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2012
Pour une grande politique des déplacements à La Réunion : attention aux « fausses bonnes idées » ! (4ème partie)
Catégorie : BTP-Routes-Transports, DÉVELOPPEMENT DURABLE, Environnement, TRANSPORTS ET DEPLACEMENTS
Je voudrais pour cette semaine vous faire partager une analyse réalisée par la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’usagers des Transports).
Créée en 1978, cette fédération rassemble aujourd’hui 150 associations implantées dans toutes les régions françaises.
Association de consommateurs agréée, la FNAUT conseille et défend les usagers de tous les modes de transport et les représente auprès des pouvoirs publics et des entreprises de transport.
Groupe de pression d’intérêt général, elle s’efforce d’infléchir la politique des transports et de l’aménagement du territoire.
Je vous invite à prendre connaissance d’un certain nombre de « fausses bonnes idées » recensées par la FNAUT.
Certains exemples, même ceux ci-dessous qui concernent plus la France continentale, nous seront d’une grande utilité dans un avenir proche, afin de ne pas « dérailler » dans la mise en oeuvre d’une grande politique de déplacements à La Réunion, dans un espace contraint, devant faire face à l’augmentation démographique et à la croissance du parc automobile.
Exemple 12 : Les gares TGV « exurbanisées » ? Une erreur persistante
Pour bien des décideurs économiques et élus locaux, les gares TGV situées hors milieu urbain, à proximité d’un carrefour autoroutier, valorisent la desserte d’un territoire traversé par une ligne à grande vitesse et, grâce à un accès rapide à Paris, offrent des conditions favorables à l’implantation d’entreprises “innovantes“, à « une zone high-tech où s’implanteront de grande sociétés délocalisatrices ».
La réalité est plus décevante.
L’absence de connexion entre TGV et transports régionaux ou locaux pénalise les voyageurs et ne permet pas une bonne diffusion de l’effet TGV ; quant aux implantations d’entreprises, elles restent le plus souvent anecdotiques.
Malgré ces échecs répétés dénoncés de longue date par la FNAUT, et la correction prochaine de certaines erreurs (Lorraine, Avignon), le mythe des gares TGV “exurbanisées“ persiste, et les projets poussés par les élus sont encore nombreux.
Le projet d’Allan (Montélimar) est particulièrement inepte.
Exemple 13 : L’électrification intégrale du réseau ferré ? Une idée dogmatique
Autre fausse bonne idée, avancée par Jacques Chirac.
Des lignes restent à électrifier (par exemple Nevers-Chagny) voire à re-électrifier pour faciliter le transport du fret (conversion du 1500 V au 25 kV 50 Hz).
Cependant une électrification est une opération coûteuse, justifiée seulement si elle concerne un volume suffisant de trafic voyageurs et/ou fret.
L’apparition de trains bi-mode a réduit le créneau des électrifications.
Exemple 14 : La suppression des passages à niveau ? Une solution très limitée
On admet souvent que la suppression des PN est la solution la plus efficace pour éviter les collisions entre trains et véhicules routiers.
Mais la suppression d’un PN par création d’un ouvrage d’art est coûteuse (typiquement entre 5 et 10 millions d’euros).
On ne pourra jamais supprimer 15 000 PN (coût entre 75 milliards et 150 milliards d’euros).
Pour la même dépense, on peut sécuriser plusieurs PN en réaménageant la voirie, en améliorant la signalisation ou en installant un radar automatique.
Seuls les 350 PN reconnus comme particulièrement dangereux doivent être supprimés rapidement.
La suppression systématique des PN lors d’une réouverture de ligne, exigée par Dominique Bussereau alors secrétaire d’Etat aux Transports, est particulièrement absurde car elle double le coût des réouvertures et bloque ces opérations.
Exemple 15 : L’abandon des LGV ? Une idée sommaire
Selon beaucoup d’écologistes, les LGV étant coûteuses et créant de nouvelles coupures, une modernisation du réseau classique est préférable.
C’est oublier :
– que la capacité globale du réseau ferré est devenue insuffisante avec la croissance rapide du trafic TER,
– qu’une accélération des trains classiques permet rarement de capter le trafic aérien intérieur (qui pénalise les riverains des aéroports parisiens et contribue fortement au réchauffement climatique)
– et que les crédits destinés aux LGV se reporteraient plus vraisemblablement sur les autoroutes et aéroports que sur le réseau ferré classique.
Exemple 16 : La LGV Alpes-Atlantique ? Un rêve
Le projet Transline, défendue par l’association ALTRO (présidée par René Souchon, président de la région Auvergne) est l’exemple type de la fausse bonne idée.
Tout le monde sait que les relations ferroviaires entre la façade atlantique et Lyon sont difficiles.
Mais il ne suffit pas de tracer un trait sur la carte entre Limoges et Lyon, et de tenir des discours creux sur l’aménagement du territoire, pour résoudre le problème.
Il faut se préoccuper du trafic potentiel, et du coût de ce projet gigantesque.
Les axes naturels de circulation est-ouest sont situés plus au nord (les axes diamétraux «passe-Paris», Nantes-Bourges-Lyon) ou plus au sud (Bordeaux-Marseille), et ils évitent les obstacles montagneux.
Source : http://www.fnaut.asso.fr/
Il faut toutefois admettre que ces idées ont été au départ conçues dans une bonne intention. Il fallait les voir à l’oeuvre ou encore les analyser plus profondément comme ce qu’a fait l’association FNAUT pour se rendre compte qu’elles ne sont finalement pas si bonnes que ça.
Merci pour ces éclaircissements :)