Le projet socialiste 2012 pour les outremers : préambule (volet 1)

 

Je vais vous faire partager une analyse sur les propositions du PS pour les outremers.

 

Avant cela, il me parait intéressant de vous livrer des extraits de la déclaration distribuée à l’issue du « Forum des idées sur les outremers », où une délégation du PCR était présente.

 

Ce forum s’est tenue le mercredi 27 avril dans les locaux du Conseil Régional d’Île de France.

Les conclusions de cette journée de réflexion se traduisent en 4 orientations, dont je vous en propose des extraits, 5 principes et 30 mesures.

 

 

4 ORIENTATIONS


1- TOURNER DÉFINITIVEMENT LA PAGE DE LA « RÉPUBLIQUE COLONIALE »

 

En 2010, 2,4 millions de Français vivent dans l’une des 11 collectivités d’outremers.

 

Si on ajoute à ce total, plusieurs centaines de milliers d’ultramarins installés dans l’Hexagone, on dépasse largement les 3 millions et l’outremer représente entre 4 et 5 % de la population totale du pays.


Aujourd’hui, rares sont pourtant les Français d’outremer, qu’ils y vivent ou résident dans l’Hexagone, qui ont le sentiment d’être des Français à part entière, pour faire résonnance avec la célèbre formule d’Aimé Césaire.

 

(…) Il ne s’agit pas, ici, de ressasser à l’envi les pages sombres de notre Histoire.

 

Il s’agit de reconnaître qu’une République coloniale est une République qui se trahit elle-même et que cette responsabilité a été partagée par le mouvement socialiste français pourtant au premier chef héritier des valeurs de la Révolution française et défenseur du droit de tous les travailleurs.


(…) La République coloniale, ce fut aussi la négation de la culture et de l’identité de l’autre. Par mépris et irrespect. Mais aussi, par méconnaissance profonde de ce qu’est la République qui n’est pas la négation des identités culturelles qui font la richesse de notre patrimoine commun.


2- RELÉGITIMER L’INVESTISSEMENT PUBLIC OUTREMER

 

Si les discriminations racistes ne sont pas heureusement en France systémiques, le cartiérisme lui l’est, et au sein de l’appareil d’Etat, l’action publique outremer est trop souvent perçue comme illégitime, en particulier s’agissant de l’effort de la Nation.

 

(…) En fait, l’outremer coûte toujours trop cher aux yeux de la technostructure puisqu’on ne le différencie pas, au final, des ex colonies françaises désormais indépendantes, la solidarité à son endroit relevant alors de l’aide au développement, donc d’une dépense accessoire, variable d’ajustement.


(…) Parler du coût de l’outremer – a fortiori l’évaluer, le tout sur fond de grande opacité des flux et d’omissions délibérées – devrait être une indécence en République. Calcule t-on le coût de telle ou telle région métropolitaine ?

 

(…) Les socialistes entendent, eux, réhabiliter l’investissement public outremer qui ne relève pas seulement d’un impératif moral mais s’avère dans bien des cas comme profitable au pays tout entier comme l’illustre l’exemple du tourisme.


(…) Voilà pourquoi une logique d’intégration territoriale doit constituer le socle d’une politique de développement mais aussi d’égalité républicaine à destination des Outremers.


3- POUR CHAQUE OUTREMER, UN NOUVEAU PACTE DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ


Les socialistes veulent renouer avec la politique d’égalité républicaine en proposant à chaque collectivité d’outremer, dans le cadre juridique et économique qui lui est propre, un nouveau pacte de croissance et de solidarité d’abord fondé sur un objectif de rattrapage qui devra disposer d’indicateurs en ce sens comme l’IDH.


(…) Sauf à préconiser un modèle de développement autarcique inconcevable avec la globalisation, la « balance commerciale des Outremers », pour autant que cette notion ait un sens, est donc structurellement déséquilibrée mais ne préjuge en aucun cas de la performance économique de nos Outremers, a fortiori quand ceux-ci – c’est le cas de la Réunion ou de Mayotte – n’ont pas achevé leur transition démographique.

 

Voilà pourquoi les socialistes proposent aux Outremers un nouveau modèle de développement.

 

Son objectif central sera de renforcer considérablement le contenu en emplois de la croissance économique des Outremers, souvent plus forte qu’au plan national, croissance qui est légitimement tirée par les transferts publics, en application des principes de solidarité nationale valables pour toutes les régions et collectivités françaises.


Eu égard à la situation dramatique des Outremers au regard du chômage, en particulier celui des jeunes, il est cependant indispensable que soient explorées toutes les possibilités juridiques qui permettront de mieux protéger l’emploi local outremer comme par exemple l’introduction de clauses en ce sens dans les marchés publics.

 

Pour les RUP françaises, cette approche concernera au premier chef les négociations communautaires dans le cadre desquelles il est vital que le régime actuel de l’octroi de mer soit reconduit par Bruxelles en 2014.

 

4- EN MATIÈRE INSTITUTIONNELLE, RESPECTER LA VOLONTÉ DES POPULATIONS, ACCROÎTRE LA DÉCENTRALISATION


(…) Ces principes sont simples : oui au droit à l’évolution statutaire dans la République à condition que soit recueilli, par référendum, le consentement préalable des populations intéressées.


Nous ferons vivre ces principes en revenant à l’esprit qui y présidait alors : des consultations claires et loyales ce qui suppose que les grands lignes du changement statutaire proposé soient connues avant la consultation et non ultérieurement.

 

Droit à l’évolution dans la République comme droit à privilégier le droit commun, en évitant que ce dernier ne conduise à des situations aberrantes, comme tel serait le cas si devait prospérer le projet gouvernemental du « conseiller territorial », réforme que nous avons promis d’abroger en 2012.


(…) Le nouveau pacte que nous proposerons aux Mahorais, après concertation avec leurs élus, privilégiera l’éducation et la formation, en particulier pour les jeunes et les travailleurs, s’attaquera à la précarité notamment en matière de logement et de pouvoir d’achat, et jettera enfin les bases d’un développement économique et social à la hauteur des formidables retards de développement que connaît depuis trop longtemps Mayotte et qui sont, y compris en matière d’équipements publics, indignes de la République.


LES PRINCIPES ET LES PROPOSITIONS SERONT PUBLIÉS DANS LE VOLET 2, DEMAIN SAMEDI 04 JUIN.

                                                                                                 

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3 Commentaires sur

Le projet socialiste 2012 pour les outremers : préambule (volet 1)

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    « tourner la page de la république coloniale ».
    enfin, un parti français ose évoquer la question. Bravo
    la re légitmation des investissements: une façon d’amorcer une réponse à cette crapuleuse idée que l’outre-mer est la danseuse de la France et qu’il coûte cher. encore bravo
    un pacte de croissance et de solidarité. le mot pacte est intéressant, il lie focément – a responsabilités égales – ses signataires. Pas mal
    le respect des volontés des populations ultramarines quant à l’évolution insitutionnelle: normal, mais jusque là, les populations ultramarines ont été consultées (Martinique, Guyane)
    quant à la poursuite de la décentralisation…c’est aussi l’option envisagée pour la France métropolitaine
    l’emballage est beau… reste à savoir si le « cadeau » qu’il contient l’est tout autant

  • EricNo Gravatar |

    « une logique d’intégration territoriale doit constituer le socle d’une politique de développement »

    intégration dans l’environnement océan Indien? donc plus de pouvoir pour La Réunion dans la négociations d’accord économiques?

    si cela pouvait être vrai et traduit dans les faits par Hollande (qui est maintenant le favori des sondages….)

  • Hervé BoismeryNo Gravatar |

    Ce préambule est d’une grande pertinence et affirme des principes prometteurs: reconnaître les personnalités historiques et culturelles des Outre-Mers; affirmer la solidarité nationale et européenne; réhabiliter l’investissement public; renouer avec la politique d’égalité républicaine; en bref admettre la nécessité de faire « de Français à maints égards entièrement à part des Français à part entière »…La reconnaissance de ces principes républicains contraste avec les leçons de morale récurrentes sur l' »assistanat » de certains tenants de l’actuel gouvernement.

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