Récession – le gouvernement joue avec la France : « faîtes vos jeux, à qui pense gagner perd ! »

  Quelle sera l’ampleur de la récession prévue par le gouvernement ?

A deux jours du conseil des ministres (mercredi 24 août), la seule question que l’on peut se poser n’est pas de savoir s’il y aura une récession, mais seulement estimer le niveau de celle-ci, avec la liste de celles et ceux qui devront

faire des efforts.

 

La semaine qui débute s’annonce cruciale pour l’économie de notre Île et de la France entière.

 

Deux rendez-vous sont programmés:

– d’une part, celui entre les ministres des finances français et allemand (mardi),

– et d’autre part le conseil des ministres portant sur le “tour de vis budgétaire”, pour reprendre l’expression très soft employée par des journalistes dont l’optimisme béat est surréaliste.

 

Le tout dans un contexte économique des plus sombres, marqué par le vent d’affolement sur les places financières et bourses européennes et américaine.

 

LA RENCONTRE FRANCE / ALLEMAGNE (ACTE 2)

 

Le rendez-vous franco-allemand a pour objectif de « jeter les bases d’une gouvernance renforcée de la zone euro, l’harmonisation franco-allemande de l’impôt sur les sociétés, l’adoption d’une règle d’or pour la maîtrise des déficits publics commune au 17 pays membres de la zone euro, l’institution d’une taxe sur les transactions financières ».

Cette rencontre n’est que la traduction concrète de la réunion Merkel / Sarkozy, un tandem tellement fusionnel qu’il a été surnommé « Merkozy », par les marchés.

 

Lesquels ne sont pas du tout rassurés par la stratégie de ce duo de choc. Une inquiétude telle que les bourses ont lourdement chuté jeudi et vendredi.

Il faut dire que les déclarations de Baroin n’ont pas calmé les esprits : il a purement et simplement annoncé que la BCE allait racheté les dettes espagnoles et italiennes… mais il avait seulement oublié de consulter la BCE.

 

UNE NOUVELLE NUIT DE LA SAINT-BARTHÉLÉMY ?

 

Deuxième rendez-vous capital : le conseil des ministres de mercredi 24 août, jour de la Saint-Barthélémy.

Ce sera le massacre des acquis de la Libération, puisque le gouvernement dévoilera un budget non de rigueur, mais de récession.

 

Ce « tour de vis budgétaire » a été qualifié d’indispensable par le gouvernement afin de « tenir des engagements financiers intangibles ».

Autrement dit, ramener les déficits publics à 5,7% du PIB cette année, 4,6% en 2012 et 3%,seuil autorisé par les traités européens, en 2013.

 

Les « coups de rabot sur les niches fiscales » : tout le monde sait qu’il y en aura, cela fait des semaines que le gouvernement prépare l’opinion publique à cet événement.

 

La seule inconnue est donc l’ampleur du « tour de vis ». Le gouvernement avait annoncé, il y a quelques mois, vouloir réaliser une « économie » de 3 milliards.

Ce sera beaucoup plus. Les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat ont avancé d’autres chiffres : 5 milliards, et même 10 milliards.

 

D’autant plus que la croissance est proche du zéro. Loin des 2% prévus par Bercy pour 2011.

 

ET POUR L’OUTRE-MER ?

 

Les niches sur l’outre-mer sont sur la sellette, comme celle sur l’immobilier. Un abaissement du Scellier à 15% en 2012 (au lieu des 18%) serait poussé par Bercy.

Le dispositif permettait de réduire son impôt en investissant dans l’immobilier locatif. Il était prévu que la réduction d’impôt, égale à 22% de l’investissement en 2011, passe à 18% en 2012.

 

La réduction pourrait tomber à 15%. Une remise en cause du dispositif Girardin. Et probablement du dispositif sur la défiscalisation du logement social (LODEOM).

Sans compter bien entendu sur tous les effets des mesures « nationales »: suppression de postes, gel des salaires (et des dotations aux collectivités), menaces sur le livret A, et les effets des mesures déjà prises (comme sur le solaire, le photovoltaïque etc.)

 

Le gouvernement va donc effectuer des « tours de vis » et s’en prendre aux « niches fiscales ».

Dans la majorité UMP, certains sont assez réservés à ce sujet. Comme un certain Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, qui estime que « trop raboter les niches fiscales reviendrait à augmenter les impôts de tous ».

 

Dans un entretien accordé à « Sud Ouest », Hervé Mariton déclarait :

« quand on rabote les niches fiscales, on augmente les impôts et on les augmente de manière ciblée, pas de manière générale.

Nous sommes ainsi conformes à notre engagement de justice, ce que j’entends bien.Mais au moment où le rabot est si pesant que cela finit par ressembler à une augmentation générale.

C’est pourquoi il faut qu’une part significative de l’effort soit consentie par une réduction de dépenses ».

 

Mais pour l’instant, dans le poste « réduction des dépenses », ce sont celles liées aux plus défavorisées qui sont les plus importantes. Pas les dépenses substantielles comme le train de vie de l’Etat, les guerres etc.

 

QUI SERA CONCERNÉ ?

 

Autre inconnue : la liste des « cibles » visées.

En termes de communication, le gouvernement a – une fois de plus – donné l’artillerie lourde. Les « riches » seraient amenés à contribuer à l’effort financier.

 

Mais par une « taxe exceptionnelle ». Comme si cette annonce pouvait être de nature à rassurer des millions de familles, celles vivant sous le seuil de la pauvreté, comme celles, de plus en plus nombreuses, des « travailleurs pauvres ».

Mais la réponse se dessine aujourd’hui : c’est toute la population qui sera touchée.

 

Par exemple, par une remise en cause du prêt à taux zéro (PTZ). Une taxation « au fil de l’eau » de l’assurance-vie.

Une fiscalité sur les mariages. Une autre sur les panneaux solaires.

 

L’augmentation du taux de TVA sur les travaux de rénovation des logements a été abordée.

Mais les conséquences sont extrêmement lourdes (affaiblissement du tissu des TPE / PME, fermetures d’entreprises donc hausse du chômage).

 

Hervé Mariton, lui, propose de « marquer une pause dans toutes les mesures catégorielles de la fonction publique », lesquelles sont censées représenter une enveloppe de 500 millions d’euros.

Laquelle fonction publique avait déjà fortement été mise à contribution avec la suppression de plus de 30.000 postes.

 

Mais devraient être épargnées les multinationales puisque le régime du bénéfice mondial consolidé (BMC) devrait être préservé.

Tout comme l’exonération des plus-values lors de la vente de filiale. Il pourrait y avoir une nouvelle hausse du forfait social pour les entreprises (sur l’intéressement, la participation et l’épargne salariale),

 

DÉMARCHE NOVATRICE : LE GOUVERNEMENT DÉCIDE PUIS… LANCE LA CONCERTATION !

 

On se demande bien ce que le gouvernement pourra dire aux syndicats qui seront reçus à Matignon ….à partir de jeudi. Même si Fillon a appelé lundi les leaders de ces organisations.

Ce qui se dessine et ce que redoutent les syndicats, c’est une cure d’austérité drastique. Et surtout les conséquences de cette « règle d’or » qui pérennise le principe de rigueur budgétaire.

 

Que fera le gouvernement vis à vis de la plate-forme minimale de revendication élaborée par les syndicats et des propositions formulées : taxer davantage les hauts revenus, revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires et maintenir les emplois dans le secteur public ?

Quand on sait que ce gouvernement n’a pas répondu à l’appel syndical pour la tenue d’un sommet social, on se doute de ce qu’il va faire.

 

Ce gouvernement nous a tellement habitué aux coups de force. Comme lors des manifestations pour la réforme des retraites !

 

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4 Commentaires sur

Récession – le gouvernement joue avec la France : « faîtes vos jeux, à qui pense gagner perd ! »

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    défiance des banques vis à vis du politique
    défiance de la population vis à vis des banques
    défiance de la population vis à vis du gouvernement

    la crise est économique et financière, elle est aussi un crise de société,

    est-ce la fin du système capitaliste? on pourrait le souhaiter, mais ce n’est pas sûr qu’il soit totalement périmé

    quoi qu’il en soit, c’est vraiment la récession et comme toujours ce ne sont pas les plus riches qui vont consentir le plus gros effort

  • Bruno97490No Gravatar |

    Annonce faite par « La Tribune »:

    Crédibiliser le plan de marche vers les 3% de déficit public, rassurer les marchés le plus vite possible. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement envisage de faire adopter plus rapidement que prévu certaines mesures de redressement des finances publiques. Des dispositions à effet 2011 pourraient être soumises aux députés dès le 6 septembre, lorsque sera examiné par l’Assemblée nationale le collectif budgétaire destiné à avaliser l’aide à la Grèce.

  • Bruno97490No Gravatar |

    quelle croissance?

    La présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé lundi qu’il serait «très difficile» d’atteindre l’objectif de 2% cette année; de son côté, le ministre de l’Économie, François Baroin, assure que «nous serons en ligne» avec cette prévision.

    y’en a qui sont très optimistes

  • ManuellaNo Gravatar |

    aujourd’hui, on sait quel est le plan
    à la lecture des journaux ce matin, je me suis posé une question. En fait deux questions

    d’abord, pourquoi n’interroger que les chefs d’entreprise (bon, c’est vrai, dans un journal il y avait quelqu’un des impôts), c’est vrai aussi que la question de la suppression de l’abattement concerne les entreprises.

    mais pourquoi les journalistes n’ont ils pas interrogé les associations de consommateurs? ou les syndicats? parce qu’on est tous concernés, que notre pouvoir d’achat va encore baisser. est-ce que les journalistes ne voient l’économie que par le biais des entreprises?

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