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2010
Comprendre les blessures enfouies – Esclavage : les noms de la « honte »
Catégorie : OUTRE MERS
Sur le site Agoravox, Baptiste Coulmont présente un ouvrage de Philippe Chanson, anthropologue et théologien, consacré aux noms de la honte donnés aux esclaves des Antilles au moment de l’abolition. Un phénomène connu aussi à La Réunion.
Des noms ridicules ou blessants comme Satan, Négrobar, Dément ou Comestible ont été donnés aux esclaves.
Leur entrée dans la citoyenneté est devenue le « signe héréditaire d’une origine servile », une « blessure » étudiée par Philippe Chanson.
Ce dernier met en cause le « silence public » autour de ce phénomène.
Son enquête a essentiellement porté sur un relevé des noms dans les annuaires téléphoniques locaux.
Une liste de mille huit cents noms est donnée en annexe.
Philippe Chanson, indique Baptiste Coulmont, rappelle les deux théories avancées pour expliquer l’attribution de ces noms blessants :
– La première ressort de l’idéologie où ces patronymes sont donnés au nom de la « stigmatisation raciale systématique stratégiquement mise en place en régime d’exploitation d’êtres humains : l’esclavage ».
Le phénomène était renforcé par l’interdiction de donner aux anciens esclaves des patronymes de blancs.
– Il y aurait, ensuite « une explication pragmatique » : placer devant le défi de donner des noms à des milliers de personnes, très vite débordés, les fonctionnaires de l’état-civil ont inventés des patronymes différents s’aidant de diverses listes, passant de celle de l’insulte à celle des métiers.
Pour Chanson, cette explication ne tient pas la route. Il invite donc à une réparation soit par une « abolition des patronymes honteux » ou dans « une cérémonie ecclésio-civile officielle » de prise de nom.
« Philippe Chanson,La blessure du nom. Une anthropologie d’une séquelle de l’esclavage aux Antilles-Guyane« ,Archives de sciences sociales des religions
Texte consultable en intégralité sur : http://assr.revues.org/19013
L’article de Baptiste Coulmont est, lui, sur : www.agoravox.fr/
Article très intéressant
Cela me rappelle un fait, survenu bien après l’abolition de l’esclavage. A La Réunion, au moment des événements du Chaudron, les forces de (dés)ordre ont utilisé des mini chars anti-émeute. Elles les ont « baptisées ». De quels noms? Anchaing, Cimendef…
Quelle provocation! quel mépris pour les maron, les insoumis.
Continuons notre vigilance. Continue, Pierre, à nous faire lire des articles éveillant notre conscience.
Caprice, Mardi, Amant Bernica, Sénateur, Janvier, etc… Noms extraits au hasard du recensement (1843) de la population esclave appartenant à Anne Ombline Gonnau veuve Panon Desbassayns… Le document complet recense 411 esclaves.
Il me semble que agoravox a copié le texte sans demander l’autorisation à la revue, ni à moi-même. Ce n’est pas très grave, mais il est préférable, il me semble, de faire un lien vers http://assr.revues.org/19013 comme vous l’avez fait, et pas vers agoravox.
Cordialement,
B. C.
cette aproche de l esclavage est terrible.dans toutes les civilisations avoir un nom c est etre un humain.ici le nom n existe pas c est pire ,on denie et on rabaisse . comment l eglise a t elle pu les baptiser…
quelles reparations ,,,,
Depuis 81 sommes libre de choisir un prénom selon nos origines. et que dire des officiers d’état civil qui massacraient le nom des engagés !