Dossier « Route du littoral » : ne doit-on pas prendre des mesures d’urgence avant qu’il ne soit trop tard ? (4ème partie)

TramTrain Protocole Financier du 19 Janvier 2007 Protocole de Matignon transports 

 

Encore une fois, l’histoire apporte un cinglant démenti aux affirmations selon lesquelles la responsabilité de sécuriser la route du littoral incombait à la Région avant 2009.

 

L’Etat accélère les études pour une solution définitive    

 

 Les travailleurs du chantier de la route des Tamarins sacrifiés sur l’autel de la politique politicienne 

 

Suite à l’éboulement du 24 mars 2006, l’Etat se voit dans l’obligation d’accélérer le calendrier des études.

 

Les services de l’Etat présente plusieurs solutions (digue, tunnel, par les hauts) pour un choix définitif à partager avec la Région, choix qui sera annoncé le 24 août (tracé B1).

 

Il est instructif de relire l’éditorial du président d’alors Paul Vergès dans la revue « Ma Région et Moi » de septembre 2006, et de faire un certain nombre de constats :

 

« Aujourd’hui la Route des Tamarins, demain le Tram Train et la nouvelle Route du Littoral : jamais La Réunion n’aura engagé autant de chantiers d’envergure. »

 

1er constat : la Région avec Paul Vergès était résolue à réaliser les 3 grands projets.

 

Une période de grands chantiers d’abord suspendue, et bientôt « volatilisée »    

 

 « Si les chantiers n’étaient pas lancés aujourd’hui, ils ne le seraient plus jamais et les conditions de vie, d’habitat, de travail, de circulation des Réunionnais ne feraient alors qu’empirer. Notre responsabilité est en effet d’anticiper sur La Réunion du million d’habitants. »

 

2ème constat : cela se vérifie aujourd’hui, d’une part avec le retard pris pour le projet de nouvelle route du littoral, d’autre part avec l’abandon du Tram Train.

Tram Train dont les financements ont été basculés sur un fumeux projet routier, « persillé » pour faire bonne figure auprès de l’Europe par quelques millions sur un fantomatique projet de transports par bus appelé « Trans éco express ».

Autant dire qu’une infrastructure ferroviaire dans le futur va coûter plus cher que cela nous aurait coûté.

 

Dans l’attente d’un vrai réseau de transports collectifs, ne pas faire la politique du pire    

 

 Pont de la Ravine des Trois-Bassins sur la route des Tamarins 

 

« La Route des Tamarins est présentée comme le chantier du siècle. (…)

 

C’est en ayant à l’esprit cette vision d’un aménagement équilibré entre les différentes micro régions de l’île que la Région a lancé d’autres chantiers : les déviations de Saint-Joseph, de Grand-Bois/Petite Ile, de Saint-Benoît, les travaux sur la Route des Plaines, le boulevard Sud…

 

Mais toutes ces réalisations ne parviendront pas, à elles seules, à régler la totalité des problèmes de circulation et de déplacements dans l’île. »

 

3ème constat : la sagesse dicte d’envisager une alternative au tout voiture.

Mais même si à l’époque, nos aînés ont montré l’aberration d’abandonner le Ti Train, qui méritait d’être maintenu, et modernisé, nous ne pouvions, en tant que responsables de la politique économique à la Région, faire la politique du pire.

Ainsi, il fallait soulager les milliers d’automobilistes pris dans les embouteillages, entre l’ouest et le sud notamment.

 

Agir sans attendre entre les villes et à l’intérieur des villes    

 

 « En effet, La Réunion va accueillir, dans les 25 ans, près de 250 000 habitants supplémentaires.

Et de plus, le nombre de véhicules augmente, environ 30 000 immatriculations nouvelles chaque année.

 

Nous nous dirigeons tout droit vers le « coma circulatoire ».

 

Il convient donc dès à présent de prévoir et de réunir les conditions qui permettront de vivre, travailler, circuler non seulement d’une ville à l’autre, mais aussi à l’intérieur des villes. » 

 

4ème constat : la majorité régionale avait anticipé cette difficulté créée par d’autres majorités qui n’avaient pas pris en compte la dimension des déplacements durables par des transports collectifs représentant une véritable alternative à la voiture individuelle.

 

Une alternative crédible au tout automobile remise en cause   

 

 « C’est pourquoi la Région propose des solutions alternatives au « tout voiture » :

 

– C’est d’abord la réalisation d’un transport en commun en site propre, le tram train, qui représente un changement qualitatif fondamental dans la politique des déplacements à La Réunion.

 

– C’est aussi le projet d’une une piste cyclable « en site propre », entièrement sécurisée autour de l’île.

 

L’ensemble de ces projets et de ces travaux apporte des solutions concrètes au problème des déplacements sur le territoire exigu et montagneux de La Réunion.

 

Leur utilité est incontestable.

De plus, ces chantiers qui s’ouvrent dans toute l’île créent des emplois et de l’activité ; le nombre de salariés dans le BTP n’a jamais été aussi élevé.

 

C’est donc à plusieurs titres que la Région participe au développement durable de l’île. »

 

5ème constat : pendant que cette revue évoquait l’anticipation de la Région, après le drame survenu sur la route du littoral relevant de la responsabilité de l’Etat, les services de la Région et moi-même, au nom du président Paul Vergès, négocions avec l’Etat pour un financement approprié des deux grands chantiers à venir, celui de la 1ère phase du tracé Tram Train de Sainte-Marie à Saint-Paul et celui de la nouvelle route du littoral sécurisée.

 

La quasi totalité des élus pour une nouvelle route digue et un tunnel pour l’arrivée sur Saint-Denis    

 

 Signature du Protocole de Matignon en janvier 2007 : quand des élus se battent pour leur Île…

 

Pour celles et ceux qui comme Didier Robert persistent à essayer de tromper les gens en faisant croire que la solution, et le financement, relevaient d’abord de la Région, il est utile de rappeler les termes de la délibération adoptée le 23 août 2006 en assemblée plénière du Conseil régional.

 

L’assemblée plénière compte 45 membres.

Et ce sont 42 élus sur les 44 présents ou représentés (2 élus s’abstenant) qui se sont prononcés pour le texte dont les termes sont repris ci-dessous.

 

Le texte adopté rappelle que

 

1°- « la route du littoral relève de la compétence de l’État, maître d’ouvrage,… »

 

2°- « la sécurisation par la réalisation d’une nouvelle liaison routière relève de sa responsabilité ».

 

Mieux encore, le texte, optant pour une nouvelle route digue et un tunnel pour l’arrivée sur Saint-Denis, donc vers le Boulevard Sud, rappelle les exigences incontournables à imposer aux services de l’Etat :

 

« une préférence pour le tracé B1, sous réserve de la consolidation des éléments techniques apportés par la DDE aux questions posées ; la Région s’est donc déclarée favorable à la solution dite mixte c’est-à-dire une nouvelle route digue éloignée en mer et un tunnel de 3,5 kilomètres pour l’arrivée sur Saint-Denis, à condition notamment que la DDE confirme par des études :

 

Se battre constamment auprès de l’Etat pour que ce ne soit pas les Réunionnais qui payent les erreurs de l’Etat    

 

 Didier Robert n’a pas hésité à « tuer » le projet Tram Train pour des ambitions électorales… avec l’aide de Christian Estrosi, toujours maire de Nice et… fier de son Tram sur la Côte d’Azur

 

Mais ce qu’il y a de significatif dans ce texte voté, c’est que s’agissant du financement de cette nouvelle route, les élus de majorité autour de Paul Vergès, mais aussi les élus du groupe PS et une partie de ceux du groupe de l’opposition, ont pointé du doigt la responsabilité de l’Etat.

 

Ainsi le texte mentionne « un accord sur le principe d’une participation financière de la Région, en complément de celle, principale, de l’État, sous réserve de ne pas porter atteinte au financement des autres opérations routières et de transports collectifs et des opérations prioritaires des futurs contrat de projet et programmes opérationnels européens.

 

En clair, la Région ne doit intervenir pour cette nouvelle route qu’à titre complémentaire de celle de l’Etat, et de plus, qu’à la condition de ne pas porter atteinte aux autres opérations, notamment de transports collectifs.

 

Aujourd’hui, la Région de Didier Robert concentre tous les crédits sur ce projet de nouvelle route non pas à 4 voies, mais à presque 6 voies, projet pharaonique qui empêche toute autre opération routière, et interdit aussi durablement tout projet ferroviaire.

 

Il suffit de savoir que, dans le cadre du Protocole de Matignon 2 signé par Didier Robert et le Premier Ministre François Fillon, tout dépassement du coût estimatif du projet à 6 voies en mer (1,6 milliard d’euros) sera totalement à la charge de la Région Réunion, donc des Réunionnais.

 

Et dire que nous nous étions battu pour que le Protocole de Matignon 1, signé par le président d’alors Paul Vergès et Dominique de Villepin, alors Premier Ministre, prévoit que tout dépassement du coût estimatif du projet à 4 voies en digue et en tunnel (1,4 milliard d’euros) soit assumé à 59 % par l’Etat, la Région supportant le reste.

 

On connaît l’issue de cette négociation « gros doigt » par Didier Robert : un désengagement par l’Etat sur le Tram Train, et un report pour « solde de tout compte » des crédits de l’Etat au titre du projet ferroviaire sur la route « flottante » du nouveau président de Région.

 

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