Le développement des relations Réunion/Maurice se fera-t-il par-dessus la tête des Réunionnais ?

 

   À lire, via Internet, la presse mauricienne, on est frappé par deux réalités nous concernant : les fortes perspectives d’un développement des relations entre La Réunion et Maurice,  et l’intérêt que lui accordent nos voisins.

 

Mais, du fait du gouvernement français, ce rebond dans nos relations se fera-t-il par-dessus la tête des réunionnais ?

La visite impromptue du ministre du tourisme mauricien, venu présenter son projet de combiné à destination de Chine, et son invitation à une rencontre à Port-Louis pour le 16 septembre ont été les premiers signes visibles du réchauffement des relations entre les deux îles.

 

Quelques jours plus tard, le Premier ministre mauricien rencontrait à Paris Nicolas Sarkozy et François Fillon.

 

Était évoquée la perspective d’une consolidation de nos échanges et sa visite en tant que Président de la COI était annoncée. 

 

Au cours d’une conférence de presse donnée la semaine dernière il faisait savoir que ses services avaient engagés les préparatifs de ce voyage.


VERS UN MARCHÉ COMMUN RÉUNION/MAURICE ?

 

Il est fortement question d’un « marché commun Maurice Réunion », selon une expression de l’Express de Maurice. Cette configuration devrait favoriser une meilleure intégration régionale.

 

L’idée aurait été soumise par François Fillon à son homologue mauricien.

 

L’ambassadeur de France à Maurice, Jacques Maillard, le confirme lors d’un discours prononcé pour l’installation de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Maurice : 

 

« Il a rappelé que la question a été discuté par les Premiers ministres français et mauricien, lors de la récente visite de Navin Ramgoolam en France », écrit l’Express qui le cite :  

 

« le Premier ministre, François Fillon a parlé d’une sorte de marché commun entre les deux îles. Bien sûr pas le même modèle européen. Mais ce sera un puissant facteur de développement et de croissance ».

 

Entre les deux premiers ministres, « il avait été, entre autres, question de la consolidation des relations commerciales et économiques entre Maurice et la Réunion », précise le journal.


LA DÉMARCHE DE ANNE-MARIE IDRAC

 

En réalité, la première démarche de ce type a été initiée par Mme Idrac à Port-Louis, en mars dernier.

 

La secrétaire française du Commerce estimait que les projets de Maurice en matière de développement, le projet Maurice île durable, la modernisation des  infrastructures étaient de nouveaux champs de coopération à ouvrir entre les deux Etats, mais plus particulièrement, à travers les relations La Réunion.

 

« L’établissement d’un axe fort Réunion- Maurice est enclenché », écrivait l’Express.

Personne ne peut contester la nécessité de développer les relations avec l’île sœur.  

 

Autant nous pouvons être satisfaits des intéressantes perspectives qui s’ouvrent, autant nous avons aussi la désagréable impression que le gouvernement français a décidé de tout entreprendre… par dessus la tête des réunionnais !

 

Le principe même d’une consolidation des échanges a été acté, les domaines dans lesquels celle-ci pourrait s’opérer ont été délimités. Sans notre accord.

 

Il y a un moment où, dans l’intérêt bien compris de tous, il faudra que Paris écoute le monde réunionnais : les collectivités territoriales, les chambres consulaires, les socioprofessionnels de La Réunion. Il ne faudrait qu’ils découvrent un matin, ce qui a été décidé sans eux.

 

C’est la première condition à la réussite de l’opération.


PAS UNE VARIABLE D’AJUSTEMENT !


La seconde consisterait à ne pas se servir de notre île comme une sorte de variable d’ajustement pour des sociétés…métropolitaines !

 

Pour être clair : le marché commun envisagé entre les deux îles ne doit pas servir d’ouverture uniquement sinon essentiellement  à des entreprises hexagonales.

 

C’est le sentiment que nous avons lorsque nous voyonsressurgir l’expression où La Réunion est qualifiée de « vitrine du savoir-faire français ».

 

L’ancien président de la Cour des Comptes, M Philippe Seguin, avait été pressenti pour être la tête d’une liste d’union RPR/UDF/Démocratie libérale aux Européennes de 1989.

 

En campagne dans notre île, il avait été Interrogé par le Journal de l’île, notamment sur la notion de « Réunion vitrine de la France ».

Il en dénonçait le côté suranné et le rôle passif qu’elle attribuait à notre île.

 

Alors que nous avons l’ambition de jouer le rôle  d’une « frontière active » de l’Europe dans notre zone, on est en train de renouer avec les vieux démons.   

 

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9 Commentaires sur

Le développement des relations Réunion/Maurice se fera-t-il par-dessus la tête des Réunionnais ?

  • bilouteNo Gravatar |

    Faire cela dans le dos des Réunionnais n’est pas tres productif…. Paris oublie qu’un Accord aussi large que cela doit se faire en concertation avec le Département… Ce n’est pas gagné d’avance…. et d’ici 2012, les Mauriciens ne vont pas attendre l’inertie des Réunionnais en la matière et avanceront comme ils l’ont toujours fait ! En responsable !

  • ArsinoéNo Gravatar |

    Je vous conseille la lecture d’un article paru dans « le monde diplomatique » (en mars 2010, je crois), écrit par Wilfrid Bertile, ancien membre actif de la COI
    à consulter sur le lien suivant
    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/03/BERTILE/18928

  • EricNo Gravatar |

    Les accords de partenariat économique négociés par la Commission européenne avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) n’ont pas pris pas suffisamment en compte la situation particulière des DOM, qui sont assimilés au reste du territoire de l’Union européenne sans prise en compte ni de leur proximité géographique avec les pays ACP, ni de leurs intérêts propres. Dans quelques temps, La Réunion en subira les conséquences : l’arrivée, par exemple, de la Phénix sur le marché réunionnais peut, à terme, provoquer quelques remous du côté des Brasseries de Bourbon. Et ce n’est pas le seul produit à pouvoir maintenant entrer sans taxe…

  • Bruno 97490No Gravatar |

    Le Sénat avait planché sur la question de l’intégration des DOM dans leur environnement régional. Le délégué général d’EURODOM lors de son audition par les sénateurs déclarait qu’il n’existait pas aujourd’hui de véritable politique européenne d’insertion régionale de ces régions, notamment en termes de débouchés économiques. Il précisait : Ainsi, moins que la question de la souveraineté, c’est surtout la question de la politique européenne à l’égard de l’outre-mer qui fait débat. Et c’est bien de la compétence de l’Europe d’assouplir certaines législations, afin de permettre cette insertion. Il serait complètement stupide de la part de l’Europe de dire « intégrez-vous » et de ne pas faire ce qui est en son pouvoir pour qu’on y parvienne.

  • EricNo Gravatar |

    Il y a aussi des différences dans les pouvoirs d’achat et niveaux de vie des pays environnants. En clair, des pays comme Madagascar ou les Comores figurent parmi les plus pauvres du monde. Ils sont dits « pays les moins avancés » (PMA). Cet état de fait leur permet d’avoir des préférence douanières pour pas mal de leurs productions (à l’exception des armes).

  • ViRGINIENo Gravatar |

    Ce qui est le plus agaçant, c’est que lorsqu’il le veut, l’Etat français lève bien des obstacles. Le projet Méditerranée a bien avancé, non seulement parce qu’il est porté par des hommes qui ont compris l’intérêt des accords à signer, mais parce que ce n’est pas « outre-mer » ; les DOM, les COM, les TOM etc. sont là très souvent pour un affichage : la présence française dans tous les océans (ou presque). Mais une fois cela dit, circulez il n’y a rien à voir.

  • bilouteNo Gravatar |

    Arsinoé, j’ai bien lu l’article de BErtile dans le Monde Diplomatique… mais relis le toi meme, il ne parle pas une seule fois de la coopération entre La Réunion et Maurice…, Faudrait bien un jour qu’on en parle et qu’on laisse pas les autres (PAris… )le faire a notre place. tu en penses quoi ?

  • arsinoéNo Gravatar |

    @Biloute
    c’est bien parce qu’il ne parle pas d’une part de coopération (mais de codéveloppement) et d’autre part, des possibilités ouvertes avec le COMESA, IOR, voire la COI que l’article est intéressant. il serait dangereux de rétablir avec Maurice les relations que l’on a eues avec la France

  • arsinoé (suite)No Gravatar |

    @biloute
    Par ailleurs, le statut de La Réunion (ROM – que je préfère maintenant à DOM….. et RUP) ne lui laisse qu’un champ de manoeuvre restreint (LOOM etc.).
    Il pose cela comme une donnée mais par la suite, il démontre que les élus réunionnais (Paul Vergès, surtout et essentiellement) n’ont pas attendu Paris pour signer des accords.
    Maintenant : La Réunion est-elle prête à revendiquer une plus grande… autonomie ?
    Tu es pour?

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