État de vigilance « forte réforme » : aux Antilles, le patronat veut débattre de la surrémunération

 

   L’étude de l’INSEE sur les différences de prix entre les DOM et la Métropole, publiée en juillet dernier, a suscité aux Antilles, notamment dans la presse du groupe Hersant (France Antilles Guadeloupe et France Antilles Martinique), un vif débat sur la sur rémunération dans la Fonction publique.

 

Gérard Forgeot, directeur adjoint de l’Insee Martinique, a eu beau mettre en garde :

« l’étude de l’Insee parle uniquement de la différence des prix, elle n’aborde en aucun cas la surrémunération des fonctionnaires ». 

Il n’a pu empêcher les extrapolations.

  

Le 11 août, France Antilles Martinique titrait : « Les prix ne justifient plus les surrémunérations des fonctionnaires ».

Le 18, il revenait à la charge : «Faut-il supprimer ou non les majorations salariales des fonctionnaires ? La question est à nouveau sur la table ».

 

Son homologue de Guadeloupe était plus affirmatif le 16 août : « cette étude(…) , restera – peut-être… dans les annales comme « fossoyeur des 40% ».

 

La presse Hersant rappelle que cette étude a été commandée par Yves Jégo, ancien secrétaire d’Etat à l’outre-mer afin de vérifier « que la sur rémunération des fonctionnaires Outre-mer pourrait être établie sur une réalité des prix ».

 

Des déclarations du patronat, principalement du président du MEDEF-Guadeloupe, Willy Angèle, ont mis le feu aux poudres.

 

Cité par l’AFP il aurait déclaré :

 

« il faudra bien un jour poser la question de la majoration de 40% : c’est une évidence que la surrémunération n’est plus justifiée aujourd’hui par l’écart des prix ».

 

Il avait ajouté que la distorsion au niveau des salaires

« crée un marché particulier : il est dix fois plus attractif pour un jeune de travailler dans la fonction publique que d’essayer de développer son entreprise. Or, pour le développement économique de la Guadeloupe, il faut des entrepreneurs ».

 

Le MEDEF-Guadeloupe essaya de tempérer en expliquant dans une situation de crise,

« évoquer le problème de la prime de vie chère des fonctionnaires n’a rien d’anormal et n’implique en aucune façon une prise de position. Il s’agit de poser un problème afin de trouver des solutions équitables dans l’intérêt de tous. La finalité première demeure le développement économique durable de notre territoire ».

 

Le mal était fait et le débat ouvert.

 

Ce, d’autant plus qu’en Martinique,  un autre chef d’entreprise expliquait qu’il fallait débattre dans la mesure où les 40% versés aux personnels des communes étaient financés en grande partie par les recettes de l’octroi de mer et qu’au final,  ils étaient donc payés par la population de l’île.

 

Les deux journaux ont constitué des dossiers citant énormément de chiffres.

Pour eux,

« les sur rémunérations – majorations et indexations outre-mer – coûtent, en moyenne, à l’État 1,03 milliard d’euros par an, dont 743 millions pour les Dom. En Guadeloupe, le montant des sur rémunérations peut être estimé à 357 millions d’euros ».

  

Cette campagne a vu une levée de boucliers chez les syndicats ou les organisations politiques progressistes.

 Leurs principaux arguments ont été les suivants :

 

1°- La prime de 40 % fait aujourd’hui partie du traitement des fonctionnaires et ne saurait être amputé unilatéralement ;

 

2°- Il faut tenir compte du coût de la vie dans la fixation du SMIC et des minima sociaux par rapport à la France. L’idée d’un SMIC propre à la Martinique a notamment été évoqué.

 

Le débat mérite d’être suivi et appréhendé car il aura nécessairement des répercussions chez nous. Et il faut nous préparer à l’affronter.

 

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3 Commentaires sur

État de vigilance « forte réforme » : aux Antilles, le patronat veut débattre de la surrémunération

  • ArsinoéNo Gravatar |

    La situation est d’une injustice profonde. Si l’on s’en réfère au coût de la vie, il faut que tous les minima soient évalués en fonction de cette information (SMIC, RMI etc.).
    Autre phénomène inexplicable, si l’on considère qu’il faut tenir compte du coût de la vie: des indexations différentes non seulement entre les trois fonctions publiques, mais à l’intérieur même de la fonction publique d’Etat.
    Supprimer les indexations: quels risques pour l’économie réunionnaise? indexer les minima sociaux? l’Etat ne s’y résoudra pas, au vu du déficit.
    c’est à nous, à La Réunion, de trouver une solution EQUITABLE entre TOUS LES REUNIONNAIS, organisations syndicales et patronales, institutions et collectivités locales.

  • Bernard G.No Gravatar |

    je suis sûr que le sujet va encore revenir sur le tapis lorsqu’on va discuter du budget de l’outre-mer et de la France. toutes les années, c’est la même chose. mais aujourd’hui la situation financière de la France est catastrophique. Alors une petite coupe au titre de la suppression des « privilèges » après celle des niches fiscales, c’est possible. de toute façon, on n’entendra pas les ultramarins, dans le concert de protestation général qu’il y a en France.

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    l’instauration d’un SMIC réunionnais, supérieur à celui de France métropolitaine car tenant compte du coût de la vie peut être en soi une bonne idée
    surtout s’il est calculé avec un « coefficient » d’indexation étant celui avec lequel on fixe les rémunérations des fonctionnaires, qu’ils soient de la FPT, de la FPH ou de la fonction publique d’Etat.
    encore que pour les collectivités, notamment le département et les communes, la question va être épineuse, vu que ces collectivités locales sont « o ki »

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