Du 29 juillet au 31 août : rétrospective – Juillet 2012 (1) : crise économique et sociale et souffrance morale

Pierre Vergès Je serai absent pour les jours qui viennent. C’est l’occasion de vous faire partager une rétrospective de mes articles depuis deux ans. Et les informations contenues dans ces papiers ont toujours une part d’actualité. J’entends par là qu’il est intéressant de voir combien la citation de Blaise Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » est juste.

Ainsi par exemple, la vérité sur un fait, l’indignation devant une injustice, la revendication devant un traitement inapproprié , peuvent être fortes… ou faibles voire inexistantes, selon que l’on est dans l’opposition ou au pouvoir.

Cela dit, celles et ceux qui dans ces articles sont sujets à des critiques peuvent avoir parfois montré leurs aptitudes à se remettre en cause. Comme quoi personne n’est parfait.

Enfin, j’arrête là et vous souhaite bonne lecture !

  

2 juillet 2012 – Rétrospective 4 – Alerte-Urgent – «Perspectives économiques de La Réunion » met en garde contre la crise à venir (4 août 2010)    

  

 manif COSPAR social 14 mai 2010 – 27 juin 2012

 

Voilà maintenant plus de deux ans que je partage avec vous mes points de vue sur ce blog.

Plus de 1000 visites quotidiennes, parfois jusqu’à près de 3500.

J’y trouve là motif à poursuivre mon exercice, qui nécessite d’une part approfondissement de mes connaissances, et d’autre part effort de présentation pour vous les restituer le plus fidèlement possible.

J’éprouve un grand plaisir à tenter de diversifier les rubriques, et de rester fidèle à une ligne de conduite : ne pas succomber à la facilité, ne pas tomber dans l’excès de langage, ne pas me laisser aller à l’invective.

Vous comprendrez donc aisément que je me refuse à publier des commentaires dont les auteurs s’égareraient dans ces chemins de traverse. 

Jusqu’au 24 juillet, j’ai décidé de procéder quotidiennement à une rétrospective des articles parus sur mon blog, en choisissant un article pour chaque mois de mai 2010 à décembre 2011, et en mentionnant pour l’article concerné le nombre de fois où il a été vu.

Je m’aperçois que ces articles gardent tout leur intérêt sur le plan de l’actualité.

À vous de juger. Bonne lecture !

*****

À plusieurs reprises, j’ai attiré l’attention sur les effets à terme de la crise financière et économique pour notre pays.

Au nom du PCR, en conférence de presse, j’ai rappelé que La Réunion est confrontée en permanence à une situation difficile et que celle-ci s’est aggravée récemment avec un brutal retournement de tendance. 

Notre croissance qui était positive (+5%) est devenue négative (-3%) .

D’où la crainte justifiée d’une aggravation plus conséquente dans les mois et années à venir.

Dans son édition de juillet, la revue « Perspectives économiques de La Réunion » est plus pessimiste encore.

Pour son éditorialiste, « dans les années qui viennent, La Réunion va traverser une crise majeure identique aux deux ou trois grandes crises qui ont façonné son histoire depuis le début du peuplement. Celle-ci ressemble beaucoup à la crise du sucre du XIX° siècle ».

« Nous arrivons au terme de l’une de ces grandes périodes d’illusion collective qui ressurgissent de loin en loin au cours de l’histoire et qui se terminera toujours par une catastrophe », écrit la revue.

Elle souligne les difficultés qui attendent les collectivités qui « ne peuvent plus se permettre 1 euro de dette ».

« Perspectives » est catégorique : « il n’y aura plus de grands projets. C’est fini, terminé, on ferme ».

C’est dans l’analyse des origines de cette situation et dans les perspectives tracées que la revue économique pose problème.

Certes, « Perspectives » reconnaît qu’il y a, au départ, une baisse des transferts publics et des recettes fiscales .

Mais, pour la revue, c’est le « train de vie » réunionnais qui doit être mise en cause.

Pour « Perspectives », la situation s’est dégradée à partir de 2003 parce que « La Réunion a cru au Père Noël (…) Elle a pris la vessie de l’augmentation des transferts publics de défiscalisation pour la lanterne d’une véritable compétitivité ». 

« Les responsables publics » et « les chefs d’entreprise » ont « plongé sans discernement dans l’économie de la dette », accusent les auteurs de la revue.  

Ceux-ci auraient donc vu plus gros que leur ventre. Conclusion : à l’avenir pour pouvoir « exister autrement », il faudra accepter « nos limites ». 

Pour réussir « cette transition vers une situation d’équilibre raisonnable, nous devons d’abord modifier un réglage intérieur », écrit « Perspectives ».

Il faut espérer que cette nouvelle mise en garde incite les Réunionnais à mieux appréhender la catastrophe qui s’annonce.

Il faudra sans doute s’entendre et partager une analyse. C’est la condition pour réussir la mutation qui s’avère nécessaire.

 

« Perspectives économiques de La Réunion » est disponible en librairie ou au CERDOM 20, bis Chemin transversal du Bel-Air 97441-Sainte-Suzanne

 

5 juillet 2012 – Rétrospective 7 – Courrier de lecteur – La vie d’un policier réunionnais en Métropole (3 novembre 2010)

 

courrier des lecteurs 

 Un ami, Idriss R., m’a fait part de son souhait de voir publiée sur mon blog la lettre très explicite sur la vie de Réunionnais souvent obligés de quitter leur île pour trouver un emploi.

Cette lettre est très émouvante, et argumentée ! Je vous la livre in extenso. Bonne lecture !

 

1/ Savoir qu’il faut venir, mais le vivre !

 

Pour devenir policier, il faut être reçu à un concours que tu passes dans ta région, et pour les réunionnais, ils le passent sur leur île natale. 

Après être reçu il faut aller en école de police en Métropole, et être affecté sur le territoire métropolitain à l’issue.

Il n’y a pas de poste pour l’ile de la réunion en sortie d’école.

Ce que l’on ne sait pas, c’est qu’on est parti pour 10 à 12 ans minimum, loin de son île.

Après avoir fait toute sa vie à la Réunion, entouré de sa famille, dans son cocon, on se retrouve seul et pas accompagné.

 

2/ L’éloignement

 

Quitter son ile, et faire 10 000 km pour trouver du travail, n’est pas chose aisée lorsqu’on n’y est pas préparé psychologiquement et financièrement.

On arrive dans une nouvelle atmosphère, une nouvelle ambiance, de nouvelles températures, de nouvelles mentalités.

L’environnement n’est pas adapté à une personne qui a vécu toute sa jeunesse sur une ile et surtout pour celui qui n’a pas de famille ou d’entourage proche sur place.

  

3/ Les évènements familiaux

 

À la Réunion les gens sont très famille, donc très entourés.

Chaque évènement est très important pour son équilibre.

Il y a souvent un mariage, un baptême, un anniversaire, une cérémonie religieuse, une occasion pour réunir la famille et se retrouver.

Lorsqu’on est à 10 000 km, il faut faire une croix sur tout cela.

Et je ne parle pas de décès et de maladie dans la famille. Beaucoup de compatriotes le vivent très mal.

 

4/ Congé bonifié / Repos

 

L’administration a une seule réponse à cela, c’est les congés bonifiés.

Aussi il faudrait que sa famille puisse organiser ces différents évènements lors de son retour sur l’ile.

Sinon pour y aller, il te faut débourser au minimum 800 euros pour voir les siens. Mais aussi prévoir au minimum 05 jours de congés, si tu veux retrouver ta famille.  

Alors que pour un métropolitain, il lui suffit de prévoir avec la SNCF pour le prix du billet et de trois heures de trajet, pour être chez lui.

 

5/ Mutation 

 

Alors, il me reste la mutation.

Mais là encore des soucis en perspective.

Pour être muté à l’Ile de la Réunion, il faut compter 10 à 12 ans en Métropole, avant d’espérer que son dossier soit à peu près au dessus de la pile.

Il y a une grosse différence entre le nombre de réunionnais réussissant le concours, et le nombre de demandes de mutation.

Notre ile est-elle trop attractive ? Là, c’est un autre souci.

Mais le gros problème c’est le système de mutation qui est à revoir.

Aujourd’hui un ancien sera muté avant celui qui aura fait des demandes depuis des années.

C’est-à-dire, une personne parce qu’il aura une ancienneté administrative supérieure à une personne qui a toujours demandé l’ile de la Réunion, sera muté avant celui-ci.

Il aura suffit qu’il ait une révélation, qu’il aura regardé une émission et qu’il soit tombé sous le charme, ou tout simplement une envie, alors il fera la demande de mutation, et il partira avant celui qui tout au long de sa carrière a demandé le poste en mutation.

Avec les chances qu’il ne s’y plaise pas, qu’il ne s’adapte pas, et qu’il demande à retourner en métropole.

Et pour couronner le tout, il y a ceux qui refusent la mutation pour X raison, et là le poste est perdu.

Un réunionnais qui veut rentrer chez lui, n’a qu’un seul choix, c’est SATPN REUNION, sinon c’est rien d’autre.

Alors que quelqu’un qui est du sud, du nord, ou toutes autres régions françaises, pourra soit demander sa région de naissance ou se rapprocher au maximum en demandant la ville ou le département voisin.

Ce qui n’est pas le cas d’un réunionnais, il n’a pas cette chance.

 

6/ Avancement de carrière

  

Dans la police, comme dans tout autre métier, celui qui veut évoluer, peut le faire soit en élargissant ses compétences, soit en montant de grades.

Mais devant lui se dresse un problème de taille.

Si on élargit trop ses compétences, on risque de se trouver bloqué parce que les postes n’existent pas, ou les places sont chères ou prises sur place.

Et lorsqu’on monte de grade on se retrouve bloqué ici en Métropole, et les demandes de mutation sont repoussées.

Alors que fait on ? Soit resté à sa place et lorsqu’on arrive à la Réunion, on est les derniers et les tous petits.

Ou soit on s’élève et on reste bloqué en métropole.

 

7/ Vie de couple

 

Beaucoup de réunionnais arrivent jeunes en Métropole.

Après s’être installé, il souhaite fonder une famille, et investir dans un logement.

Mais là encore, le réunionnais est confronté à un autre souci.

Il est entre sa femme qui n’arrive pas à s’adapter, qui ne veut pas venir en Métropole, qui a des problèmes de santé.

Seul sans famille, et ayant perdu ses repères, le couple ne tient pas.

Beaucoup ne peuvent pas ou ne veulent pas avoir d’enfant, de peur de ne pas y arriver et celui qui a des enfants, se trouve également dans une situation délicate.

Les enfants grandissent, et beaucoup ne veulent pas aller vivre sur la terre de ses parents, de peur de perdre ses repères.

Alors les parents se retrouvent contraint à rester ici en métropole, loin des ses origines.

 

8/ Retour en vacances

 

Aussi pour ne pas perdre contact avec les siens, il y a les vacances.

Mais lorsqu’on arrive sur place, on est considéré comme un touriste ou un étranger de passage.

On est reçu par la famille comme un expatrié et non comme celui qui petit ou plus jeune était celui qui était des leurs.

La famille ne nous voit plus de la même façon.

Les petits ne nous reconnaissent pas ou plus.

Et le fossé se creuse de plus en plus suivant le nombre d’année passé en exil.

De plus lorsqu’on est muté, on est mis à part, et la réintégration dans le noyau familial se passe souvent mal.

Aujourd’hui on nous parle de continuité territoriale, d’intégration des jeunes réunionnais vers le monde extérieur, mais a-t-on pensé au devenir de ces jeunes ?

Nos jeunes quittent l’ile pour apprendre, mais y a-t-il une place pour eux à leur retour ?

On parle de préférence régionale, mais combien attendent de rentrer et se voient passer devant eux des personnes qui n’ont d’autres ambitions que de profiter du système ?

Notre culture risque de se perdre et ne pourra survivre que si nos jeunes pouvaient revenir et apporter leur savoir faire, partager leurs expériences.

Pour y retourner, il nous reste la démission, trouver une place en Police Municipale, ou un drame humain.

 

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