Du RSA au STO

 

Le Revenu de Solidarité Active (RSA) a fait l’objet, depuis sa création, de très nombreuses critiques.

Aujourd’hui, le gouvernement veut le remettre en cause.


La méthode employée est désormais classique : un ministre lâche une idée, le staff présidentiel étudie les réactions, les analyse, les chiffre et opte pour une solution : on temporise ou on enfonce le clou.

Dans le cas du RSA, le gouvernement enfonce le clou planté par le ministre Laurent Wauquiez qui, début mai, avait parlé du « cancer de l’assistanat », en évoquant les attributaires de ce minium de survie.


Ce n’était pas un coup d’essai.

Il y a quelques mois, en début d’année, c’est Pierre Méhaignerie qui s’en était pris aux chômeurs, indiquant grosso modo, qu’ils gagnaient trop.

  

Les propos de Méhaignerie comme ceux de Wauquiez avaient choqué.

Plus sur la forme que sur le fond, d’ailleurs.

Sarkozy et Fillon les ont gentiment « recadrés » en temps et  heure.


Mais l’idée a été lancée. Et ce n’a pas été un tollé général ; c’est d’ailleurs lamentable.

Et c’est probablement en fonction de cela que le gouvernement remet le concept de RSA sur le tapis.

 

Pour les allocations chômage, il semblerait qu’il y ait d’ores et déjà un frémissent dans ce sens.


En interne, au sein de l’UMP, les élus ou militants se livrent au petit jeu de « c’est moi qui ait la meilleure proposition ». Le tout sous couvert de convention sur la « justice sociale ».

Et avec la bénédiction de Jean-François Copé, dont on connaît les idées qui n’ont rien de progressistes.


Toutes ces idées et propositions vont, très bientôt, se transformer en une volonté « présidentielle » de réformer le RSA.

Première remarque : Wauquiez parlait de 5 heures de travail obligatoire. Aujourd’hui, le chiffre qui circule est de 10 heures…

 

Ben voyons ! Avec l’inflation que connaît la France, c’est bientôt à 15 heures de travail que vont être condamnés les attributaires du RSA !


DÉVALORISATION DE CERTAINES PROFESSIONS


Alors, pour faire passer la pilule, les grands communicants de l’UMP et de l’Elysée ont mis l’accent sur le côté social de l’emploi : l’aide aux gramounes, aux jeunes en difficultés, aux illettrés, etc.

Cette attitude révèle un mépris incroyable pour ceux qui travaillent dans ce secteur.

 

C’est une façon détournée de leur dire qu’ils ne font rien.

C’est une manière tout aussi indirecte de dévaloriser leur profession.


Mais cette remise en cause du principe de solidarité (RSA comme allocation chômage), cela ravit la droite pure et dure.

Et Copé surfe sur la vague, en demandant à Marc-Philippe Daubresse, ancien ministre aux Solidarités actives et à Pierre Méhaignerie, le tonton flingueur des chômeurs, de mettre sur pied un texte qui servira de base à la réforme du RSA.

 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. L’idée d’un travail obligatoire sera, on n’en doute pas, au cœur du projet de réforme.

Celui-ci pourrait être « rémunéré » évoquent certains élus de l’UMP.

 

Mais avec Méhaignerie dans le coup, cela ne va pas être beaucoup. « Sur la base du SMIC ». Lequel n’a pas – rappelons-le – bénéficié du moindre coup de pouce depuis des années !


C’EST LE STO !


Mais que rapporterait ce travail ? Quelques euros par mois.

Même pas 100 euros de plus.

 

Sur lesquels il va falloir piocher pour payer le transport, par exemple.

Ou s’organiser pour faire garder les enfants.

 

Deuxième aggression : le travail  s’effectuerait dans le cadre d’un contrat unique d’insertion (CUI), que l’attributaire du RSA ne pourra pas refuser, sous peine de perdre son allocation.

 

C’est vraiment le travail obligatoire, le tristement célèbre STO.

Et c’est interdit par l’OIT (organisation internationale du travail), puisqu’elle a acté que tout travail accepté sous la contrainte (et la privation des droits est une extraordinaire contrainte) est illégale.

  

En outre, comme à son habitude, le gouvernement renvoie le tout sur les collectivités locales, puisque ce sont elles qui gèrent les CUI.

En l’état actuel du dossier, le gouvernement va demander aux collectivités d’embaucher des allocataires du RSA sur des contrats de très petite durée (5 à 10 heures), au titre du CUI, alors que celui-ci impose une durée minimale de 20 heures par semaines.


LE CUI… EST CUIT ?


Alors, il faut choisir :

 

– soit le contrat de l’allocataire du RSA est vraiment un CUI, donc il travaille 20 heures et n’est plus considéré comme au RSA ;

– soit il conserve son RSA et travaille 10 heures, ce qui met d’une part les collectivités dans une situation juridique … en dehors de tout cadre légal ;

– soit, par un amendement ou un tour de passe-passe comme il sait si bien le faire, le gouvernement va transformer non le RSA mais le CUI en le ramenant à 10 heures. Pour le même montant financier, il aura doublé le nombre de personnes sous contrat… Et ça, c’est toujours bon à prendre avant des élections.


Il nous appartient à tous de dire non à cette dérive honteuse, à cette casse sociale – terme souvent employé – qui détruit petit à petit notre société, en stigmatisant ceux qui sont privés d’emplois et en accordant aux nantis tous les privilèges. Ceux de ne pas payer d’impôt.

 

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4 Commentaires sur

Du RSA au STO

  • ùXBäNo Gravatar |

    sur le principe , qu’y a-t-il de si choquant à
    demander une contrepartie de travail d’utilité collective à ceux qui bénéficient des aides sociales ? on crie un peu vite  » au loup  » !
    car une telle disposition pourrait offrir deux
    avantages:
    – mettre un chômeur en activité et le sortir de son isolement en lui donnant un sentiment d’utilité , le réinsérer pour de vrai.
    – faire bénéficier la collectivité d’un appoint de force de travail à la condition expresse,selon moi, que les travaux confiés ne le soient pas au détriment de postes de travail existants ou en projet…exemple l’entretien environnemental ?
    enfin il faudrait absolument que ce travail s’accompagne d’un gain financier net .
    de toutes façons les opposants ne doivent pas se faire trop de souci…ce dispositif serait une telle usine à gaz juridique et logistique que cela
    coûterait plus cher en frais de fonctionnement
    que ce que cela peut rapporter à la société.
    le vrai problème , en particulier à la réunion ,est l’écart trop faible entre les revenus du smicard et ceux de chômeurs avec le cumul rsta+caf+cmu , ce qui fait que certains secteurs comme la restauration-hotellerie et aussi
    l’agriculture peinent à trouver des travailleurs
    malgré nos 130 000 chômeurs.c’est fou !
    la solution ? certains vont trouver que je radote
    mais tant pis je le redis , il faudrait réduire
    la sur-rémunération à 25 ou 30% en la plafonnant
    à 300 euros maximum , verser la diférence avec le système actuel dans un fonds à la caf qui le redistribuerait avec le rsa des smicards pour le porter de 100 à 300 euros/mois.
    bon WE à tous.

  • patdu49No Gravatar |
  • ArsinoéNo Gravatar |

    @ùXBä
    loin de moi l’idée d’écrire que tu radotes… mais la question de la surrémunéraiton n’est pas la seule responsable de l’état économique et social de La Réunion.
    ta proposition de « geler » les surrémunérations pour les reverser aux attributaires du RSA… il faut bien étudier. mais c’est déjà une idée constructive.

  • AlerteRSANo Gravatar |

    Bonjour,

    Prenez connaissance de cette pétition RSA:

    http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2013N34650

    Diffusez cette pétition autour de vous

    Signez nombreux cette pétition.

    Merci

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