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2013
Du 29 juillet au 31 août : rétrospective – Juin 2012 : enjeu de société et biodiversité
Catégorie : RETROSPECTIVEJe serai absent pour les jours qui viennent. C’est l’occasion de vous faire partager une rétrospective de mes articles depuis deux ans. Et les informations contenues dans ces papiers ont toujours une part d’actualité. J’entends par là qu’il est intéressant de voir combien la citation de Blaise Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » est juste.
Ainsi par exemple, la vérité sur un fait, l’indignation devant une injustice, la revendication devant un traitement inapproprié , peuvent être fortes… ou faibles voire inexistantes, selon que l’on est dans l’opposition ou au pouvoir.
Cela dit, celles et ceux qui dans ces articles sont sujets à des critiques peuvent avoir parfois montré leurs aptitudes à se remettre en cause. Comme quoi personne n’est parfait.
Enfin, j’arrête là et vous souhaite bonne lecture !
5 juin 2012 – Tribune libre – Prise en charge de la dépendance : le défi humain, un enjeu de société
La progression démographique pose avec une acuité particulière à La Réunion, la question de la prise en charge de la dépendance de nos ainés.
La plus grande précarisation de la société réunionnaise (avec la majorité des personnes âgées au minimum vieillesse) pose aussi la question des moyens qui seront à déployer pour assurer un traitement digne des personnes âgées dans les années et décennies à venir.
L’alerte rouge est déjà déclenchée car si l’on continue au fil de l’eau d’ici 2014 (soit au prochain mandat) : un conseil général sur 2 sera en cessation de paiement sur cette ligne budgétaire.
Les causes de la perte d’autonomie : le vieillissement mais aussi la pénibilité des conditions de travail
À La Réunion : 14.000 personnes sont dépendantes.
La prévalence de la dépendance est plus forte ici à La Réunion.
L’autre caractéristique de La Réunion : une entrée plus précoce dans la dépendance.
C’est principalement l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) qui prend en charge la perte d’autonomie des personnes âgées.
C’est le Conseil Général qui est compétent.
Cette dépense de solidarité est une obligation légale découlant des lois de décentralisation.
L’État assure donc le transfert des moyens nécessaires pour assumer cette obligation (ressource : Caisse Nationale de Solidarité Pour l’Autonomie – CNSA).
Un déficit de compensation intolérable
Il y a 12.152 bénéficiaires de l’APA à La Réunion.
Ce qui représente une dépense moyenne de 75 M€ par an (référence 2010).
Le problème est que le Conseil Général n’a perçu que 40 M€ sur le même exercice.
Depuis 2002, le déficit de compensation est évalué à 196 M€ (en cumul).
Sans compter le déficit lié au RMI et désormais RSA, transfert de TOS,…
Ce qui est inquiétant c’est la progression de ces dépenses sous le poids du vieillissement de la population : les +60 ans vont doubler d’ici 2030 (250.000 personnes).
L’augmentation importante de personnes dépendantes d’ici 2030
On évalue à environ 29.000 le nombre de personnes dépendantes en 2030.
Une progression supérieure de 4 points par rapport au national.
Sur ce scénario, la charge nette pour le Conseil Général pourrait atteindre 116 Millions annuels en 2020.
Au niveau national, c’est donc un problème qui est bien pris en compte.
Le précèdent gouvernement en avait même fait une promesse de campagne en proposant une grande réforme de la dépendance.
Heureusement que cette réforme n’a pas vu le jour car elle menaçait fortement la solidarité qui est due aux personnes âgées (privatisation par un système assurantiel, recours sur succession, non prise en charge du GIR 4 – l’échelon de dépendance le plus faible)…
La nécessité de réformer est une évidence partagée de façon unanime
Le rôle du législateur sera crucial aux côtés du nouveau Gouvernement pour réformer la prise en charge de la dépendance dans la défense des principes de solidarité et de prise en compte des conditions sociales des bénéficiaires.
– Le candidat François Hollande s’était engagé à mettre en place une loi cadre sur la dépendance ;
– Dans le cadre d’un nouvel acte de décentralisation soutenu par François Hollande, il est essentiel que la situation financière des Départements soit prise en considération avec un juste transfert de compensation afin de permettre la pérennité de la prise en charge notamment au service des plus vulnérables.
La dépendance : des emplois à la clef,…
L’autre enjeu est l’activité générée dans le secteur des services à la personne.
Compte tenu des perspectives ouvertes par les soins aux personnes âgées, un véritable secteur d’activités et d’emplois s’est développé.
C’est même ce que l’on appelle un secteur d’avenir.
À La Réunion : 6700 emplois nouveaux sont prévus d’ici 2020.
C’est un enjeu essentiel en terme d’emplois.
…mais le secteur des Services à la Personne doit être sécurisé
Le naufrage de l’ARAST a recomposé le marché.
De nombreuses structures associatives, privées… ont vu le jour.
La fragilité du système est l’une des faiblesses à combattre.
C’est la vocation du GIP SAP que le Conseil Général a lancé au lendemain de l’ARAST.
Pour éviter à tout jamais un nouvel ARAST
3 ans après, le bilan de cet outil ne semble pas permettre de garantir des mécanismes de sauvegarde des outils économiques destinés à offrir la main d’œuvre nécessaire pour le traitement des personnes âgées à domicile.
Le dernier exemple en date : Proxim services (600 emplois menacés, 4500 bénéficiaires).
2 raisons majeures :
– la fin de l’exonération de charges patronales sur les SAP en 2010 : 28% d’abattement sur l’encadrement (plafond SMIC) annulé : ce qui représente une charge supplémentaire non anticipée pour ces structures dès 2011 (qui peut représenter plusieurs centaines de milliers d’€ par an).
– L’autre raison est la non application par le Conseil Général de l’arrêté ministériel qui fixe chaque année la hausse du tarif horaire du SAP (environ 2% par an).
Le Conseil Général n’a pas augmenté son tarif depuis 2009 : actuellement de 17, 59€ ce tarif sera augmenté au 1er juin à 18€.
Mais sans rétroactivité.
Les dirigeants des structures ne sont pas exonérés d’erreur de gestion ou de charges trop fortes liés à des coûts de structure importants : nombre d’antennes, poids de l’encadrement, c’est la vocation du GIP SAP qui doit intervenir comme un organisme d’accompagnement pour veiller à la bonne gestion du secteur.
Un dispositif incitatif pour relancer le secteur et sécuriser les structures qui existent est nécessaire.
Les bénéficiaires de ces structures, c’est à dire les personnes âgées, tout comme les salariés qui chaque jour leur apportent les soins, méritent d’être sécurisés.
Pierre Vergès, le 04 juin 2012
26 juin 2012 – Biodiversité – Attention aux champignons… pas ceux auxquels on croit !
Nous sommes souvent interpellés sur les dangers générés par les virus et les bactéries.
Mais un fléau aussi inquiétant menace le monde au niveau de la biodiversité et de la sécurité alimentaire : les champignons.
En effet, un article de la revue Nature révèle que les maladies fongiques, donc provoquées par les champignons, détruisent chaque année au moins 125 millions de tonnes des cinq principales cultures : riz, blé, maïs, pommes de terre et soja.
Une perte de 47 milliards d’euros chaque année
C’est une perte conséquente car ces récoltes perdues auraient permis de nourrir sur l’année plus de 600 millions d’êtres humains.
Selon Matthew Fischer, épidémiologiste à l’Imperial College de Londres, les spores pathogènes entraînent chaque année un manque à gagner de 47 milliards d’euros, uniquement pour les cultures de riz, de blé et de maïs.
Tout le monde connaît les conséquences socio-économiques dramatiques en Europe, à la fin du 19ème siècle, du pouvoir destructeur de ces champignons : le mildiou de la pomme de terre en 1845, l’oïdium de la vigne en 1845, le mildiou de la vigne en 1878.
Le problème est que le phénomène est en pleine expansion.
Pour Matthew Fischer,
« Lorsqu’une maladie infectieuse éradique une espèce vivante, végétale ou animale, dans 70 % des cas, une nouvelle espèce de champignon se cache derrière ».
La responsabilité de l’être humain
Et bien sûr, la responsabilité de l’être humain est de nouveau posée car bien souvent cela provient de l’introduction, naturelle ou accidentelle, d’une espèce fongique dans une région dont elle était totalement absente.
Contrairement aux virus, les champignons sont capables de survivre longtemps en dehors de leur hôte, ce qui leur permet de se propager sur de grandes distances.
Alors que l’origine nord-américaine était prépondérante dans le passé, aujourd’hui, c’est d’Asie que proviendrait l’essentiel des introductions.
Les transports de champignons se font souvent de manière involontaire, par le biais des marchandises, ce qui rend l’identification de leur origine particulièrement difficile.
La première cause de cette inflation de maladies fongiques semble, de très loin, la globalisation des échanges.
Changement climatique, pollution et pesticides
Mais, entre autres hypothèses possibles, il y a d’une part le changement climatique, qui pourrait modifier les aires de répartition de certains parasites, et d’autre part des facteurs environnementaux, avec la pollution de l’air et les pesticides, qui rendraient les espèces végétales et animales plus sensibles aux agents pathogènes.
Une autre préoccupation est la vitesse de ces invasions.
La lutte contre ces milliers d’espèces fongiques s’avère difficile. Ainsi les experts savent que l’efficacité des contrôles renforcés des produits animaux et végétaux circulant dans le monde restera limitée.
L’urgence est donc de développer des outils permettant de mieux prévoir l’apparition des maladies fongiques, afin de tenter de les isoler avant qu’elles ne se propagent.
Le règne animal aussi est menacé
Mais hélas, le règne végétal n’est pas le seul menacé.
Tatiana Giraud, chargée de recherches du département de génétique et écologie évolutives de l’université Paris-Sud souligne que
« Les champignons ont du mal à se développer à la température des vertébrés, car ils sont rapidement tués par la chaleur. Les plantes sont donc plus concernées que les animaux par les maladies fongiques ».
Le problème est qu’il existe des animaux à sang-froid.
Ainsi, en Amérique du Nord, le « syndrome du nez blanc », provoqué par le champignon Geomyces destructans, a ainsi décimé depuis 2006 près de 7 millions de chauves-souris, qui ont la truffe fraîche.
Source : Les champignons pires que les virus et les bactéries par Catherine Vincent in Le Monde