Quel débat sur les rythmes scolaires à La Réunion ?

 

La Conférence nationale sur les rythmes scolaires a remis, le 25 janvier 2011, un rapport d’étape au ministre de tutelle, Luc Chatel. Aucune proposition réelle, mais bon nombre de constats.

 

Certes, c’est bien à partir de constats partagés que l’on peut, ensemble, bâtir un nouveau projet.

 

On devra attendre le rapport final (parution en juin) pour savoir quelles sont ces propositions.

Tout comme on attend la manière dont elles vont être formulées et qui va avoir gain de cause.

 

Car force est de constater qu’il n’y a pas de consensus sur beaucoup de points, sauf un : il faut que cela change.

Comment ?

 

C’était bien l’enjeu du débat.

Mais y a-t-il vraiment eu débat ?


En outre, le rapport note qu’il n’y a, en France, aucun consensus autour des vacances, sauf celles de la Toussaint.

 

Le rapport défend néanmoins l’objectif de se rapprocher le plus possible de « l’équilibre sept semaines de travail/deux semaines de repos », très bon, selon les spécialistes, pour les enfants.

 

À La Réunion, c’est du 6/2 : 6 semaines de cours, deux semaines de congés.

Dans le rapport de synthèse remis, il n’y a aucune mention de l’outre-mer.

 

Pourtant, il y a des conditions extrêmement différentes, non seulement sur le plan du calendrier scolaire, mais aussi sur la manière dont sont prodigués les apprentissages.

Mais cela s’explique très probablement. 

 

Car on peut non seulement s’interroger sur la manière dont a été menée la consultation, mais aussi sur la manière dont a été rédigée la synthèse.


QUELS DÉBATS À LA RÉUNION ?


« En académie, des débats sous diverses configurations : audiences, tables rondes, séminaires académiques ou départementaux, débats en établissement, réunions institutionnelles… » devaient être menés.

 

S’ils ont eu lieu à La Réunion, leur plus grand mérite a été celui de rester dans la plus grande discrétion…

 

On nous dit que les recteurs ont procédé à des audiences de fédérations de parents d’élèves, d’élus, de syndicats d’enseignants, des conseils académiques à la vie lycéenne, etc.

 

Qu’ils ont organisé des tables rondes, des colloques ou des séminaires ouverts à tous.

 

En avez-vous déjà entendu parler ?

300 réunions organisées à La Réunion ?

 

Avec 5.000 participants ?

Mais qui  y a participé ?

 

Quand ? Où ? Comment ?

On en sait pas plus.

 

Quant à la médiatisation : quelques articles dans la presse…


DES CONSTATS… MAIS QUELLES SOLUTIONS AUX PROBLÈMES ?


Le document de synthèse rédigé par les autorités du rectorat de La Réunion mentionne notamment ces points :


• Les pratiques religieuses restent prégnantes et peuvent interférer avec le temps scolaire.

• Dans le premier degré, les enseignants sont favorables à une réduction des vacances, plutôt qu’à l’ajout d’une demi-journée supplémentaire, le mercredi matin ;


• Dans le second degré, cette réduction éventuelle des congés est plus sujette à débat. : en raccourcissant les vacances de l’été austral (décembre/janvier), en allongeant les congés de fin d’année scolaire (hiver austral : juillet/août). (N.B. Ces 2 propositions suscitent des discussions et ne font pas l’unanimité.).

• La question climatique est importante dans l’académie et a des effets sur les conditions de travail.


• Si les problèmes sont bien réels, il apparaît unanimement que la priorité doit rester celle des besoins et des rythmes des élèves. A cet égard, la question des transports scolaires et celle des conditions de travail sont prioritaires ».

• Les « propositions concrètes : Aménager le transport des élèves plus souplement : des horaires de ramassage plus flexibles et modulables selon les emplois du temps ; Aménager les salles de classe (ventilation et isolation) en prenant en compte les contraintes énergétiques.


• Et cette conclusion : « Les aménagements du temps scolaire, pour être opérationnels, nécessitent le soutien des collectivités locales et territoriales : transports, bâti, etc ».


En clair, on veut bien changer quelque chose, mais c’est surtout aux collectivités locales d’êtres les actrices de ce changement. Ben voyons !

Rénover le bâti scolaire avec des dotations gelées ?

 

Mieux organiser le transport scolaire alors que le réseau routier transféré par l’Etat est très contraignant ?

Le vrai problème n’est-il pas justement que ce calendrier scolaire n’est pas adapté à La Réunion ?


N’est-il pas évident qu’il faut chaud en janvier / février et que l’on ne peut pas bien apprendre dans ces conditions ?

 

N’est-il pas évident qu’il pleut parfois beaucoup en janvier /février et qu’on est obligés de donner des journées supplémentaires aux ¾ des scolaires réunionnais parce qu’il y a des inondations ?

 

Pourquoi cette question de la coupure de 6 semaines, au plein milieu de l’année scolaire n’a-t-elle pas été abordée alors qu’il s’agit de favoriser les conditions d’apprentissage et qu’une telle coupure nécessite obligatoirement une « remise en marche d’au moins une semaine ?


Ainsi, tant sur la forme que sur le fond, cette grand’messe gouvernementale sur l’éducation et les rythmes scolaires n’a fait que « plouf » à La Réunion.    

                                                                                                                                                                                                                                                        

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3 Commentaires sur

Quel débat sur les rythmes scolaires à La Réunion ?

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    logique: pour le recteur, il fallait faire « bonne impression », ne pas froisser le gouvernement, sinon adieu la prime !

  • VanessaNo Gravatar |

    un enseignant m’a confié qu’il s’agissait de travailler « sur les rythmes scolaires » et pas sur le calendrier scolaire… j’ai été un peu surpris, ne comprenant pas la différence. Elle est simple: les rythmes, c’est pour l’organisation de la journée et de la semaine, les vacances, c’est sur l’année.
    je n’ai toujours pas compris son raisonnement. la différence est peut être subtile, mais en fin de compte, c’est bien la capacité d’apprentissage de l’enfant qui est en jeu.
    fin janvier, quand mon enfant reprend les cours, il y a une semaine « fichue » (sans compter les jours donnés à cause des fortes pluies etc.) c’est donc bien là une question d’apprentissage : une semaine en moins, pour reprendre le rythme, c’est combien de leçons en moins? et après, comment on fait pour « boucler le programme » car ce prof m’a dit qu’il y avait aussi nécessité de finir le programme

  • GéraldineNo Gravatar |

    C’est un bien beau document de synthèse, bien rédigé.
    Malheureusement, il ne prend pas totalement en compte les conditions particulières de La Réunion.
    Si réellement il y a eu 300 réunions avec 5 000 participants pour arriver à une telle conclusion (si inadaptée parfois, si flagrante d’autres fois), il y a eu sacrée perte de temps…

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