Et maintenant les législatives – La priorité des priorités : l’emploi (3ème partie)

 

Ne pas oublier les agents non titulaires de la fonction publique !

 

François Hollande est maintenant Président de la République.

Il a établi sa feuille de route.

 

Avec notamment l’organisation d’une Conférence économique de l’Outre-mer, afin de « mettre à plat les besoins de ces territoires, frappés par un chômage endémique et des problèmes structurels ».

 

Il y a fort à faire.

Tous les secteurs doivent être abordés.

 

Je vous ai parlé dans mes deux précédents articles des mesures législatives à prendre :

 

– pour donner la priorité aux Réunionnais dans les emplois de la fonction publique (moratoire de 15 ans),

– ou pour organiser le retour aux pays de ceux qui sont partis travailler en France.

 

Dans le secteur privé, aussi, des solutions existent.

Je le répète : elles ne sont pas utopistes. Ce n’est pas du rêve.

 

C’est à notre portée. À condition qu’il y ait la volonté politique pour y parvenir.

 

Quelle « union sacrée ? »

 

La volonté politique nous dicte de défendre l’emploi des Réunionnaises et des Réunionnais contre vents et marées. 

Être avant tout profondément, passionnément Réunionnais.

 

On peut évoquer les « alliances sacrées », les « unions sacrées », en période de campagne électorale.

On sait très bien, une fois l’élection passée, ce qu’il advient de certains engagements « de circonstance ».

 

Des propositions électoralistes et populistes qui n’arrivent pas à masquer, dans ce cas, une volonté d’exister politiquement, de quelque manière que ce soit.

 

Et si l’on parle chômage, il faut aussi parler « emploi ».

 

 Des chiffres évocateurs

 

Il faut aussi considérer celles et ceux qui sont en poste.

Notamment dans la fonction publique d’État, hospitalière et territoriale.

 

En outre-mer, 13,5% des agents ne sont pas titulaires dans la fonction publique d’Etat : ce chiffre est de 2,9% pour la France.

Parmi ces 13,5% de non titulaires, les assistants d’éducation sont 49% !

 

34% ne sont pas titulaires de leur poste, dans la fonction publique hospitalière.

37,5% des salariés ne sont pas titulaires de leur poste dans la fonction publique territoriale. En France, les non titulaires ne représentent « que » 6,2%.

 

Les inégalités de la fonction publique

 

À La Réunion, on compte 61% de non titulaires parmi les agents territoriaux.

Près de 90% de ces agents sont des « intégrés » et des « journaliers » ou des « reclassés » relevant de la catégorie C. À noter que ces trois catégories sont spécifiques à La Réunion.

 

Et de manière générale, c’est la classe d’âge 30/50 ans qui est la plus représentée chez les non titulaires : 61,5%.

Lors du débat sur la réforme de la fonction publique, à l’assemblée nationale comme au Sénat, bien peu d’interventions ont été faites pour expliquer la situation réunionnaise.

 

Certains, fidèles à leurs habitudes, ont tout simplement applaudi le projet de l’ex gouvernement Fillon.

D’autres, toujours aussi fidèles à leur mode de fonctionnement, avaient jugé plus prudent de ne pas être présents lors des débats.

 

L’attitude contestable de certains parlementaires

 

Est-ce vraiment l’attitude que l’on peut attendre des parlementaires ?

Croyez-vous qu’avec des représentants comme cela, la situation des « journaliers », des « reclassés » va changer ?

 

Le sénateur Paul Vergès s’est exprimé et a présenté l’analyse effectuée par le Parti Communiste Réunionnais.

Premier constat : la fonction publique est loin d’avoir le caractère d’unité qu’elle devrait avoir.

 

C’était d’ailleurs la raison pour laquelle le projet de loi avait été proposé : recréer l’unité.

Sauf que, s’il y a bien un territoire dans lequel l’unité n’est pas : c’est La Réunion.

 

Une situation que l’on pourrait qualifier même d’anarchique.

 

Aborder la question des rémunérations

 

C’est la question du statut, entre titulaires et non titulaires.

C’est aussi la question des rémunérations, entre « sur rémunérés » et les autres.

 

Il existe une sur rémunération qui d’ailleurs varie selon le ministère de tutelle : entre 40% et 73% pour la fonction publique d’Etat et organismes assimilés.

Quant aux salariés de la fonction publique territoriale, ils sont très très peu à la percevoir, cette fameuse « sur rèm ».

 

Dois-je rappeler que la question des salaires et rémunérations à La Réunion est celle qui cristallise toutes les contradictions ?

 

Deux remarques doivent être formulées.

 

1°- Les inégalités de traitement à La Réunion sont tellement flagrantes qu’elles ne peuvent plus être acceptées ou tolérées.

 

Certains y voient les conditions d’une implosion ou d’une explosion sociale. C’est tout à fait probable.

Mais c’est surtout le fait qu’un principe soit bafoué : l’égalité sociale.

 

La Réunion l’a obtenue de haute lutte, globalement, avec la France, après 50 ans de batailles.

Il reste aujourd’hui le chantier de l’égalité réunionnaise.

 

2°- Rien, je dis bien rien, ne pourra être appliqué, sans que préalablement, il n’y ait eu un débat approfondi sur la question AVEC L’ENSEMBLE DE LA POPULATION.

 

Il ne faut surtout pas faire comme la présidente du Conseil général, qui utilise, pour sa campagne législative, le « Livre blanc de l’urgence sociale ».

Document élaboré sans avoir consulté les premiers concernés, les bénéficiaires, dénaturant l’objectif initial… qu’elle avait d’ailleurs partagé par des déclarations que j’ai reproduit sur ce blog le 9 mai.

 

La sur rémunération a été une mesure prise par l’Etat.

Bien sûr, il lui appartient de régler ce problème.

 

Mais il ne pourra le faire « sur notre dos ».

L’ensemble des fonctionnaires, des trois fonctions publiques, est concerné.

 

Ils doivent avoir la parole et s’exprimer, dans des conditions de dialogue sincère et réel.

 

Il y a donc là un travail parlementaire énorme à mener :

 

– d’une part, pour créer les conditions de l’intégration des non titulaires de la fonction publique territoriale,

– d’autre part, aborder cette question des sur rémunérations.

 

Pas de décision unilatérale

 

Mais en tout état de cause, je le répète, rien ne pourra être décidé de manière unilatérale, sans concertation avec les parties intéressées.

 

Les 16.500 agents de la fonction publique territoriale de La Réunion – aux quels il faut rajouter les 8.000 titulaires d’emplois dits aidés – ont été jusque là patients.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut les faire patienter encore des années.

 

Alors je demande instamment au Président de la République nouvellement élu de mettre cette question des agents de la fonction publique au programme de cette conférence économique.

 

Et d’inviter les Réunionnaises et les Réunionnais aux débats. Ainsi que les collectivités locales, leurs employeurs.

 

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