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2011
L’État supprime des postes, restreint le budget de l’éducation… et Penchard signe une charte pour lutter contre l’illettrisme !
Catégorie : INSTITUTIONS - COLLECTIVITÉS LOCALES, OUTRE MERS, Présidentielles 2012
Marie-Luce Penchard signe une charte avec la Martinique pour lutter contre l’illettrisme … et l’État supprime des postes et restreint le budget de l’éducation !
Comprenne qui pourra !
La charte signée par la ministre et les responsables martiniquais prévoit un budget d’environ 5M€.
Selon l’INSEE, 14% des Martiniquais sont concernés par l’illettrisme, soit 5 points de plus qu’en France métropolitaine.
Lors de la signature, la ministre devait souligner que «la Martinique a aujourd’hui toutes les cartes en main pour agir efficacement sur ce phénomène socialement dévastateur qu’est l’illettrisme».
Elle a rappelé l’objectif assigné en la matière par le président de la République lors du Conseil interministériel pour l’Outre-mer en novembre 2009 : il s’agit de «diminuer de moitié en cinq ans l’écart entre le taux d’illettrisme constaté en Outre-mer et celui de la métropole».
Le financement des actions inscrites dans la Charte sera assuré à hauteur de 1,7 million d’euros de l’État (dont 1,2 million du ministère de l’Outre-mer) et le solde (3,3 millions d’euros) principalement par les collectivités locales.
La ministre a également salué «la démarche partenariale» qui a prévalu dans l’élaboration de ce plan qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
Commentaires :
Donc sur 5 M€, l’Etat n’en assure même pas la moitié.
Or de qui dépend le système éducatif ?
De l’État.
Il s’agit bien de l’Éducation Nationale.
Il n’est pas question pour nous de jeter le discrédit sur le corps enseignant.
Mais uniquement question de s’interroger.
Pourquoi les collectivités locales devraient-elles se substituer à l’État et payer pour un système que ce même État s’évertue à laminer ?
Il est bien évident que la réponse est justement dans le fait que ce sont des élus locaux qui veulent que cela change.
Plus que l’État !
Parce qu’ils ont conscience de l’importance de l’illettrisme, tant par le nombre des personnes illettrées que par les conséquences – non seulement personnelles – mais sociétales de la non maîtrise des fondamentaux (lecture, écriture, calcul).
Le communiqué fait référence au CIOM.
Mais lors de la 1e réunion de celui-ci (le 6 novembre 2009), il avait été annoncé « un nouvel élan pour la politique éducative, par le biais des programmes scolaires et universitaires, de l’éducation artistique et culturelle à l’école ».
On n’a rien vu bouger sur les programmes scolaires.
Le gouvernement UMP ne s’en préoccupe pas.
Les objectifs assignés étaient de « combler une partie du retard des Outre-Mer dans la lutte contre l’illettrisme, lancer et coordonner de nouvelles politiques publiques pour l’égalité des chances, développer des cursus ciblés d’enseignement supérieur en misant sur les atouts de l’Outre-Mer. »
Et l’on a du mal à croire que c’est par modestie que le gouvernement souhaite combler « une partie du retard ».
Connaissant l’option prise (de la com’ et rien que de la com’) au détriment d’une réelle stratégie, on ne peut qu’en arriver à cette conclusion : une partie, pour ce gouvernement, ce n’est pas grand chose.
C’est même rien.
L’État avait également annoncé s’engager dans un vaste plan : scolarisation précoce des enfants élevés en milieu non francophone, accompagnement scolaire renforcé pour lutter contre le décrochage scolaire, plan de lutte contre l’illettrisme des adultes mis en œuvre dès 2010.
Traduction concrète de ces belles déclarations :
– des suppressions de postes dans… le primaire (c’est bien connu que c’est en fac qu’on apprend à lire…). L’Etat vire les dispositifs RASED.
– le gouvernement UMP met fin aux contrats des assistants d’éducation après avoir torpillé les contrats emplois jeunes.
Par ailleurs, ce gouvernement UMP avait souhaité, pour faire face à l’échec scolaire, mettre en place un « plan Agir pour la jeunesse », décliné dans chaque DOM, avec deux priorités spécifiques : « l’orientation des jeunes » et « la création d’internats d’excellence pour les écoliers et collégiens de milieu modeste ».
C’est où tout ce « truc » pour La Réunion ?
Ce même gouvernement UMP avait le toupet de préciser également :
« Dans chaque territoire d’Outre-Mer, une fondation d’entreprise sera mise en place pour accompagner les parcours d’excellence ».
Là aussi, on n’a toujours rien vu.
La charte contre l’illettrisme n’est pas une nouveauté en soi.
La Région Réunion, entre 2004 et 2010, n’avait-elle pas déjà signé une charte de lutte contre l’illettrisme ?
Ne serait-il pas utile de rappeler les conditions dans lesquelles l’élaboration du document s’est déroulée ?
Avec une forte pression de la part des représentants de l’Etat à La Réunion (et pas seulement du rectorat, d’ailleurs !).
Qu’en reste-t-il ? Surtout depuis que Didier Robert a lancé à grand renfort de com’ un « plan stratégique pour l’éducation et la formation ».
Et c’est là où la situation devient complètement surréaliste.
Car au lieu de s’inscrire en partenaire de l’État – dans un champ de compétence qui pourtant n’est pas le sien, l’éducation -, la Région de Didier Robert a pris le problème à l’envers. À partir de ces orientations, il définit des acteurs.
Il aurait tout de même été plus efficace – et surtout plus politique – de partir d’un constat, d’identifier les compétences et responsabilités de chacun et de « mutualiser » le tout.
La volonté hégémonique de Didier Robert aura là aussi, fait perdre un temps considérable à La Réunion.
l’Etat fait financer par les collectivités – ici la Région Martinique – des actions qui relèvent de sa seule compétence.
bien évidemment, on ne peut condamner les Régions de s’engager dans la lutte contre l’illettrisme; pour les raisons que vous avez évoquées.
mais tout de même, il est temps de revenir à une vraie définition des compétences tout comme il serait indispensable d’arrêter de modifier à tout bout de champ les programmes scolaires
et surtout il est URGENT de renforcer les moyens donnés au premier degré (plus d’enseigants, de moyens…) et surtout prendre en compte une réalité: prendre en compte le créole et faire en sorte qu’il n’y ait plus diglossie mais bilinguisme
enfin, l’illettrisme, c’est aussi l’affaire de la société. aider les enfants, bien sûr, mais quel accompagnement pour les parents eux aussi illettrés?