Solidarité : un fossé entre les différentes classes sociales, mais aussi entre la population et les gouvernants

 

  Conférence de presse pour présenter la participation de la SR21, chargé de la communication du projet Tram Train, au Téléthon (sur la photo, de g. à d., Noël Thomas, Francis Touchard, sa mère Yvonne Touchard, Pierre Vergès et Gérard Sangaria. En arrière plan, Zéko, la mascotte du Tram Train)

La 25e édition du téléthon a été un succès. C’est incontestable.

Quel que soit le montant réuni, il faut bien signaler une chose : même si la crise économique et financière est là, même si elle frappe de plus en plus fort, les Réunionnais – comme tous les Français – ont fait preuve de solidarité et de générosité.

 

C’est un fait qu’il faut saluer. 

 

Celles et ceux qui ont donné – parfois en choisissant le dépositaire du don -, comme cette femme qui m’a dit « ne donner qu’aux pompiers » – l’ont fait pour des raisons souvent personnelles.

Les motifs peuvent être « intéressés » : « Si cela arrivait à mes enfants ou à mes petits enfants, je serais heureux que la recherche puisse l’aider ».

 

Certains, moins nombreux, donnent « par habitude ».

Car cette opération est devenue une sorte de tradition, un événement du calendrier.

 

Et cet évènement s’est déroulé le même jour que l’élection de Miss France !

C’est assez incroyable comme juxtaposition d’événements…

 

Une formidable mobilisation

 

Le téléthon mobilise une grande partie de la société, dans tous les secteurs : associatifs culturels ou sportifs, corporations, jeunes, anciens, etc.

Il y a quand même quelques initiatives qui laissent un sentiment de tentative de récupération : ainsi la participation de banquiers et des traders a tout de même quelque chose de non spontanée.

 

Artistes, présentateurs et autres comédiens sur le retour ne tentent-ils pas de se refaire une virginité ?

On a même vu certaines collectivités locales se réfugier derrière le téléthon pour tenter de faire passer des opérations de restauration d’image politique !

 

La participation de certaines entreprises qui jouent sur la carte sensible, a uniquement pour objectif de tenter, par ce moyen, de se donner une image « humaine ».

Soyons lucide : il y a une explication à cette solidarité des entreprises (et des individus) : on peut déduire 66% d’impôts sur le don !

 

C’est d’ailleurs un argument mis en avant… sur le site même du téléthon.

Au même titre et sur le même pied que le côté  générosité et humanité.

 

C’est tout de même un peu embêtant !

 

Mais quand on sait que lorsqu’un député poids lourd de l’UMP et « spécialiste » de la recherche des économies pour l’ État a proposé récemment de supprimer la déduction fiscale pour les dons, cela a provoqué un tollé, on peut comprendre que cet argument de l’avantage fiscal puisse être utilisé. 

 

On a pu l’entendre souvent, durant ce marathon télévisuel : « Ils ont donné pour la bonne cause ». `

Il y aurait donc des « mauvaises causes humanitaires » ? 

 

Certaines causes seraient-elles « plus justes » que d’autres ? 

 

Peut-il y avoir une graduation dans le désespoir ou la désespérance, dans les maladies et le handicap !

Certaines causes seraient-elles « plus justes » que d’autres ?

 

Les campagnes du « Resto du cœur » sont-elles aussi mobilisatrices ?

Pourquoi les grands manitous de l’information n’ont-ils pas souhaité créer « le buzz » lorsque l’Europe a menacé de réduire les fonds du PEAD (programme européen aux plus démunis) ?  

 

Pourtant, les Restos du cœur travaillent depuis des années à tenter d’apaiser la douleur de milliers de familles, femmes et enfants, jetés à la rue, chômeurs ou salariés pauvres qui n’arrivent pas, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts et se payer de quoi manger !

Pourquoi leur destin serait-il moins médiatisé que celui des myopathes ?

 

Vous souvenez-vous de la déclaration de l’homme d’affaires, Pierre Bergé, en 2009 ? Rappel : « Je suis une des rares personnes qui puissent s’opposer au Téléthon puisque je suis myopathe » 

Et Pierre Bergé d’accuser le Téléthon de « parasiter la générosité des Français d’une manière populiste » car il est « absolument inadmissible que le Téléthon montre des enfants myopathes, en exhibant leur malheur ».

 

Il avait alors été dit que l’intervention de Pierre  Bergé contre le téléthon s’expliquait par le fait qu’il était à la tête du Sidaction. 

Et certains politiques l’avaient accusé de créer « une concurrence ignoble entre les grandes causes ».

 

Oui, la solidarité est une chose merveilleuse, dévoilant la vraie personnalité des humains. Cela doit être respecté et applaudi.

Mais attention à la forme que cette solidarité endosse. Restons objectifs.

 

Chacun sait bien que  quand on parle de la santé, c’est « porteur ». Justement parce que cela peut arriver à soi-même.

Et quand cela touche les enfants, bingo la corde sensible est touchée. Deuxième raison.

 

Et le téléthon regroupe les deux. D’où son succès.

Il y a fort à parier que, même avec les mêmes moyens audiovisuels, des opérations contre l’exclusion sociale, l’absence de logement ne mobiliseraient pas autant.

 

Si les sommes récoltées par le téléthon servent à aider la recherche, les familles des enfants malades, d’autres enfants victimes d’autisme, du sida et de toutes les formes de handicap sont-ils aidés à la même hauteur, ainsi que la recherche ? 

Il ne s’agit pas d’opposer les causes, bien sûr.

 

La recherche doit être financée par l’État 

 

Il s’agit de savoir qui doit faire quoi et de s’interroger sur les fonctionnements de notre société. 

Ce n’est pas la question de la solidarité des citoyens envers une cause qui est posée. 

 

C’est bien la question de la solidarité, en termes politiques, qui doit être évoquée.

Le système national de solidarité est remis en cause.

 

Il s’effrite et beaucoup plus rapidement ces 4 dernières années.

Le système se réduit.

 

Le système de solidarité français n’est pas remis en cause pour répondre aux évolutions de la société.

Il est seulement en voie d’extinction et prépare l’avenir de la « privatisation » de la solidarité.

 

La recherche doit être financée par l’État. Les initiatives privées (comme celle lancée par l’AMF avec le téléthon) doivent venir en complément des financements d’État. Non en substitution.

 

Toujours est-il que la méthode Téléthon a fait des émules : la Suisse, la Belgique, le Chili et le Québec organisent eux aussi leur téléthon. 

On est loin, très loin de ces paroles que vous reconnaîtrez : « Debout ! les damnés de la terre !
 Debout ! les forçats de la faim !
  (…). Le monde va changer de base :
 Nous ne sommes rien, soyons tout ! »

 

En attendant, même s’il est scandaleux que l’État se défausse de plus en plus, il est heureux de voir que les vertus de solidarité restent ancrées chez les citoyens pourtant de plus en plus frappés par la crise. 

 

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1 Commentaire sur

Solidarité : un fossé entre les différentes classes sociales, mais aussi entre la population et les gouvernants

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    je ne regarde jamais les émissions du téléthon, trop de stars qui ne savent pas comment faire pour se rendre intéressantes; et des images d’enfants malades, données à voir comme ça, juste pour que l’on se rende compte
    quand à la recherche, tant qu’elle sera adossée aux labo et aux industries, elle ne sera pas libre, et généreuse
    que les laboratoires donnent, bien sûr, mais il y a trop de dérapages

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