l’UE représentent déjà 80 % des visiteurs actuels, et les autorités ne s’attendent pas à une véritable hausse dans les années à venir.

Elles espèrent, en revanche, davantage de connexions aériennes directes avec les grandes capitales européennes… assez peut-être pour compenser la perte des touristes ukrainiens et russes qui devront, eux, désormais, présenter un visa pour entrer dans le pays, alors qu’ils en étaient jusque-là dispensés.

 

Sophie Guesne

http://www.la-croix.com/Culture/Voyages/Le-tourisme-fleuron-de-l-economie-croate-2013-07-04-982265

 

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2 Commentaires sur

Tourisme : et si on faisait preuve d’innovation pour un tourisme de territoires ET de populations

  • sophieNo Gravatar |

    J’ai eu le plaisir de visiter la Croatie il y a quelques temps. J’ai été hébergée en chambre d’hôtes, en appartement et une fois dans un hôtel 4 étoiles. Autant l’accueil dans cet hôtel, pourtant considéré comme haut de gamme, m’a déçue par sa froideur et son côté impersonnel, autant j’ai été charmée par l’attention chaleureuse des propriétaires des chambres d’hôtes et des appartements, qui étaient toujours disponibles pour discuter, nous indiquer les endroits intéressants à visiter, parler cuisine… Pour moi, la relation qui se crée avec l’habitant, même si elle dure forcément peu, est un plus très important dans la connaissance du pays.

  • ThierryNo Gravatar |

    Voilà un article comme je les aime et des commentaires réalistes et constructifs… A préciser tout de même, concernant les prix des billets d’avion de et vers La Réunion… Chaque billet inclut de 340 à 410 Euros de taxes d’aéroport selon que l’on atterrit ou décolle de Roland Garros ou Pierrefonds… Là aussi il y a quelque chose qui ne « colle » pas…

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