Un parfum de jeunesse avec Stéphane Hessel, 93 ans : indignez-vous !

 

    Photo David Vincent/AFP           Stéphane Hessel, ancien résistant, ambassadeur de France auprès de l’ONU, l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme, publie à 93 ans « indignez-vous ! », où il exprime ses refus, ses colères et ses engagements.

 

Il écrit : « 93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! »

 

Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c’était l’indignation ».

 

Certes, les raisons de s’indigner dans le monde complexe d’aujourd’hui peuvent paraître moins nettes qu’au temps du nazisme.

 

Mais « cherchez et vous trouverez » : l’écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l’état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au « toujours plus », à la compétition, la dictature des marchés financiers …

 

Stéphane Hessel s’insurge donc pour

 

« une société dont nous soyons fiers : pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers du Conseil national de la Résistance. »

 

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Légalité, légitimité et « insurrection pacifique »

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Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu’il appelle à une « insurrection pacifique ».

 

Dans un entretien publié cette semaine dans Politis, Stéphane Hessel explique que son livre est en effet un appel :

 

« Le sentiment le plus grave, aujourd’hui, est de penser qu’ « il n’y a rien à faire » parce que les choses ne changent pas comme l’on voudrait et que les acteurs politiques et financiers ont toutes les cartes en main ».

 

Il ajoute :

 

« Baisser les bras me paraît tout à fait mauvais.

Je dirais donc, un peu comme Sartre, qu’ « un homme qui se désintéresse n’est pas vraiment un homme ».

C’est quand il commence à s’indigner qu’il devient beau, c’est-à-dire un militant courageux, un citoyen responsable.

Se dire « on n’y peut rien », se retirer, c’est perdre une bonne partie de ce qui fait la joie d’être un homme ».

 

Stéphane Hessel « souligne toujours l’écart entre légalité et légitimité.

 

« Je considère la légitimité des valeurs plus importante que la légalité d’un État.

Nous avons le devoir de mettre en cause, en tant que citoyens, la légalité d’un gouvernement.

Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c’est légal, il nous appartient de protester, de nous indigner et de désobéir ».

 

Et son message semble interpeller beaucoup d’entre nous, le livre est actuellement en tête des ventes tous azimuts au classement Datalib. Ce petit livre de 32 pages est publié aux éditions Indigène au prix de 3 €.

 

Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l’expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, élevé à la dignité d Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d honneur !

 

Source : Sylvie Crossman sur le site Cdurable                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

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5 Commentaires sur

Un parfum de jeunesse avec Stéphane Hessel, 93 ans : indignez-vous !

  • EricNo Gravatar |

    un livre d’une actualité saisissante
    j’apprécie beaucoup la phrase:
    Nous avons le devoir de mettre en cause, en tant que citoyens, la légalité d’un gouvernement. Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c’est légal, il nous appartient de protester, de nous indigner et de désobéir

  • Eliane T.No Gravatar |

    Ouaouh ! 93 ans ? Quelle jeunesse en effet, il donne un coup de fouet dans notre « mollesse » quotidienne. Savoir encore s’indigner, c’est vrai que ce n’est pas facile tous les jours, alors qu’on est englué dans le quotidien, à essayer de s’en sortir, la tête dans le guidon. Un tel ouvrage nous secoue d’une manière salutaire. Merci M. Hessel.

  • ArsinoéNo Gravatar |

    il est vrai que la passivité est quelque chose de très répandu
    certains attendent que les autres bougent à leur place (exemple: les manif contre les retraites…), ou s’expriment pour eux (je ne veux pas d’ennui…)
    le pouvoir de dire non: une expression empruntée à un ami. ce pouvoir nous l’avons, mais nous ne l’utilisons pas; pourquoi?

  • bilouteNo Gravatar |

    comme quoi… on peut avoir 45 ans et avoir un raisonnement de vieux !!! Ce n’est pas une question d’age mais de principes !

  • GéraldineNo Gravatar |

    Je suis jeune et je suis indignée chaque jour de ce qu’il se passe dans notre pays, ce que l’on en fait et j’ai peur de ce qu’il devient ou deviendra, au choix…
    Dans mon cas, je ne me dis pas que je n’y peux rien, mais j’ai le sentiment que les gens aujourd’hui, et notamment les jeunes, sont plus fatalistes qu’avant et résignés comme jamais.
    Ce qui est malheureux, c’est que quand je lis ces quelques phrases, je me rends compte que c’est comme si je choisissais moi aussi la « facilité », me disant que ‘je n’y peux rien toute seule’.

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