Le SMTR est enfin créé. Soit, et maintenant ?

3d human with a red question mark Ce lundi 30 septembre s’est réuni le premier conseil du syndicat mixte de transport de La Réunion.

L’ordre du jour de ce conseil syndical comprenait l’élection à la présidence, la fixation du nombre de membres du bureau et leur désignation, la validation du l’adresse du siège du SMTR.

 

L’élection à la présidence     

  

Je me réjouis que la présidence ait été confiée au département, ou plus exactement à la présidente du conseil général Nassimah Dindar.

D’abord, parce que le département est la première institution à avoir organisé des transports collectifs à La Réunion.

Ensuite, parce que le département, contrairement à ce que croient certaines personnes qui se laissent avoir par la communication de la région, est le seul à offrir une desserte de transports sur toute l’Île, tandis que les AOTU (CINOR, TCO, CIVIS, CASUD et CIREST) offrent un service sur leur territoire, pendant que la région n’offre aucun service.

La région n’intervient que pour financer les bus des AOT qui ont signé la convention cadre avec la région (sauf ceux que prévoit le département, allez savoir pourquoi !).

Pourtant, pendant longtemps, la région à prétendu à la présidence du SMTR.

Il faut savoir que les statuts validés par toutes les AOT (dont la région) prévoyaient une durée de la fonction de 3 ans. 

J’avais suggéré une durée de deux ans, pour la bonne et simple raison que le mandat de 6 ans des élus concernés, permettait une rotation entre les trois types de membres du SMTR : département, région, et communautés d’agglomération.

Faut-il y voir une relation de cause à effet ? En tout cas, l’acceptation de confier la présidence au département s’est accompagnée d’une demande de modification des statuts dans le but de ramener la durée de cette fonction à… un an seulement.

Comme le problème pour le département n’est pas là, mais dans les actions concrètes à proposer aux réunionnais, le département n’en a pas fait un point de blocage.

Soit, mais le plus délicat est pour certains d’avoir anticipé sur la présidence dans un an, puisque la région revendique celle-ci… qui interviendra alors à 6 mois des élections régionales !

De plus, cet hypothèse à été envisagée alors que les élus des AOTU sont susceptibles de profondément changer du fait des élections municipales qui interviendront dans 6 mois.

  

Le bureau du syndicat     

 

Il était logique que chaque AOT ait un membre au sein de ce bureau.

En principe, la personne qui est appelée à exercer la présidence doit représenter l’ensemble des membres, et non plus sa collectivité.

Ce qui explique qu’une proposition a été faite, avant que se tienne cette réunion : que l’AOT à qui la présidence a été dévolue puisse disposer d’une vice-présidence.

Ce d’autant plus que très souvent, la présidence exerçant d’autres fonctions importantes doit alors pouvoir compter sur un élu sur lequel elle dispose d’un degré de confiance (élu de sa majorité au sein de son institution), sinon d’une autorité (élu ayant une délégation de par sa volonté). 

C’était le cas pour le département. Étant le 2ème délégué, je suis vice-président ayant une délégation sur les transports départementaux.

De surcroît, la réduction à un an de la durée de fonction à la présidence exige qu’une forte impulsion, plus forte encore que si la durée avait été de 3 ans, soit donnée pour que des mesures audacieuses soient sur les rails dans un délai très court. Sachant que cette vice-présidence étant attachée à la dévolution de la présidence, le changement de présidence dans un an aurait conduit à la fin de cette vice-présidence.

C’était sans compter sur le fait que la vice-présidence concernait alors ma personne. Et l’opposition absolue du côté de la Pyramide inversée à conduit au rejet de cette proposition.

Dommage, mais cela ne m’empêchera pas de poursuivre mon travail dans ce domaine… au sein de la collectivité départementale.

 

L’attente des usagers et de l’opinion : des actions concrètes !     

 

Car au-delà de ces petites manœuvres autour des fonctions de gouvernance, ce qu’attendent les usagers potentiels est plus important. 

Et le challenge à relever impose aucune tergiversation, et les élus du SMTR, en premier lieu son bureau, ont une fenêtre d’à peine quelques mois, ne serait-ce que pour répondre aux attentes des usagers actuels. Ce n’est qu’à ce prix que la fréquentation augmentera par le bouche à oreille suscité par la satisfaction de ces usagers.

 

1°- Mettre en place un système de tarification coordonnée permettant la délivrance de titres de transport uniques ou unifiés.

 

Dans un premier temps, il s’agira de valider les conventions d’abonnements interopérables initié par le Département.

En clair, il s’agit de faciliter le quotidien de l’usager en lui permettant d’utiliser le même titre de transport pour des déplacements qui nécessitent une ou plusieurs correspondances entre réseaux et de bénéficier d’une tarification intéressante.

À titre d’exemple, une personne habitant La Ravine des Cabris qui doit rendre visite à un parent à la clinique Sainte Clotilde doit aujourd’hui payer 3 abonnements mensuels différents pour un coût total de presque 100 euros. Demain, c’est-à-dire dés 2014, elle pourrait payer  60 euros par mois avec un titre de transport valable sur tous les réseaux. À condition que les AOTU valident la proposition de convention du conseil général, faite en juin 2013.

 

Ainsi, un usager avec cet abonnement inter opérable d’un coût de 60 euros pourra, du lundi au dimanche, du matin au soir, le nombre de fois qu’il veut par jour, voyager de n’importe quel lieu desservi par un réseau de bus pour aller à n’importe quel lieu desservi par un autre réseau de bus, en passant par le réseau car jaune.

 

Soit dit en passant, le département n’a pas attendu le SMTR pour faire cette proposition de « saut qualitatif » en matière d’offre de transports collectifs, et la région n’intervient en aucune façon dans ce domaine.

Le syndicat mixte devra porter des études pour étendre ce dispositif à l’ensemble des titres sur toute l’île.

Mais déjà, il importe que la politique des transports portée par ce syndicat mixte profite à tous, et s’inspire des dispositifs appliqués par les AOT, à commencer par le département : du plus jeune au plus âgé, des familles, des personnes à mobilité réduite, en recherche d’emploi, ainsi qu’aux personnes encore réticentes à l’usage des transports en commun.

 

2°- Coordonner les offres de transport des différents réseaux.

 

Il s’agit concrètement d’améliorer les points de connexion et les correspondances horaires entre les réseaux de transport pour limiter les temps d’attente.

Ce travail est engagé par le Département depuis plusieurs mois dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan Départemental des Transports dont la mise en œuvre est programmée en 2014.

Le syndicat mixte devra s’efforcer de contribuer au travail déjà engagé pour garantir aux usagers une bonne complémentarité entre les offres de transport.

 

3°- Mettre en place un système d’information à l’intention des usagers.

 

Il s’agit d’informer l’usager le plus tôt et le mieux possible, des services de transports sur toute l’île, horaires de départ, horaires d’arrivée, arrêts, temps d’attente lors d’une correspondance ou encore retards éventuels.

A terme, il s’agira de mettre à sa disposition, sur internet ou par téléphone, un outil appeler “centrale de mobilité“, qui permettra à l’usager de disposer de l’information sur tous les réseaux, de construire son voyage avant de se déplacer, voire de réserver un voyage sous certaines conditions, par exemple les personnes à mobilité réduite éligibles au transport à la demande.

À titre d’exemple, « J’habite le Brulé, je dois me rendre demain matin à Dos d’âne et ensuite descendre sur la ravine des Cabris, quels bus je prends ? Et à quelle heure pour ne pas trop attendre ? ».

Cette centrale de mobilité pourrait ainsi répondre à toutes ces questions sans se déplacer depuis chez lui à partir de son ordinateur ou de son téléphone.

 

4°- Développer l’intermodalité.

 

Ainsi, si le département a réorienté son réseau afin de faire des trajets plus rapides, car plus directs et avec moins d’arrêts, il est impératif d’améliorer les connexions entre le Car Jaune et les bus qui circulent dans les villes où les embouteillages sont plus nombreux. Les agglomérations, et de manière plus précise les communes, ne sont pas au bout de leur peine pour que la ponctualité soit respectée par les transports collectifs.

Mais l’intermodalité, c’est aussi favoriser les combinaisons entre les différents modes de transport alternatif à la voiture, le vélo, la marche à pieds, le covoiturage, en prenant soin d’aménager, en partageant les infrastructures entre AOT, des pôles d’échanges de qualité.

 

5°- En finir d’urgence avec l’impression d’insécurité dans ce domaine.

 

Il est hors de question de sombrer dans la sinistrose sur ce sujet. Mais force est de constater que nombre de personnes, qui évitent d’utiliser les transports collectifs ou d’y autoriser leurs enfants, avancent le motif d’un risque d’être victime d’une « incivilité », comme on dit.

Deux engagements impératifs me semblent opportuns :

– que les AOT (le département pour le réseau Car jaune, la CINOR pour le réseau Citalis, le TCO pour le réseau Kar’Ouest, la CIVIS pour le réseau Alternéo, la CASUD pour le réseau Car Sud, la CIREST pour le réseau Estival, et la région au titre du soutien à un secteur important pour le développement économique, notamment le tourisme) unissent leurs efforts pour appréhender le problème de la prévention sur toute l’Île, avec des sociétés œuvrant dans le domaine de la sécurité qui effectueraient des « rotations » sut tous les réseaux ;

– que l’Etat redouble d’effort pour des actions de contrôle sur les réseaux, et veille à ce que des sanctions sévères soient effectivement prises à l’encontre des auteurs d’actes d’incivilité. 

Ce binôme inséparable sera le gage d’une confiance retrouvée par celles et ceux qui souhaitent utiliser le transport collectif.

 

6°- Renforcer notre connaissance des déplacements à La Réunion.

 

Il est donc urgent de lancer l’enquête Ménages-Déplacements qui nous permettra de disposer d’informations précises sur tous les déplacements des Réunionnais.

L’objectif poursuivi est d’être encore plus efficaces dans nos actions encore plus coordonnées.

Ce sera aussi l’occasion de relancer l’observatoire des déplacements.

 

7°- Inclure l’ensemble des acteurs sensibles à la cause du « déplacement partagé ».

 

Cette démarche globale du Syndicat Mixte ne pourra pas se construire sans l’implication de tous les partenaires du transport. En effet, un système de transport performant ne peut pas reposer uniquement sur les réseaux de transport en commun, il doit intégrer les différentes solutions et acteurs des déplacements.

En effet, malgré la performance de nos réseaux de transport en commun, nous serons confrontés à des limites spatio-temporelles. Il faut donc envisager que d’autres acteurs prennent le relais.

C’est pourquoi le département à proposé aux AOT de lancer une étude approfondie pour associer les taxis dont l’activité doit s’envisager non pas comme concurrente mais comme complémentaire à celle du transport en commun. Cette proposition faite aussi aux chambres consulaires de mener conjointement une étude dans ce sens, et de partager le coût, attend toujours une réponse des AOT. 

Mais les premiers concernés par une amélioration des transports collectifs restent les usagers, actuels et potentiels. C’est pourquoi le département avait encouragé la création d’une communauté des acteurs du déplacement durable (CADED), qui a ouvert une page sur le réseau social Facebook. 

Pour répondre aux enjeux sur les déplacements à la Réunion, il est heureux que la proposition du département de créer au sein du syndicat mixte un collège consultatif chargé d’étudier et d’émettre un avis sur les projets portés par SMTR, ait été acceptée.

Ce collège pourra être composé de représentant des communes, de personnalités qualifiées en particulier des représentants des associations de consommateurs et du monde du handicap,…

 

Comme on le voit, les attentes sont importantes. Les élus du SMTR seront-ils à la hauteur des espérances de la population ?

 

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1 Commentaire sur

Le SMTR est enfin créé. Soit, et maintenant ?

  • sophieNo Gravatar |

    Pourvu que les manoeuvres politiciennes que l’on devine derrière ces nominations et autres dates proches d’élections diverses et variées n’empêchent pas ce projet d’aboutir, pour le plus grand bien des Réunionnais. On a déjà vu comment le tram train a disparu avant d’avoir vu le jour à cause de telles manoeuvres…

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