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2012
Émission « Devant La Réunion » du lundi 17 septembre 2012 : la retranscription (volet 1)
Catégorie : Pcr, POLITIQUE LOCALE
Tout en restant fidèle aux questions et réponses de l’émission, j’ai effectué une retranscription écrite en évitant les hésitations, les formules utilisées pour les transitions dans l’explication, et j’ai mis entre parenthèses les précisions utiles..
Bonne lecture.
Sophie Person : Pierre Vergès, bonsoir, ce midi, manifestation en soutien des journalistes agressés lors de la conférence de presse du député-maire de Saint-Leu, on a vu quelques politiques sur le parvis des Droits de l’Homme à Saint-Denis, mais pas vous ?
Pierre Vergès : Non, j’ai aussi à gérer d’autres aspects de ma vie, pas seulement professionnels, mais aussi personnels et familiaux et, à ce titre, je n’ai pas pu me dégager. En fait j’ai ma mère qui est dans une situation assez difficile.
Je dois donc faire des choix. Ce qui ne m’empêche pas d’être totalement solidaire de la protestation qui a été exprimée de manière assez massive me semble-t-il à la lecture des reportages sur les divers sites internet.
Sophie Person : Qu’avez-vous pensé de cette affaire ?
Pierre Vergès : Je me dis que c’est quand même très dangereux comme dérapages parce que, si à chaque fois qu’un journaliste dit quelque chose qui nous heurte, il devait être excommunié, il n’y aurait plus beaucoup de journalistes ni au JIR ni au Quotidien, ni à Témoignages faut-il le souligner, et je ne parle pas d’autres media.
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ! »
C’est extrêmement dangereux de vouloir une presse à son service, et c’est un des problèmes qui se pose aujourd’hui avec plus d’acuité au moment où notre île connaît une détresse sociale. Il ne faut pas utiliser cela à des fins électoralistes ou personnelles.
Yves Montrouge : Quand vous l’avez soutenu en 2008 aux municipales à Saint-Leu, était-il déjà comme ça ?
Pierre Vergès : Je ne sais pas s’il était comme ça de manière ostentatoire. Je ne le crois pas, mais manifestement, il a décidé de suivre une trajectoire personnelle, et de faire que sa carrière soit la plus conséquente possible, quitte à ce qu’elle soit brève.
Yves Montrouge : Mais quand vous dites que les journalistes ne doivent pas être attaqués, est-ce que Témoignages est exemplaire sur ce point ?
Pierre Vergès : Je ne dis pas qu’ils ne doivent pas être attaqués. Le fait de les désigner à la vindicte, c’est plus que les attaquer.
Il m’est arrivé de voir des contre vérités proférées par celui qui est en face de moi, Mr Montrouge.
J’ai répondu sur mon blog, parce que j’ai estimé de mon devoir d’y répondre, de manière ferme, mais sans excès.
Cela ne veut pas dire que je désigne quiconque à la vindicte.
Yves Montrouge : C’est donc une bataille de mots, un débat d’idées…
Pierre Vergès : Oui, et dans ce cadre l’on peut déraper en parlant de « politicien démagogue », en disant « il se contredit »,etc.
Ce sont des choses tout à fait normales.
L’agression du journaliste Édouard Marchal
Ou alors, cela veut dire que l’on veut être mis sur un piédestal. Et c’est extrêmement dangereux parce que de la « démocrature », on passera à la « dictature ».
Et tous les représentants politiques ou des media sont interpellés à titre personnel.
C’est la raison pour laquelle j’ai parlé de responsabilité personnelle dans ma tribune libre en tant que politique.
Sophie Person : Témoignages ne se gêne par parfois pour attaquer les confrères. C’est l’organe de presse du PCR. Trouvez-vous cela normal ?
Pierre Vergès : Entre confrères, il y a parfois des mots (durs).
Vous parlez de Témoignages, mais vous auriez très bien pu parler du JIR et de son « voisin d’en face » (Le Quotidien).
Cela ne les empêche pas d’être solidaires (quand ils sont agressés).
Faire un « procès » à Témoignages, au JIR ou autre est de mauvais goût.
Par contre, il peut y avoir parfois des excès, qui peuvent conduire à se retrouver devant un tribunal.
À ce sujet, vous savez très bien que j’ai dernièrement pris une position pour dire qu’il y a des excès qui ne nous honorent pas (quand on écrit qu’une personne qui quitte notre Parti nous fait penser à une « collaboratrice des nazis »).
Yves Montrouge : Donc pour vous, jamais d’agression physique ?
Pierre Vergès : Pas seulement.
Rassemblement de protestation des journalistes à Champ Fleury
Quand on dit que telle personne (la journaliste du JIR Clicanoo) n’a pas sa place là et doit « dégager » – alors même que cette personne n’est pas celle (Yves Montrouge) qui a assumé la qualification de « cinéma » (à propos de Thierry Robert) – sur une place publique, on va susciter chez certains une colère telle, en adhésion au combat qu’on mène et qui peut être légitime.
On ne peut pas alors dire qu’on n’est pas responsable quand on sait que l’on a attisé cette colère qui peut être mauvaise conseillère.
Sophie Person : Vous siégez dans une majorité au côté de Thierry Robert, mais vous avez annoncé la semaine dernière que vous allez démissionner de votre poste de vice-président. Votre tribune libre commence par « Reconstruction du PCR : le dire, et le faire ». Cela veut-il dire que d’autres en parlent, mais vous, vous l’appliquez ?
Pierre Vergès : Dans cette tribune libre, j’ai souligné qu’il doit y avoir une responsabilité collective, non seulement dans les avancées, mais également dans les échecs. Ensuite qu’il doit y avoir, au-delà de cette responsabilité collective, une responsabilité personnelle.
Comment je vois la mienne ? J’ai 55 ans environ. Dans 15 ans, j’aurai l’âge où Mr Jean-Louis Bianco (député PS qui a annoncé prendre sa « retraite politique » à cet âge) compte « arrêter ». Je suis un heureux grand-père de 4 petits-enfants.
J’estime qu’il est de mon devoir de poursuivre mon engagement politique durant ces 15 prochaines années, mais pour « transmettre le relais », pour essayer d’apporter ce que je peux apporter par mon expérience, pour partir plus « apaisé », parce qu’il aurait de nouvelles générations qui émergeraient, avec la fidélité aux combats passés et aux principes qui ont prospéré, de manière à ce qu’il n’y ait pas ce que l’on voit aujourd’hui (les dérives et « trahisons ») pour se dire que la seule issue possible est de rester aux avant-postes et que les autres soient derrière.
Au marché du Chaudron, avec Faaïza Ibrahim
Voilà ce qui m’a guidé, pour ce qui me concerne.
À partir du moment où je dis que c’est une responsabilité personnelle, chacun doit répondre devant les media ou autres. Je ne suis pas là, moi, pour dire « untel fait bien, untel ne fait pas bien », je ne suis pas juge…
Yves Montrouge : Mais comment rester aux avant-postes si vous démissionnez en 2013 du poste de conseiller général, car vous n ‘aurez plus de mandat…
Sophie Person : Est-ce que ça veut dire que vous ne briguerez plus aucun mandat ?
Pierre Vergès : J’ai dit que je serai toujours dans des combats politiques, mais que je ne serai pas forcément aux avant-postes.
Lorsque je fais une tribune libre, j’essaye d’être le plus précis possible.
J’ai vu que cela n’empêche pas certains de mal la lire, et d’avancer ceci : « est-ce que ce ne serait pas pour préparer l’échéance municipale de 2014 au Port ? »
Car si je dis qu’il s’agit pour moi de « passer le relais » en 2013 en sortant « par la porte » du Conseil général, ce n’est pas pour revenir « par la fenêtre » et conduire en 2014 une liste municipale au Port. Sinon, je serai en contradiction avec moi-même !
Par contre, est-ce que je dois être présent ? Je le souhaite ardemment, mais tout dépendra de ce que les camarades souhaitent.
Sophie Person : Mais est-ce que vous pourriez plus tard être à nouveau candidat ?…
Pierre Vergès : Oui, j’ai dit que je mènerai la bataille là où le Parti le souhaiterais, à Saint-Denis, au Port, comme ailleurs.
Aux législatives dans l’Est, avec ma suppléante Elisabeth Ponama
Si on me dit que ça ne sera pas (certain d’être) couronné de succès, heureusement ! Quand on mène des batailles aussi difficiles qu’à Saint-Paul contre Paul Bénard, alors maire, aux élections cantonales de 1985, qu’à Saint-Denis contre Gilbert Annette, alors maire, au deuxième tour des élections de député en 1993, qu’à Saint-André en 2007 dans une circonscription difficile où je n’ai pas eu un franc soutien de l’ensemble de mes camarades, il faut le dire sans « langue de bois »…
Yves Montrouge : Vous parlez d’Eric Fruteau ?
Pierre Vergès : Je ne parle pas de Eric Fruteau, je parle de camarades qui n’ont pas été aux avant-postes à mes côtés… effectivement que ce sont des batailles difficiles, mais peu me chaut : le problème n’est pas simplement d’être élu.
Je rappelle que les batailles et les conquêtes politiques à La Réunion l’ont été par un parti qui n‘avait pas beaucoup d’élus… peut-être que lorsqu’il en a eu trop, cela a posé problème.
Yves Montrouge : Vous faites cette tribune, l’assemblée générale pour la reconstruction a lieu le 30 septembre, est-ce que ce n’est pas pour vous positionner auprès de vos camarades en arguant qu’étant libre de fonctions électives, vous pouvez prendre les rênes de ce PCR reconstruit ?
Pierre Vergès : Vous me donnez là l’occasion de dire ceci : je ne souhaite absolument pas être le secrétaire général du Parti Communiste Réunionnais.
Est-ce que je souhaite faire partie d’une direction collégiale ? Si les camarades estiment que j’y ai ma place, j’assumerai. S’ils estiment que je n’y ai pas ma place, je resterai un militant de base, comme le disent certains, sans venir contrecarrer l’orientation qui aura été prise par ce parti.
Car j’estime malgré tout que c’est ce parti auquel j’appartiens, et aucun autre.
Yves Montrouge : C’est vous qui ne souhaitez pas (être secrétaire général) ou c’est parce que vous êtes un peu contesté au sein du parti, parce que vous êtes « fils de »… est-ce que c’est un handicap ?
Pierre Vergès : Pour certains c’est sans doute un handicap, une « tare ». En ce qui me concerne, je souhaite qu’il y ait une direction collégiale. Cela va à l’encontre de la pratique habituelle dans les différents partis…
Yves Montrouge : c’est-à-dire, plus de secrétaire général ?
Pierre Vergès : Il doit y avoir un secrétariat général avec des responsabilités assignées à chacun de ses membres, et c’est ainsi que l’on pourra avoir cette transmission du relais, je l’espère, par des « anciens » qui ont apporté énormément, qui restent présents pour accompagner, et non pas dire « maintenant que vous prenez les rênes, débrouillez-vous ».
C’est dans cette approche collégiale que l’on pourra susciter l’engagement et la motivation de jeunes générations dans un cadre d’organisation disciplinée, et non pas dans un cadre où chacun décide…
Sophie Person : Est-ce que vous pensez aussi comme certains qui disent que Paul Vergès devrait se retirer ?
Pierre Vergès : Je ne suis pas à la place de Paul Vergès.
Mais en ce qui me concerne, quand je dis que je vais démissionner en 2013, pas avant, j’ai expliqué pourquoi.
Il y a des problèmes sensibles en matière de transports ou autres. Mais les problèmes demeureront après 2013, sinon ce serait avoir la prétention de certains députés maires.
Moi je ne souhaite pas apparaître comme le messie. Je souhaite simplement apporter mon concours (à la reconstruction) et dans ce cadre démissionner en 2013. D’autres le feront peut-être en temps voulu. En tout cas, pour ma part, je crois que c’est un signe fort qu’il faut apporter pour le bien de notre Parti.
Salut,
Je n’ai pas eu l’occasion d’écouter…mais j’ai pris le temps de lire.
Et j’ai apprécié.
Fraternellement.
Patrick.
Petit message pour Sophie Person !!
Un petit bjr d’ un ancien du collège le Landry à Rennes.
Bravo pour tes émissions.
Après avoir pas mal bourlingué, retour en Bretagne depuis un an mais repartirons
bientôt !!
Viele grüße
Emmanuel