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2013
Transports et Réseau Car Jaune – Pour une politique inclusive avec les taxiteurs
Catégorie : CAR JAUNE, TRANSPORTS ET DEPLACEMENTSLa lettre de la Présidente du Conseil général aux AOT et aux chambres consulaires concernées
Lorsque la Présidente du Conseil général, Nassimah Dindar, m’a confié la délégation aux transports en tant que vice-président de la nouvelle majorité aux commandes du département en mars 2011, le message qui m’a été passé était clair :
– poursuivre le travail entrepris par mon prédécesseur, mon collègue Michel Dennemont,
– me saisir de l’opportunité offerte par le renouvellement de la délégation de service public relative au réseau Car Jaune,
– et surtout préserver l’empreinte sociale marquée par les orientations fortes en ce sens de la Présidente.
Ma lettre aux taxiteurs de toute l’Île, en tant que vice-président du Conseil général délégué aux transports
C’est ce qui m’a conduit, avec l’aide des services de la direction des Transports du Département, sous l’autorité et le contrôle de la Présidente, et les encouragements de mes collègues, à émettre les propositions insérées dans le PDT, le plan départemental des transports, plan adopté à l’unanimité lors de la séance plénière du Conseil général le 12 décembre 2012.
Une politique « inclusive » avec un « bouclier social »
Ces propositions témoignent de la volonté du Conseil général de jouer le rôle de « bouclier social », par ce que l’on appelle une politique « inclusive » au profit de personnes qui peuvent légitimement prétendre à un effort particulier de la collectivité : demandeurs d’emploi, étudiants, personnes âgées, personnes à mobilité réduite.
Cet état d’esprit qui nous anime a conduit la Présidente du département à prendre une initiative importante.
La proposition du Conseil général, rendue publique, visant à l’interopérabilité, sur la base d’une convention à signer avec les AOTU, autorités organisatrices de transports urbains (CINOR, CIREST, TCO, CIVIS et CASUD), va aboutir très vite à une politique inclusive dont les effets risquent d’être une augmentation de la fréquentation des réseaux de transports collectifs.
En effet, l’usager va très vite saisir l’opportunité de circuler librement de n’importe quel arrêt desservi par un bus, à n’importe quel autre arrêt desservi par un bus à l’autre bout de l’Île, en passant par le Réseau Car Jaune, moyennant un abonnement de 60 euros par mois.
Mais toutes les autorités organisatrices de transports doivent alors tenir compte de deux obstacles, réunis dans ce que j’appelle la nécessité de couverture « spatio-temporelle ».
Une politique inclusive associant les taxiteurs
Les services publics de transports collectifs commencent certes assez tôt, pour s’achever au plus tard à 21 heures.
De plus, bien que les réseaux locaux ont produit de singuliers efforts pour desservir les zones reculées de leurs territoires, force est de constater que les fréquences sont moindres, surtout lorsqu’il s’agit de zones habitées très reculées des centres urbains, souvent doublés de zones d’activités économiques et d’emplois.
Enfin, il est évident qu’à terme, les activités nocturnes vont se développer et la nécessité de prévoir des services nouveaux de déplacements, alternatifs à l’usage de la voiture individuelle, doit dès maintenant être appréhendée.
C’est tout cela qui a justifié l’initiative prise par la Présidente du département d’adresser un courrier aux autorités organisatrices de transports et aux présidents de la CCIR, la Chambre de Commerce et d’industrie de La Réunion, et de la CMAR, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de La Réunion.
Ainsi, elle propose « de mener conjointement une étude de marché visant à examiner les conditions dans lesquelles les taxiteurs pourraient apporter une offre complémentaire à nos réseaux de transports respectifs… ».
Sur quoi pourrait porter cette étude ?
La Présidente précise sa proposition :
1°- D’abord, « Cette étude de marché porterait sur l’ensemble du territoire, sur le statut juridique d’un groupement de taxiteurs à l’échelle de l’Île ».
L’intégration des réseaux de transports collectifs par les conventions d’interopérabilité dicte la nécessité d’une organisation des taxiteurs à l’échelle de l’Île.
2°- Ensuite, « … les modalités de consultation, de tarification, … ».
Il est évident que l’attractivité et le développement des services de transports par le biais des taxiteurs vont dépendre de la structuration d’un tel service et surtout de la tarification, appréciées sous le prisme de la préservation des intérêts financiers des acteurs concernés.
3°- Enfin, « sur le mode de fonctionnement, le coût et le portage d’une centrale de réservation, et aussi sur l’appui, notamment financier, des autorités de transport aux services offerts par le groupement de taxis sur l’ensemble du territoire ».
L’accord nécessaire de toutes les AOT
L’engagement résolu du Département, par la voix de la Présidente, doit bien sûr trouver son prolongement par l’accord des autres AOT.
La Région Réunion comprise, ne serait-ce que du fait que le Département, bien que signataire de la convention cadre sur le Trans éco express, n’obtiendra pas un seul euro pour le financement des cars neufs appelés à assurer le nouveau service sur le Réseau Car Jaune en 2014.
En effet, la Région ayant lancé la proposition de « se rattraper » alors en aidant au financement du volet « accessibilité » aux personnes à mobilité réduite, la solution du financement de véhicules « adaptés » qui seraient nécessaires aux taxiteurs pour assurer ce que l’on appelle le « transport à la demande » (TAD) est toute trouvée.
Quant à la centrale de réservation, sa mise en place se justifierait par la possibilité pour un usager de contacter le service afin de bénéficier en temps et heure de sa prise en charge par un taxiteur.
Une étude portée financièrement par les AOT et les chambres consulaires
Comment pourrait-on financer cette étude « lourde » ?
La Présidente précise là encore que « Cette étude pourrait être portée financièrement par les autorités organisatrices de transports (Département, Région, CINOR, CIREST, TCO, CIVIS et CASUD), avec une participation symbolique des chambres consulaires concernées, la Chambre de commerce et de l’industrie de La Réunion (CCIR) et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de La Réunion (CMAR) ».
Je me permets d’émettre une hypothèse vous permettant de mesurer la faisabilité d’une telle démarche.
Sur la base d’une étude d’un coût estimé, bien sûr « arbitrairement », à 300 000 euros, la répartition pourrait être celle-ci :
– la Région 15 % (soit 45 000 euros) comme le Département 15 % (soit 45 000 euros) ;
– la CINOR 12 % (soit 36 000 euros), comme la CIREST 12 % (soit 36 000 euros), le TCO 12 % (soit 36 000 euros), la CIVIS 12 % (soit 36 000 euros), la CASUD 12 % (soit 36 000 euros) ;
– la CCIR 5 % (soit 15 000 euros) comme la CMAR 5 % (soit 15 000 euros).
Ne pas attendre le syndicat mixte pour agir
La Présidente du Conseil général note à ce sujet que « Cette implication des chambres consulaires justifierait encore plus leur intégration dans le collège consultatif mis en place par le syndicat mixte des transports de La Réunion (SMTR), en cours de création ».
Proposition fort judicieuse, dans la mesure où l’avenir des déplacements durables se dessine s’il y a bien l’implication de tous les acteurs.
Je rajouterai que depuis l’envoi de ce courrier, les choses se sont précisées puisque le Préfet de La Réunion a pris un arrêté le 19 juin 2013 consacrant la création de ce syndicat… et que lors de la réunion de la Commission Outremer du GART (Voir mon article du 25 juin 2013 : Transports et déplacements – Mon intervention lors de la réunion de la commission outremer du GART), le Président de Région, Didier Robert, a souligné dans son intervention qu’il lui semblait logique que la présidence de ce syndicat mixte revienne à l’initial à la Présidente du Département, Nassimah Dindar.
En attendant, la balle est dans le camp des AOT et autres chambres consulaires, et il m’a semblé opportun qu’une copie du courrier de la Présidente soit adressé à tous les taxiteurs de l’Île… tout simplement parce qu’ils sont aussi des acteurs concernés du déplacement durable.
Une bonne initiative et une étude intéressante, il ne faut pas oublier les taxiteurs qui sont plus importants qu’on ne le croit.