Programme présidentiel du Front de Gauche (13/15) – Pour un vrai codéveloppement

 

Comme je l’ai fait pour le programme « national » du Parti socialiste, puis le programme socialiste pour les outremers, je poursuis l’analyse des projets des candidats à l’élection présidentielle en abordant aujourd’hui, le programme du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Parti Communiste Français.

 

Quatrième et dernier axe du programme du Front de Gauche : «  Faire des outremers des leviers d’alternative à l’échelle mondiale », avec cette première proposition :


«Faire des outremers des pôles régionaux de codéveloppement : transfert de technologie auprès des pays voisins, aide logistique et scientifique, investir dans des établissements de formation de haut niveau (santé) bénéficiant à la fois aux étudiants ultra-marins et à ceux des pays en voie de développement de la zone (Madagascar, Seychelles, Comores, Mozambique, …) ; faire des outremers des moteurs de modèles alternatifs d’intégration régionale (partenariat entre les Antilles et l’ALBA) ».


Cette proposition de codéveloppement est extrêmement intéressante. Elle s’appuie sur des propositions déjà formulées par d’autres instances.

L’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) soulignait, à propos de La Réunion, « son influence géopolitique bien en deçà de ses capacités. Loin de jouer un rôle de puissance locale », elle n’occupe qu’un place marginale dans l’économie régionale ».


Cette phrase a été reprise lors des Etats généraux pour l’outre-mer, assortie de quelques propositions concernant les grands domaines de la coopération, dans le cadre bilatéral ou multilatéral.

Il s’agissait par exemple du développement durable : la préservation de l’environnement, la lutte contre les effets du réchauffement climatique, le recours aux énergies renouvelables, la gestion durable des ressources naturelles et de la biodiversité terrestre et marine, …


Les auteurs proposaient notamment de  donner au PR2D (Plan Réunionnais de Développement Durable, dont l’élaboration, SOUS LA CONDUITE, rappelons-le, de l’équipe Plan de la SR21, a inspiré de nombreux documents de référence), au programme GERRI, au projet « La Réunion, île verte », une dimension régionale et internationale.

 

Cela concernait aussi l’intégration économique régionale : réseau de haut débit, pêche maritime et aquaculture, déclinaison régionale du « Grenelle de la mer », tourisme, projets accompagnant l’Accord intérimaire de Partenariat Economique.


Il était aussi question de développement humain et de solidarité internationale avec la sécurité alimentaire, la prévention des risques naturels, la lutte contre les maladies émergentes, les échanges culturels et sportifs, la coopération en matière de d’éducation, de formation et d’insertion, les actions de solidarité….

 

Avec cette proposition : L’Université de La Réunion doit être le pivot de la défense de la francophonie et des savoirs réunionnais dans l’océan Indien.


La question de la gouvernance avait aussi été abordée et demandait  la mise en cohérence des actions de la multiplicité des acteurs au sein d’une plate forme de la coopération régionale :


– le développement d’un partenariat dans le domaine de l’insertion dans l’environnement régional avec Mayotte ;

 

– la désignation de la Région comme chef de file, en accord avec le Département et l’Etat ;

 

– l’installation à La Réunion d’une antenne du ministère français de la Coopération et d’une Délégation de la Commission Européenne ayant compétence pour la zone océan Indien ;

 

– la création d’antennes de La Réunion dans les pays cibles.


Cela rajouté aux bases de la proposition du Front de Gauche peut permettre d’envisager la mise en place d’une vraie politique de codéveloppement.

 

À une réserve près, toutefois : encore faut-il que certains élus comprennent ce qu’est le codéveloppement, arrêtent de parler de « coopération régionale » et ne placer le débat qu’en termes d’échanges culturels ou sportifs.

 

Et qu’ils se saisissent de vraies questions … comme celle des visas ou de la nécessité pour les collectivités d’outre-mer d’avoir des pouvoirs plus importants !


Cela risque d’être difficile au moment où dans certaines instances régionales, on s’acharne à faire de La Réunion un appendice de l’île Maurice.

                                                                                                                                                                                      

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1 Commentaire sur

Programme présidentiel du Front de Gauche (13/15) – Pour un vrai codéveloppement

  • Hervé BoismeryNo Gravatar |

    Continuité territoriale, statut de région ultrapériphérique, réforme fiscale, promotion des langues et cultures régionales, régionalisation et codéveloppement…Décidément, le Front de Gauche pose les vraies questions avec une lucidité et une pertinence que l’on ne rerouve pas dans le programme d’un PS qui demeure plongé dans un profond coma intellectuel.
    La Réunion a en effet vocation à devenir un pôle régional de codéveloppemnt, notamment en matière d’environnement, de développement durable et de recherche. Force est de reconnaître que son influence géopolitique est quasi-nulle et que le pays est victime d’un processus de marginalisation.
    A titre d’exemple, l’institution universitaire à La Réunion est fort ancienne, puisque la création du Collège de Droit remonte aux années 1930. Mentionnons d’ailleurs que ce Collège devait compter Raymond Barre parmi ses jeunes étudiants en 1940-1942.
    Cependant, sa lointaine héritière, l’Université de La Réunion, n’est jamais parvenue à remplir sa mission d’Université Française ou Européenne de l’Océan Indien, tandis que son rayonnement dans la région tend à diminuer, et cela malgré la grande qualité et le dévouement de ses personnels.
    Je me souviens d’une époque fort ancienne, au début de ma carrière, durant les 70 et 80, quand j’étais encore en poste dans l’établissement. Le Centre Universitaire de La Réunion assurait la cogestion avec Aix-Marseille d’une Licence et d’une Maîtrise en Droit délocalisée à Maurice, contribuant ainsi d’une manière significative à la formation des cadres de ce pays.
    Malheureusement, le déclin culturel de la France er de la francophonie dans l’Océan Indien, comme dans le reste du monde est une réalité flagrante avec des conséquences navrantes pour La Réunion. Les graves erreurs du gouvernement en matière de politique étrangère commises depuis 2007 y ont largement contribué.

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