Élections présidentielles et législatives – À propos de l’urgence sociale : réponses à 23 questions (Questions 1 à 5)

 

    

L’urgence sociale se justifie aussi par l’urgence de faire respecter le droit au travail

 

J’ai répondu à 23 questions qui m’ont été posées sur la question de l’urgence sociale.

 

Mes réponses sont à retrouver sur le site saintdenis.pierreverges.fr. 

Je vous les communique bien volontiers sur mon blog tout au long de cette semaine.

 

Il est ô combien symbolique que je l’entame le jour du 66ème anniversaire du vote de la loi Raymond Vergès-Léon de Lépervanche consacrant le passage du statut colonial à celui de département. Bonne lecture !

 

1) Vous appelez depuis le début de votre mandat au conseil général à l’organisation d’Etats généraux de l’urgence sociale. Mais à quoi ça va servir ?

 

Je l’ai proposé avant même mon élection, lors de la campagne électorale.

Les événements de février ont montré une évidence : il y a un décalage entre ce que les élus proposent et ce que la population attend.

 

Pour les gens qui souffrent l’élu est un homme miracle, un Zorro, en quelque sorte.

Autre enseignement : la population estime que l’on ne vient la voir que lorsqu’il y a des élections et que la plupart du temps, elle est ignorée.

 

Des assises de l’urgence sociale permettaient de donner la parole et de répondre à cette demande, en dehors de la période des élections.

Akout anou, et antande nout message !

 

C’est la seule façon de faire pour que l’urgence sociale à La Réunion soit reconnue comme grande cause nationale, et que les propositions soient reprises dans les programmations futures de l’Etat dans un vrai projet de société et de développement pour La Réunion avec une vision à long terme.

 

2) Organiser aujourd’hui des États généraux de l’urgence sociale, alors que la révolte gronde partout, ce n’est pas trop tard ?

 

Près d’un an de retard a été pris.

 

Mais le travail en interne au conseil général a déjà commencé par une mise à plat des interventions sociales pour les optimiser par rapport à un contexte social nouveau et dégradé.

 

Il s’agit de le prolonger par une large concertation.

Cela n’est pas fini. Je ne veux pas mentir : la crise n’est pas encore finie.

 

La Réunion a une population qui augmente ; les jeunes sont nombreux mais la population réunionnaise vieillit.

 

Répondre à l’urgence, tout de suite, par l’attribution d’une augmentation de 200 euros sur les bas salaires, c’est une chose.

Mais comment faire pour que, dans les années à venir, nos enfants, nos petits-enfants, soient protégés ?

 

C’est ça, l’un des objectifs : faire ensemble quelque chose.

C’est ce que l’on appelle l’appropriation d’un problème et des solutions par la population.

 

3) D’accord, on fait des Assises avec la population. Celle-ci est appelée à faire des propositions. Mais on sait très bien que ces idées ne seront jamais appliquées, ou alors très partiellement ?

 

Ne soyons pas défaitistes tout de suite !

C’est vrai, il y a eu des Assises sur l’illettrisme, sur l’emploi, sur le logement…

Et cela a permis quand même de faire avancer les problèmes.

 

Est-ce que les gouvernements successifs nous auraient écoutés si nous n’avions pas, à La Réunion, parler d’illettrisme ? Ou d’agriculture ?

Est-ce qu’on doit toujours attendre que les autres fassent pour nous, à notre place ?

 

Nous sommes capables de nous entendre. Encore faut-il que s’écouter l’un l’autre.

 

4) C’est quoi, l’urgence sociale ?

 

Ce sont tous les problèmes qui, d’une façon ou d’une autre, font que des femmes, des hommes, des enfants, ne vivent pas dans des conditions minimum de sécurité et de bien être.

 

Ce sont les personnes qui sont SDF.

Ce sont les personnes qui vivent à plusieurs générations dans le même appartement.

 

Ce sont ces enfants qui ne peuvent étudier et faire le devoir, faute de place chez eux, ou faute d’électricité ou parce que les parents ne peuvent pas, pour de multiples raisons, assurer le relais d’éducation.

 

Ce sont ceux qui ne peuvent pas manger tous les jours à leur faim.

 

Ce sont des femmes qui sont battues par leur compagnon.

Ces enfants victimes de coups.

Ces gramounes subissant de mauvais traitements.

 

La liste est longue, très longue.

À la Réunion 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

 

5) Le logement, c’est aussi une urgence sociale ? Mais faire quelles propositions quand on sait que les élus réunionnais ne peuvent pas grand chose sur ce dossier, c’est un peu inutile ?

 

Oui, le logement est une urgence.

 

À la fois pour ce que l’on appelle l’hébergement d’urgence, pour les femmes battues, par exemple, ou pour les SDF, ou ceux qui pour une raison ou une autre, sont privés de logement de façon temporaire.

 

Mais c’est aussi une urgence pour les milliers de familles réunionnaises qui attendent un toit.

 

Lorsque vous dites que les élus réunionnais ne peuvent pas grand chose, vous mettez le doigt sur une réalité : le logement est une compétence de l’Etat.

Et celui-ci ne remplit pas ses obligations : assurer un toit pour tous.

 

Maintenant, il y a tout de même une toute petite marge de manœuvre pour les collectivités locales.

 

Et les élus ont la responsabilité de rester en vigilance permanente et interpeller les autorités compétentes pour faire avancer la résolution de problèmes pour la population qui lui a fait confiance en lui accordant ses suffrages.

 

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