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2014
Le bras de fer Tak – Didier Robert : en toile de fond… la défense du Sud contre l’itinérance politicienne
Catégorie : CONTRIBUTION AU DÉBAT, DÉVELOPPEMENT DURABLE, ÉCONOMIE, Tourisme« Défendre son territoire, pas celui du Tampon, mais celui du Grand Sud, avec à la clé de l’activité et des emplois, met à mal l’argument des élus de la majorité régionale, comme Jean-François Sita, qui défend quelques emplois de la Maison du Volcan, d’ailleurs pas menacés pour peu que le « jeune, beau et fort instruit » président de la Région Didier Robert respecte un des engagements du Protocole de Matignon, à savoir garantir et sanctuariser dès maintenant les 150 millions d’euros devant être affectés au développement de l’aéroport de Pierrefonds ». Voilà ce je que j’écrivais sur mon mur du réseau social Facebook, en partageant l’article de Geoffroy Géraud-Legros intitulé « André Thien Ah Koon et la Cité des Volcans : un ultimatum vertueux ? », paru sur le site 7lameslamer.net.
Cité des Volcans, NRL, Boulevard Nord… et Pierrefonds ?
Certains se sont avancés, dont le journaliste de Radio Réunion 1ère, en dénonçant le chantage exercé par le maire du Tampon. Mieux, ils ont avancé l’argument selon lequel d’une part, ce n’est pas le développement de l’aéroport du Sud qui « boostera » le tourisme, et plus généralement l’activité économique, et d’autre part que le contexte financier ne plaide pas pour le développement d’un deuxième aéroport régional.
Ces personnes se sont bien gardés de reporter cet argument sur ce qui va constituer un des plus grands gaspillages financiers, la réalisation de la NRL (Nouvelle Route du Littoral), d’une part en raison de son coût évolutif, et d’autre part en raison des coûts « périphériques », comme celui du Boulevard Nord, pour éviter l’asphyxie à l’entrée ouest de Saint-Denis, au sortir de la route en « couilloniss ».
A propos du Boulevard Nord, le coût aujourd’hui identifié, suite à la venue d’un inspecteur général du Conseil Général de l’Environnement et du Développement durable (CGEDD), anciennement Conseil Général des Ponts et Chaussées, est de 585 millions d’euros ! A rajouter au 1,6 milliard d’euros que coûtera au départ la NRL !
Tout cet argent consacré à la « déesse Bagnole » est à comparer à l’alternative proposée par la mise en œuvre d’une infrastructure ferroviaire, le Tram Train, dont le franchissement du massif de la Montagne par tunnel aurait d’une part rendu disponible à l’aménagement 400 hectares de foncier sur le Plateau Couilloux (alors à 4 minute 30 secondes du centre ville de Saint-Denis), et d’autre part dégagé des millions de tonnes de déblais (dont des roches) alors disponibles pour la sécurisation de la NRL.
Les « vieux éléphants » ont une bonne mémoire !
Mais revenons au problème du développement de l’aéroport de Pierrefonds… bien que nous ne nous en sommes pas vraiment éloignés, en appréhendant les problèmes de développement sous le prisme de l’offre d’alternative, en cas d’incident affectant une des options (routière ou ferroviaire par exemple), et aussi dans l’optique d’émulation des territoires, le Sud et le Nord, non dans une compétition fratricide, mais dans une saine émulation et une volonté de complémentarité.
L’arrivée de Didier Robert à la tête de la Pyramide inversée avait auguré chez certains un « âge d’or » pour le Sud, très (trop ?) longtemps considéré comme la « cinquième roue de la charrette » de l’aménagement cohérent du territoire insulaire péi. La réalité, caractérisée par l’étroitesse de vue du jeune politicien pétri d’ambition doublée d’une propension au clientélisme, a vite rattrapé celles et ceux qui ont cru au miracle.
Le mérite du maire du Tampon André Thien Ah Koon a été d’avoir de la mémoire, à une époque où la tendance au « zapping » frappe de nombreux politiques, imités en cela par les électeurs même.
Que Didier Robert respecte son engagement !
Car ce qui est prévu au Protocole de Matignon 2, négocié par Didier Robert, traité de « fin négociateur », rappelons-le, par le Premier Ministre d’alors François Fillon, au motif que l’Etat ne mettra pas un euro de plus en cas de dépassement de l’enveloppe de 1,6 milliard d’euros consacrée à la NRL, c’est l’enterrement du Tram Train au profit de la réalisation de la NRL avec voie dédiée à un TCSP (au final la bande d’arrêt d’urgence !), quelques millions pour des bus à « énergie propre » pas forcément adaptés au relief insulaire et sans que soit prévue la maintenance locale, et enfin le développement des deux aéroports, Sainte-Marie Roland-Garros et Saint-Pierre Pierrefonds.
L’éditorialiste de 7lameslamer.net écrit donc ceci :
« La Cité du Volcan n’ouvrira pas tant que les crédits attribués à l’aéroport de Pierrefonds ne seront pas sécurisés. Tranchant et controversé, l’ultimatum lancé par André Thien Ah Koon au Conseil régional s’adresse pourtant à une urgence, à l’heure où la Région laisse se dégrader les performances de l’aéroport de Pierrefonds, pourtant doté d’une enveloppe de 150 millions d’euros par les protocoles dits de « Matignon ». Un choix qui vise peut-être à réorienter ces fonds vers la Nouvelle Route du Littoral… et pourrait à terme priver le Sud de l’un de ses principaux outils de développement. »
Je reviendrai plus loin sur le contenu du Protocole de Matignon 2. Mais d’ores et déjà, j’émettrai une autre explication (d’ailleurs soulignée « en second rang » par l’éditorialiste GGL) au parti-pris de Didier Robert de sacrifier Pierrefonds.
L’épineux problème de l’extension de Gillot…
Là encore, l’effort de mémoire est utile, et les Robert’s boys and girls spéculent sur une soit-disant « paresse citoyenne ». Le JIR, dans son édition du 31 octobre 2013, a fait paraître un article intitulé « Aéroport contre Port : la bataille s’engage », sous la plume de Alain Dupuis.
Le journaliste écrit ceci :
« Le dossier est sensible.
Un rapport commandé par le préfet a été rendu mais son contenu est gardé sous le coude.
Sur le sujet, la société aéroportuaire pratique l’omerta mais dans la dernière livraison de Passerelle la lettre bimestrielle de l’aéroport de la Réunion Roland Garros, Jean-Paul Noël, président du directoire, exprime son inquiétude dans son éditorial.
« Les aéroports français devront bientôt se conformer à la nouvelle réglementation des RESA, les aires de sécurité destinées à prévenir d’éventuelles sorties de piste des avions.
Un texte imposera prochainement de créer une RESA de 90 m aux deux extrémités de chaque piste avec la recommandation de les dimensionner sur 240 m en vue d’une évolution réglementaire ultérieure. »
Et le journaliste d’affirmer :
« A Gillot, on est loin du compte (voir encadré) et les aménagements s’annoncent difficiles à réaliser.
« Nos installations sont limitées à l’ouest par l’embouchure de la rivière des Pluies et à l’est par la mer et le port de Sainte-Marie », rappelle Jean-Paul Noël.
« En raison du risque érosif lié aux crues, la création des RESA n’est pas envisageable sur l’emprise du lit de la rivière des Pluies, par ailleurs zone naturelle protégée.
Les RESA devront donc être créées à l’est, tout en préservant la capacité de l’aéroport à permettre des vols directs vers la métropole qui nécessitent une grande longueur de chaussée au décollage. Les intérêts de l’aéroport devront évidemment être préservés au moment de décider des solutions techniques. »
… aux conséquences financières douloureuses !
Ce qui conduit le journaliste à tirer la conclusion suivante :
« En clair, l’avenir du port de Sainte-Marie dans sa configuration actuelle est scellé.
Gagner 300 mètres à l’est condamne le bassin actuel.
C’est davantage le problème de la municipalité et de la Cinor que de la société aéroportuaire. »
Cette dernière s’inquiète davantage du volet financier du dossier. »
Et le journaliste de pointer du doigt les conséquences financières :
« Alors que vont s’achever les travaux de réfection des pistes et s’ouvrir le chantier d’extension de l’aérogare vers l’est, la facture de mise aux normes de la piste longue s’annonce salée. »
« La mise en place des RESA aura dans tous les cas des coûts élevés à intégrer dans notre programme de développement », confirme Jean-Paul Noël. « Certains choix d’investissement devront être reconsidérés. »
Dans l’encadré du JIR le même jour, sous le titre « Hors norme depuis 2008 », il est précisé ceci :
« Gillot dispose de deux pistes : la plus ancienne, la 14-32, longue de 2 670 m, et celle gagnée sur la mer, la 12-30, longue de 3 200 m. La première sert essentiellement pour les atterrissages.
La seconde qui débouche sur le port de Sainte-Marie est réservée aux décollages.
Au bout de cette piste, la RESA ne fait que 60 m de long sur 150 m de large.
Il s’en faut de 240 m pour qu’elle soit aux normes internationales. »
Et la fin de l’article est révélatrice :
« Comment mettre Gillot aux normes ? Trois possibilités : supprimer le port de plaisance de Sainte-Marie, diminuer la longueur de la piste 12-30 de 300 m pour établir la Resa mais les vols sans escales deviendraient aléatoires ou installer un système appelé en anglais Emas (Engineered material safety system). Ce système d’arrêt au sol consiste en un lit de béton léger aménagé au bout d’une piste. Le lit en béton cède sous le poids d’un avion et immobilise celui-ci, sans blesser quiconque et en ne causant que des dégâts minimes à l’appareil. Un tel système coûte habituellement entre deux et cinq millions de dollars. »
Des documents révélateurs
Ainsi donc, Didier Robert se retrouve avec une épine dans son talon d’Achille. Car le maire de Sainte-Marie, commune du port de plaisance en péril, n’est autre que son 1er vice-président à la pyramide inversée.
Comment trouver des compensations aux dommages sur le port de Sainte-Marie que ne manqueront pas d’occasionner les travaux d’extension de l’aéroport de Gillot Roland-Garros ?
Rien de plus simple : en sacrifiant les intérêts de La Réunion, en ignorant la région Sud pour concentrer une fois de plus les financements sur le Grand Nord !
On comprend mieux pourquoi la 1ère version du SRIT (Schéma Régional des Infrastructures et des Transports), réalisée par l’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) composée par les bureaux d’études Aster Conseil et Systra, a été « enterrée » (décidément, une fâcheuse tendance de l’actuelle majorité régionale).
En effet, s’agissant des infrastructures aéroportuaires, il y était écrit ceci :
« Les Accords de Matignon, signés en octobre 2010, prévoient que sur le budget de 2,2 Milliards d’euros dévolu à l’amélioration des infrastructures de transport de l’île, 350 millions d’euros viennent financer des projets d’adaptation et de dimensionnement des installations aéroportuaires (pistes, accotements, parking avions, taxiways) afin d’absorber la croissance future et accueillir des avions de nouvelle génération (B777-300ER, Airbus A340-600 et A380).
Ce financement sera assuré à hauteur de 220 millions par les sociétés aéroportuaires, et les 130 millions restant par l’Etat, les fonds FEDER et la région. 200 millions sont prévus pour le développement de l’aéroport Roland Garros et 150 millions pour Pierrefonds. »
Passons sur le fait que les contraintes d’atterrissage des Airbus A380 puissent être moins d’actualité, du fait de l’annulation (encore un « enterrement de 1ère classe ») de la commande de 2 A380 par la Compagnie Air Austral.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est la dernière phrase : « 200 millions sont prévus pour le développement de l’aéroport Roland Garros et 150 millions pour Pierrefonds. »
Laisser mourir Pierrefonds et plus généralement le Sud « à petit feu » ?
Nous y voilà ! Et un enterrement de plus, un ! Didier Robert n’a jamais eu l’intention de respecter cet engagement en faveur du Sud.
Pourtant, le contenu du Protocole de Matignon 2 est clair à ce sujet. Je vous en ai livré copie ci-dessus.
Mais le contenu du message sur le site de la Région sous le lien http://www.regionreunion.com/fr/spip/Le-nouveau-protocole-de-Matignon.html est aussi explicite :
« L’aéroport de Pierrefonds se positionne, en complémentarité aux vols intercontinentaux arrivant à Saint-Denis, pour développer des liaisons régionales.
Enfin, il convient, dans une perspective à long terme, de réserver les possibilités d’extension et de développement des capacités de cet aéroport.
Ce programme, d’un montant estimé à 150 M€ sur la période 2011-2030, concerne :
> Période 2010-2015 : l’adaptation et la mise en conformité des infrastructures aéroportuaires pour assurer un développement optimal du trafic régional, essentiellement l’adaptation des surfaces de l’aérogare et les travaux de rénovation nécessaires pour améliorer l’accueil des passagers et notamment des touristes.
> A moyen et long termes : les développements adaptés aux évolutions de l’aéroport en fonction de ses perspectives commerciales. »
Comment y parvenir ? Rien de plus simple pour Didier Robert : réduire le nombre de vols de la Compagnie réunionnaise Air Austral à partir de Pierrefonds, et reporter aux calendes grecques les investissements prévus au Protocole de Matignon 2 qu’il a signé !
Car si entretemps, malgré les efforts des collectivités, et notamment de Saint-Pierre, qui donne un coup de booster à l’aménagement économique autour de l’aéroport, Pierrefonds agonise, se meurt et disparaît alors, 150 millions d’euros pourront être mis ailleurs, comme précisé plus haut.
On comprend mieux la vive réaction du maire du Tampon, au nom de tout le Sud.
Le rapport du Conseil Général des Ponts et Chaussées
Et la question centrale de la viabilité d’un aéroport dans le Sud, aujourd’hui où la route des Tamarins est mise en service, a été tranchée par une expertise menée par Danielle Bénadon, Inspectrice générale de l’Équipement, et Jean-Pierre Lalande, Ingénieur général des Ponts et Chaussées, dans le rapport n° : 005601-01 datant de Avril 2008 sous le titre suivant « Perspectives de développement de l’aéroport de Saint-Pierre – Pierrefonds à La Réunion ».
On peut y lire notamment ceci, en page 24 du rapport, sous le titre « 3.2. Faut-il envisager une activité long-courrier à Pierrefonds ? » :
« Cette question est soulevée par certains responsables politiques et économiques de l’île.
Elle est d’autant plus légitimement posée que la piste actuelle, à la suite de l’allongement réalisé en 2006 est déjà utilisable par un gros porteur long-courrier à l’atterrissage, le décollage (avec une charge marchande) n’étant par contre possible que pour une étape courte (de l’ordre de deux heures), puisque la longueur de la piste ne permet pas l’emport du carburant nécessaire pour aller au-delà.
Pourquoi, dans ces conditions, ne pas procéder à une extension complémentaire qui permettrait aux appareils long-courriers de décoller pour des étapes longues ?
Le coût des investissements nécessaires est de l’ordre :
– d’une cinquantaine de millions d’euros, si l’on se réfère au chantier achevé en 2006, pour porter la piste à environ 3 000 m, longueur nécessaire pour rejoindre l’Europe sans escale,
– d’une dizaine de millions d’euros pour l’extension de l’aérogare passagers (d’après le dossier présenté au programme européen : voir partie 1),
– et encore d’une dizaine de millions d’euros pour la création d’une aérogare fret.
En eux-mêmes, ces montants sont élevés ; mais, comparés aux très lourds investissements routiers en cours (route des Tamarins) ou en projet (nouvelle route du Littoral), évalués à plus d’un milliard d’euros chacun, ils peuvent paraître faibles. »
Pour la route des Tamarins, c’est à l’arrivée près de 1,1 milliard d’euros, et la route du littoral c’est au départ 1,6 milliard d’euros !
« Demolition Did » au pied du mur !
Certes, les rapporteurs s’interrogent sur l’opportunité d’un 2ème aéroport de capacité intercontinentale. Mais je rappellerai que les accords de Matignon n’intègrent pas cette dimension, mais prévoient une enveloppe de 150 millions d’euros pour la dimension régionale, quand les deux inspecteurs agissant pour le compte du Conseil Général des Ponts et Chaussées prévoient 70 millions d’euros en cas de dimensionnement de l’aéroport pour des vols longs courriers.
Pour Didier Robert, qualifié de politicien aux méthodes « dictatoriales » par le chef d’entreprise Guito Narayanin, ce sera ni l’une des options, ni l’autre… bien au contraire !
On comprend mieux le cri d’alarme du maire du Tampon. Car il y a urgence, avant que Pierrefonds ne soit un projet… enterré. Encore une victime de « Demolition Did » !
Geoffroy Géraud Legros termine son article comme suit :
« En subordonnant l’ouverture de la Cité du Volcan à la sécurisation des fonds alloués à l’aéroport de sudiste, André Thien Ah Koon a salutairement mis l’institution régionale au pied du mur.
A minima, celle-ci doit désormais clarifier sa position quant à l’avenir des installations de Pierrefonds, et, plus généralement, dire si — et pourquoi — sa stratégie de développement entend priver le Sud des infrastructures acquises au cours des décennies précédentes. »
Alors, Didier Robert « fin négociateur » dixit François Fillon, ou « joueur de pocker » pris à son propre piège devant la position ferme du maire du Tampon relative à l’ouverture de la Cité des Volcans ?
Je ne crois pas à la priorité du deuxième aéroport, Gillot est suffisamment en retard et mériterait, comme à l’ile Maurice un aéroport digne de ce nom. Avec aire de départ et aire d’arrivée bien distincte. Développer Pierrefonds aura quel impact réel sur le tourisme ? Aucun car quand les gens viennent dans un pays pour le visiter, il entre par une porte et circulent en voiture ou car. Nous nous comportons comme des « danseuses » qui veulent , en temps de crise des caprices. Le chantage de TAK n’est pas digne d’un élu responsable ! Battez vous pour diminuer les taxes aéroportuaires qui représentent 50% du billet, offrez une diminution de ses taxes quant le touriste vient avec un « package » hôtel, voiture et avion.