Une « rafle » qui ne dit pas son nom

 

   « La chasse aux ROMS » est ouverte, pouvait-on lire sur certains sites internet.

Oui, beaucoup de gens l’interprètent bien comme une rafle, quand bien même les ministres s’en défendent.

 

Tous les ministres, d’ailleurs.

Lesquels ont des stratégies particulièrement effrayantes.

 

Pour le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, il s’agit « de faire du chiffre ». Tous les jours, ses services annoncent le nombre de camps évacués, le nombre de personnes concernées.

 

Et il est même fier d’assumer lui-même la tâche. Ce mardi, par exemple, depuis Toulon, il a triomphalement annoncé que le premier vol reconduisant des ROMS en situation irrégulière dans leurs pays d’origine partirait jeudi.

 

Il n’a pu s’empêcher de rappeler que depuis le discours de Grenoble, ce sont 51 camps illicites qui ont été évacués et d’annoncer ses prouesses pour les jours à venir «dans quelques jours, 150 ROMS, dont 80 adultes, seront évacués d’un camp à Marseille ».

 

Et comptable, en plus : «En tout, ce sont quelque 700 ROMS qui seront raccompagnés dans leurs pays d’ici la fin du mois ». Leur pays : la Roumanie et la Bulgarie.

 

Ces voyages seront effectués par des « compagnies privées depuis des aéroports publics » et auront lieu les 19 et 26 août, un troisième étant prévu pour fin septembre.

 

Pourquoi une telle précision ? On peut trouver la réponse dans les propos du ministre de l’Immigration, Eric Besson. Celui-ci a affirmé que la France ne mettrait pas en place des vols spéciaux pour reconduire les Roms dans leur pays d’origine.

 

Ce ne sont pas des charters affrétés pour l’occasion. Et alors ? Est-ce que cela change quelque chose au principe même de l’expulsion ? Bien sûr que non.

 

Autre affirmation du même ministre : « les personnes expulsées pourront revenir puisque c’est la loi ».

  

En d’autres mots, ils peuvent circuler sur le territoire européen, puisqu’il n’y a aucune interdiction.

Donc, c’est l’expulsion, sans motif valable, qui est illégale.

 

Et ce n’est pas ce piètre argument : « Ce ne sont pas des reconduites collectives, mais des reconduites individuelles » qui va changer le fond du problème.

 

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6 Commentaires sur

Une « rafle » qui ne dit pas son nom

  • SophieNo Gravatar |

    A quoi servent ces reconduites à la frontière, sinon faire un clin d’oeil à une frange du FN effrayée par tout ce qui est un peu différent ? Les ROMS font partie de l’Union Européenne, et si j’ai bien compris, les ressortissants de l’UE peuvent circuler librement à l’intérieur des pays membres. A moins que dans l’Europe même, il y ait des Européens à part entière et des Européens entièrement à part. Comme je ne crois pas que cela soit le cas, toutes ces personnes expulsées pourront donc revenir quand elles le voudront. Il serait logique que cette campagne soit financée sur le budget gouvernemental de la « com » !

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    La Bulgarie et la Roumanie sont pays européens. Donc leurs concitoyens peuvent voyager comme n’importe quel autre citoyen européen.
    Problème: ces deux pays ne sont pas dans l’espace Shengen et le sieur Lellouche aux affaires étrangères, menace de retarder leur entrée (prévue en 2011) dans cet espace s’ils ne s’occupent pas de cette question des ROM

  • Bruno H.No Gravatar |

    pour une fois que l’histoire a de l’humour

    A Vienne (Autriche) , le porte-parole de la communauté rom s’appelle ….. RUDOLF SARKÖZY

    le reste de l’article est à lire dans « Le monde »

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    Et en plus un billet dans « le canard enchaîné » du 18 août
    je vous laisse le découvrir
    trop bon.
    et si vous n’avez pas le canard enchaîné, vous pouvez activer le lien suivant
    http://boulesteix.blog.lemonde.fr/2010/08/18/sarkosi-defenseur-des-roms/

  • Bruno H.No Gravatar |

    @Jean-Jacques: lapsus révélateur. Lelouche, ce sont les affaires européennes et pas étrangères…
    toujours est-il que l’UE sort enfin de sa réserve : « La France doit respecter les règles concernant la protection des citoyens européens. Nous regardons la situation très attentivement pour vérifier que tout cela a été respecté. On nous parle aujourd’hui de retour volontaire. Si un Etat procède à une expulsion, il faut voir si c’est une décision proportionnée. Il faut regarder chaque cas. On ne peut pas prendre une décision sur toute une population. Les expulsions de citoyens européens ne sont possibles que si la personne est considérée comme une menace pour le pays », tels sont les propos du porte parole de la commissaire européenne à la Justice, aux Droits fondamentaux et à la Citoyenneté.

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    @Bruno : oui, j’ai un peu mélangé…
    je continue sur ta logique: Dire qu’il y a eu retour volontaire, c’est une bêtise, une provocation de plus. Selon le ministre de l’Immigration, Eric Besson, les 79 Roms reconduits dans leur pays ont accepté l’aide au retour humanitaire, soit 300 euros par adulte et 100 euros par enfant. Et pour les autres Roms, ceux qui ont composé les 25 vols « de retour » organisés depuis le début de l’année, l’Etat a aussi versé une aide ?

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