Élections présidentielles et législatives – À propos de l’urgence sociale : réponses à 23 questions (Questions 15 à 19)

 

 

Depuis plus de 10 ans Maryse Dache se bat aux côtés des chômeurs, mal logés et sans domicile fixe au Port

 

J’ai répondu à 23 questions qui m’ont été posées sur la question de l’urgence sociale.

 

Mes réponses sont à retrouver sur le site saintdenis.pierreverges.fr. 

Je vous les communique bien volontiers sur mon blog tout au long de cette semaine.

 

Il est ô combien symbolique que je l’ai entamé le jour du 66ème anniversaire du vote de la loi Raymond Vergès-Léon de Lépervanche consacrant le passage du statut colonial à celui de département. Bonne lecture !

 

15) Vous dites toujours « mobiliser les moyens » ou « mutualiser les moyens ».

Mais c’est du vent. Regardez, les assistantes sociales, il y en a et malgré tout, il y a des familles qui ne sont jamais visitées.

C’est mal organisé, mais est-ce que vous êtes prêts à vous mettre les différents services d’assistantes sociales à dos (département, communes, CAF, MIO etc.) et ne faire qu’un seul service ?

 

Ce sera probablement l’un des thèmes à aborder lors de ces États généraux : si la participation de la population est indispensable, celle des professionnels est également fortement nécessaire.

 

Vous évoquez la question des assistantes sociales.

C’est vrai, il y en a dans presque toutes les collectivités ou structures (CAF etc.).

 

Vous avez raison, il y a des familles qui « échappent » à tout suivi.

Cela n’est pas acceptable. Comment s’organiser ?

Mutualiser ? Oui, bien sûr.

 

Suivre la personne en tant que telle et non pas parce qu’elle est allocataire de telle pension, ou qu’elle habite dans telle ville, ou qu’elle relève de tel régime… non, l’être humain ne peut pas être saucissonné comme ça.

 

La mobilisation des moyens – bien sûr, c’est un langage politiquement correct – mais cela ne veut pas dire qu’on ne fait rien.

 

Encore une fois, ces Etats généraux doivent être l’occasion de tout remettre à plat, de voir comment on peut faire, en mettant dans un pot commun tous les moyens financiers, en coupant peut être des prérogatives de certains, des « chasses gardées ».

 

16) Si jamais ces États généraux étaient un succès, est-ce que ce ne sont pas les politiques qui vont en récupérer les bénéfices ?

 

Non, c’est La Réunion qui va en récupérer les bénéfices, parce qu’on aura prouvé plusieurs choses :

 

▪ d’abord, que l’on est capable de s’écouter, de s’entendre, de réfléchir, de discuter, de partager, de dialoguer et de construire.

 

▪ ensuite, que l’on est responsables et que l’on peut faire face, prendre notre destin en main et construire notre avenir et celui de nos enfants.

 

▪ enfin, parce que toutes celles et tous ceux qui auront participé à ces Assises sauront qui a dit quoi ou proposer quoi.

 

S’il venait à un politique l’idée de s’approprier une solution donnée par d’autres, vous croyez qu’il aurait encore un bel avenir ?

La sanction tomberait vite : il ne serait plus élu.

 

Vous parlez en cas de réussite : mais en cas d’échec, la responsabilité sera collective.

Ou on gagne ensemble ou on perd ensemble.

 

Mais c’est ensemble.

 

17) N’est-ce pas trop tard pour dire que l’on va écouter ?

 

Il n’est jamais trop tard pour écouter.

Pendant des années, une chape de plomb a été posée sur La Réunion.

 

La parole a été libérée.

Rappelez-vous, dans les années 1990, les radios doléances, où les Réunionnais pouvaient – enfin – interpeller les hommes politiques en direct.

 

Ce fut une grande avancée pour libérer la parole.

Bien sûr, comme toujours quand on est privé de quelque chose pendant longtemps, on use de ce bien et on en abuse.

 

Il y a eu des abus, des dérives.

Elles se font sur les radios, sur les blogs, c’est un défouloir.

 

Les gens écrivent non pour dire ce qu’ils pensent, ou ce qu’ils proposent, mais pour insulter.

J’en sais quelque chose.

 

Mais ce n’est pas parce qu’une poignée d’individus se répand en invectives qu’il faut fermer les blogs !

Ce n’est pas parce qu’on a trop attendu pour libérer la parole et donner à l’écoute tout son sens qu’il ne faut pas le faire !

 

18) Pourquoi n’y a-t-il pas d’épicerie sociale à La Réunion ?

 

Il y a des épiceries sociales, adossées à des associations.

Certaines communes ont déjà lancé la réflexion et les projets devraient rapidement sortir.

 

Bien sûr, il faut trouver des solutions immédiates à des problèmes urgents.

 

L’épicerie solidaire est certainement le vecteur permettant de passer d’une exclusion totale, où l’individu n’a plus rien, à un début d’insertion, où l’individu commence à retrouver des points de repère.

 

Mais le mot épicerie me plait bien, car il renvoie à la notion de petit commerce, de lien de proximité.

C’était l’époque du « carnet », de la relation de confiance entre un commerçant et ses clients.

 

Je ne dis pas qu’il faut revenir à cela ; je dis juste qu’il y avait, auparavant, des systèmes non régulés par l’État ou les pouvoirs publics, qui permettaient d’éviter toute situation d’extrême détresse.

Mais les choses ont changé. Les commerçants voudraient peut être bien remettre ça au goût du jour, mais cela ne leur est pas possible !

 

La faute à cette avalanche de règlements, décrets, arrêtés, etc. qui font que le crédit est quelque chose de bien organisé ; et que les comptes de gestion visés par les experts et autres commissaires ne laissent aucune place à ce genre d’initiative.

 

19) N’est-on pas en train de sectoriser l’urgence sociale : des organismes spécialisés dans le logement, d’autres dans l’aide alimentaire… mais quoi de global, dans tout ça ?

 

Vous posez une question intéressante : doit-on considérer un individu par ce qu’il est ?

Allocataire du RSA, femme seule, porteur de handicap, privé d’emploi, jeune, vieux etc.

 

Ne doit-on pas considérer un individu en tant que tel : un être humain qui a besoin de se loger, de se nourrir, de se déplacer, de vivre, de s’amuser, de travailler, de s’instruire, d’avoir droit à la santé, à des lunettes etc.

 

La sectorisation actuelle peut être corrigée par la mutualisation des moyens, humains et financiers.

Mais cela suppose de changer de système.

 

C’était l’un des points que j’espérais voir abordé lors de ces Assises.

 

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