Le projet socialiste et les outremers ( 6 / 30 ) – Un soutien au tourisme

 

Dans le prolongement des articles consacrés au projet global, voici la présentation des propositions socialistes pour l’outre-mer.

Il appartient aux responsables politiques réunionnais d’envisager de marquer d’une empreinte réunionnaise ce projet présidentiel de 2012. Dès lors, il est ouvert à toute discussion.

 

La 6e  proposition socialiste pour l’outre-mer est celle-ci :

 

« Créer de nouveaux dispositifs de soutien au tourisme ».


Les socialistes proposent aux Outremers un « nouveau modèle de développement ».

Lors de son allocution, Martine Aubry devait une seule fois parler de tourisme :

« Les socialistes entendent, eux, réhabiliter l’investissement public outremer qui ne relève pas seulement d’un impératif moral mais s’avère dans bien des cas comme profitable au pays tout entier comme l’illustre l’exemple du tourisme.

Il est, en effet, à l’évidence préférablepour notre balance des paiementsque les touristes, étrangers comme français, se rendent en Martinique, à La Réunion ou en Polynésie plutôt qu’à Saint-Domingue, à Maurice ou à Hawaï ».


En clair, l’investissement public doit aussi servir les intérêts de la France métropolitaine. Logique, mais peut être un peu court.


DEJÀ DE NOMBREUX DISPOSITIFS


En outre, les dispositifs de soutien au tourisme sont très nombreux.

Sous la période du ministre Yves Jégo, on a eu droit aux vœux suivants :


– un « plan d’action global pour dynamiser le tourisme en direction de l’Outre-Mer » visant à « inciter les compagnies aériennes à bas coûts à desservir ces destinations » ;

– un financement par l’Etat pour chaque département et collectivité d’Outre-Mer, de « la réalisation de projets de plans d’actions par le groupement d’intérêt public Odit France » ;

– à mettre en place une plate-forme de promotion et de commercialisation en ligne ainsi qu’une nouvelle filière de formation aux métiers du tourisme au sein de l’ANT et dans le cadre du Service militaire adapté ;

– à prospecter « des compagnies à bas coûts du monde afin de faire baisser les prix des billets d’avion » ; à octroyer des subventions pour la rénovation des hôtels de moins de 100 chambres.


À la suite de quoi, le CIOM a proposé « de nouvelles mesures pour relancer le tourisme ultramarin ». Citons pêle-mêle :


– un  moratoire sur les dettes sociales patronales pour un an et conclusion de plans d’apurement sur 3 à 5 ans ;

– une bonification des chèques vacances s’ils sont dépensés Outre-Mer ;

– l’ouverture de la desserte d’Orly sur d’autres destinations en Europe ;

– plus des dispositifs particuliers pour chaque territoire d’Outre-Mer (développement du nautisme aux Antilles ; construction d’un nouveau terminal de croisière à Saint-Pierre, en Martinique ;  développement de la croisière autour du port de Basse-Terre, en Guadeloupe).


DANS LA LODEOM

 

Quant à la LODEOM, elle prévoyait également des meures en faveur du secteur du tourisme :


– des mesures d’aide au fonctionnement prévues au titre des zones franches complétées
 par 3 dispositifs, qui répondent aux demandes de la profession ;

– une aide à la rénovation des hôtels, pour leur permettre de faire face à la concurrence étrangère (subvention allant jusqu’à 7.500 euros par chambre, en complément de la défiscalisation) ;

– des procédures de financement des constructions en défiscalisation accélérées ;

– des conditions de résidence supprimées pour les touristes étrangers « souhaitant se marier dans les collectivités d’Outre-Mer et en Nouvelle-Calédonie. Ces collectivités pourront ainsi
 capter une partie de l’importante clientèle du « tourisme nuptial », à l’instar de la plupart des
 destinations touristiques haut de gamme ».


UNE IDÉE RÉGIONALE


Si l’année 2010 a été  dite celle du tourisme par la Région, la déclaration s’est accompagnée de la mise en place de plusieurs dispositifs :

 

– réforme des aides régionales avec relèvement de leur niveau et de leur plafond. « Le plafond de subvention octroyé aux hôtels classés sera porté de 760.000 € à 3 M€, un déplafonnement de même nature pour les aides à l’amélioration du parc d’hébergement existant en milieu rural » ;

– « déplafonnement de l’aide régionale accordée aux secteurs de l’hôtellerie (3 M€), de la restauration (100.000 euros) et des activités en zone rurale (150.000 euros) ;

– extension de l’aide à la rénovation des résidences de tourisme classées, à la création d’éco-lodges ».


QUELS NOUVEAUX DISPOSITIFS ?


Ce ne sont donc pas les dispositifs qui manquent ; et pourtant, le tourisme a toujours autant de mal à décoller.

Chacun en connaît les raisons… ou croit les connaître.

 

Toujours est-il qu’il y a eu des expertises commandées ici ou là, par telle ou telle structure.

On pourrait peut être les mettre en parallèle avec ce qui a déjà été fait, tout en évaluant les actions menées.

 

En outre, une mise à plat de tous les dispositifs existants ne serait peut-être pas superflue.


Enfin, il y a un domaine qui semble n’intéresser si l’Etat ni la Région : celui du « tourisme social », du « tourisme pour tous », du tourisme pour les Réunionnais à La Réunion.

Faire venir des touristes de l’extérieur (et non pas seulement de France ou d’Europe), c’est bien.

Mais donner les moyens aux Réunionnais de connaître ou de mieux connaître leur île, de fréquenter les Hauts comme le littoral, pratiquer des sports de loisirs… ce serait là aussi, non seulement créateur d’emplois, mais empreint d’une réelle vision sociale.


L’objectif est d’insuffler, ou d’entretenir, une culture du tourisme partagée, et à partager.


ET LA QUESTION DES VISAS ?


La question des visas est trop souvent traité « par-dessus la jambe ».

 

D’abord en la rejetant, comme l’ont fait certains professionnels et l’Etat quand j’étais président de l’IRT (Île de La Réunion Tourisme).

Puis en la minimisant, au point de se « jeter dans les bras » de l’Etat mauricien, devenu « gendarme associé » de la sécurité en matière d’immigration sur notre terre française.


En décembre 2009, MEDETOM annonçait que l’une des premières décisions du CIOM à avoir été mise en œuvre concernait l’assouplissement … de 130 des visas utilisés pour se rendre en Outre-mer !

Les visas « Schengen » ne sont pas valables pour entrer dans les DROM (Départements et régions d’outre mer).Et les visas DROM ne sont pas valables pour entrer dans l’espace Schengen ! 

 

Ce qui signifie que La Réunion ne peut être considérée comme porte d’entrée vers l’Europe, car elle est fermée pour les clandestins, qui en outre ne peuvent espérer rester clandestins à La Réunion même !

Mais il y a déjà peut être quelque chose à faire à ce niveau-là, si l’on veut faire venir des touristes européens.


On peut également demander à ce que soient facilitées les démarches des ressortissants de la zone océan Indien (Maurice, Madagascar, etc.) pour venir à La Réunion.

Se pose aussi la question des visas pour les ressortissants des autres pays, déjà en liaison aérienne avec La Réunion ou en passe de le devenir : l’Afrique du Sud, la Chine, l’Inde, et de manière générale toute l’Asie (avec la liaison directe entre La Réunion et Bangkok).

 

Il y a donc là un potentiel énorme à conquérir.


Une suggestion : pourquoi pas la création de postes d’attachés d’ambassades ultra marins dans des ambassades de pays choisis pour la population touristique potentielle, et chargés de la délivrance de visas pour notre Île, sous le contrôle bien sûr du gouvernement français, et en relation avec les collectivités départementale et régionale ?

                                                                                                                                                                

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3 Commentaires sur

Le projet socialiste et les outremers ( 6 / 30 ) – Un soutien au tourisme

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    tous les dispositifs existent, concernant tous les domaines. mais le tourisme ne décolle pas. la faute au coût du billet d’avion. peut être.
    mais le tourisme pour les réunionnais à La Réunion? notamment dans les Hauts? trouver un restaurant qui acceptent de vous servir après 20 heures à la plaine des cafres ou dans les hauts de l’Est… cela relève de l’exploit. certaines structures ferment… le dimanche.
    les dispositifs financiers, c’est bien, mais la culture du tourisme, c’est mieux. ça, c’est plus long à obtenir.

  • Hervé BoismeryNo Gravatar |

    Débat vaste et complexe,voire polémique…La Réunion pourrait-elle devenir une destination touristique privilégiée ? Ce n’est pas évident. En l’ocurrence, certaines questions doivent être clairement posées:
    -1) Le coût du transport aérien, tout à fait prohibitif par rapport à d’autres destinations concurrentes. Malgré de récents progrès, La Réunion demeure en effet un pays à l’écart des flux internationaux de transport
    -2)Les retombées réelles sur l’économie locale: fréquemment, les bénéfices réels du tourisme sont majoritairement captés par les tour-operators et les pays d’accueil ne perçoivent que des miettes, avec de surcroît des retombées inflationnistes au détriment des populations.
    -3) La préservation de l’environnement: très souvent, « le tourisme tue le tourisme », en dégradant l’environnement, notamment la mer et les côtes. Les « îles » constituent en effet des écosysèmes fragiles qu’il faut à tout prix préserver des dégradations et aussi des prédations. Le tourisme ne doit en aucun cas compromettre le « développement durable ».
    -4) L’obtention des visas: il faut admettre et comprendre que les futurs touristes ne viendront pas seulement d’Europe mais aussi d’Afrique du Sud et surtout d’Asie. La clientèle chinoise notamment présente de toute évidence un fort potentiel.Egalement, le Moyen-Orient (en particulier les Emirats) pourraient offrir des possibilités.
    -5) L’idée de créer des postes d’attachés ultra-marins dans les ambassades est tout à fait pertinente, au moins pour faire savoir que les DOM et notamment La Réunion existent. Au demeurant, cette initiative ne devrait pas concerner seulement le tourisme mais l’ensemble des activités.
    -6) Il faut certes promouvoir le tourisme à La Réunion mais il faut également reconnaître que cette activité peut comporter des « effets pervers », voire lourdement négatifs et qu’elle ne saurait devenir l’axe privilégié d’une politique de développement et d’emploi. En l’occurrence, il serait illusoire de penser que La Réunion pourrait ou devrait accuellir prochainement 600.000 touristes par an. Il ne faut pas croire aux miracles, fussent-ils « touristiques ».

  • ùXBäNo Gravatar |

    tout à fait daccord avec Jean-Jacques et hervé…
    le potentiel touristique de la réunion est selon moi limité carle rapport coût/prestation de notre île est , hélas , mauvais !
    nos voisins mauriciens s’en sortent parfaitement
    avec un prix du billet du même ordre parce que le niveau de prestation global est positionné en
     » haut de gamme  » et qu’à ce niveau , le prix du billet importe peu. A l’autre extrémité , il y a certaines destinations caraïbes comme Cuba ou St Domingue qui proposent des packages tout compris pour la moitié du prix du billet sur la réunion.
    la distance , et donc le prix du billet , nous condamnent pour la clientèle européenne , car les
    classes aisées préfèreront Maurice et les classes
    moins aisées les caraïbes…restent les clients potentiels de la zone, SA et Aus , mais eux aussi
    pour un prix équivalent préfèreront maurice où le moindre chauffeur de taxi parle anglais !
    car comme l’écrit jean-jacques : «  »la culture du tourisme, c’est mieux. mais ça, c’est plus long à obtenir » »
    enfin , il est bon d’observer les conséquences du
    tourisme pour la population locale qui , certes ,
    y trouve de l’emploi , mais où , comme à Maurice
    les locaux se retrouvent avec 100 mètres de plages publiques pour s’y entasser le WE pendant qu’une dizaine de clients d’hotel de luxe ont pour eux seul plusieurs Km de plage privée…
    quand à St Domingue ou Cuba les hotels y sont de vrais camps retranchés avec gardiens et barbelés.
    tristes tropiques !

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