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2013
Du 29 juillet au 31 août : rétrospective – Janvier 2013 : « Austéri-ssance », transports collectifs et rendez-vous manqués
Catégorie : RETROSPECTIVEJe serai absent pour les jours qui viennent. C’est l’occasion de vous faire partager une rétrospective de mes articles depuis deux ans. Et les informations contenues dans ces papiers ont toujours une part d’actualité. J’entends par là qu’il est intéressant de voir combien la citation de Blaise Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » est juste.
Ainsi par exemple, la vérité sur un fait, l’indignation devant une injustice, la revendication devant un traitement inapproprié , peuvent être fortes… ou faibles voire inexistantes, selon que l’on est dans l’opposition ou au pouvoir.
Cela dit, celles et ceux qui dans ces articles sont sujets à des critiques peuvent avoir parfois montré leurs aptitudes à se remettre en cause. Comme quoi personne n’est parfait.
Enfin, j’arrête là et vous souhaite bonne lecture !
15 janvier 2013 – Après la « ri-lance », « l’autéri-ssance » ?
On connaissait la ri-lance, ce mélange de rigueur et de relance, du gouvernement Fillon.
Aujourd’hui, va-t-on vers l’austéri-ssance, sorte de mélange d’austérité et de croissance ?
Un camouflet de taille
Le fameux FMI (déjà passablement affaibli par les frasques de son ancien directeur) vient à nouveau de connaître un nouveau camouflet.
Et un camouflet de taille.
Jusqu’à présent le FMI estimait qu’un euro d’économie imposé à un pays impliquait un euro de moins dans le PIB de ce dernier.
C’est au nom de cette doctrine que bien des pays – à commencer par la Grèce, l’Espagne et l’Italie – ont dû se serrer la ceinture.
Et voilà qu’aujourd’hui, le FMI nous dit que ce n’est peut être pas totalement vrai.
Ce n’est pas une erreur « philosophique ».
Ce n’est pas une erreur économique
C’est tout « simplement » une erreur de … calcul ! Ben voyons !
La révélation de l’économiste en chef du FMI
C’est un document de travail publié le 3 janvier dernier qui a allumé la mèche.
Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, y explique que l’institution s’est trompée en évaluant l’impact des mesures d’austérité imposées à plusieurs pays.
L’auteur précise que ce qu’il écrit l’engage à titre personnel et n’engage pas l’institution qui l’emploie.
Une précaution qui n’en est pas une, en fait.
Car si l’institution ne se base que sur l’avis d’une seule personne, c’est montrer la fragilité de l’institution.
Et il n’est pas pensable que cette analyse n’ait été effectuée que par un seul homme.
Lequel est tout de même économiste en chef !
Cela pourrait donc être un revirement de situation.
Le FMI estimant qu’il s’est « planté » demanderait donc à un de ses cadres de servir de « fusible » pour faire marche arrière.
Pour un euro d’économie imposé, ce sont en fait 3 euros qui disparaissent du PIB
Ainsi, cette fameuse théorie estimant qu’un euro d’économie imposé à un pays implique un euro de moins dans le PIB de ce dernier est fausse.
Pour un euro d’économie imposé, ce sont en fait 3 euros qui disparaissent du PIB.
Du simple au triple !
Et sur le fond, un sérieux camouflet puisqu’il s’agit là d’une énorme sous-estimation de l’impact de l’austérité sur la croissance des pays en difficultés.
Ce qui ne peut qu’accroitre la théorie des économistes qui, depuis des années, expliquent que les politiques d’austérité et de rigueur entraînent des récessions.
Et il aura fallu plus de 5 ans pour que le FMI s’en rende compte aujourd’hui !
Bien sûr, on peut toujours dire qu’il fallait du temps pour constater que les taux de croissance dans les pays soumis à l’austérité étaient plus bas que les taux de croissance des pays soumis à un régime normal.
Mais il y a là quelque chose de surréaliste : une expérience « en vrai » de théories économiques.
L’expérimentation est malsaine lorsque la vie humaine est en jeu
L’expérimentation, c’est bien, mais pas dans tous les cas.
Et surtout l’expérimentation est malsaine lorsque c’est la vie humaine qui est en jeu !
Fallait-il mettre des millions de femmes et d’hommes dans la situation d’extrême pauvreté pour comprendre que le problème de l’austérité et de la rigueur, c’est qu’elles contractent le rôle de l’Etat ?
Fallait-il mettre des millions de femmes et d’hommes dans la situation d’extrême pauvreté pour comprendre que cette austérité et cette rigueur conduisent à moins de croissance ?
Tout cela avec cette conséquence inéluctable : l’Etat a été obligé d’emprunter davantage.
Et c’est le cercle vicieux !
Ce n’est pas seulement une erreur de calcul.
C’est une erreur plus grave.
L’économie serait une science de laboratoire ?
Comment les experts ont-ils pu sous-estimer l’impact psychologique de la crise ?
Pour eux, l’économie serait une science de laboratoire, faite sur des êtres vivants lobotomisés, incapables du moindre sentiment et de la moindre réflexion !
Des voix se sont bien élevées – timidement – pour dire qu’un autre élément n’avait pas été pris en compte : la brutalité de la crise, sa progression rapide, sa généralisation, et sa durée.
Mais n’est-ce pas le rôle des économistes que d’apprécier tout cela ?
Pourquoi ces experts n’ont ils pas pris en compte cette question de la globalisation ?
On dirait qu’ils ont découvert ce qu’est une crise.
Après nous avoir bassiné pendant des années sur la manière dont elle naissait !
Le FMI nage en pleine contradiction
Reste que ce mea culpa du FMI est très rare.
Mais une simple question : si le FMI a fait fausse route, comment compte-t-il réparer ses erreurs ?
Et surtout, question subsidiaire : comment compte-t-il ne pas en commettre d’autres.
Car même si le FMI a reconnu du bout des lèvres ses erreurs, il continue à pondre des rapports… comme avant.
Car le FMI nage en pleine contradiction, puisqu’il continue à prêcher l’austérité pour les pays en difficulté comme le Portugal.
C’est ce qu’il dit dans un rapport consacré à la situation Portugal qui vient d’être publié.
Certes, tout de suite après cette « révélation », mais tout de même !
Le FMI recommande notamment au gouvernement portugais de réduire le nombre de fonctionnaires, ainsi que leurs salaires et leurs retraites !
« Ri-lance » et « austéri-ssance »
Et que fait le gouvernement français ?
Le gouvernement français maintient la rigueur.
Et le gouvernement français continue à parler de croissance.
On connaissait Madame Christine Lagarde avec sa « notion avant-gardiste » de « ri-lance », sorte de mélange de rigueur et de relance.
Aujourd’hui, une nouvelle théorie économique serait-elle en passe d’être inventée, à savoir l’austéri-ssance ?
Ou le savant mélange de l’austérité (avérée) et de la croissance (rêvée).
23 janvier 2013 – Plan départemental des transports – Pour une vraie démarche participative
La lettre de la Présidente du Département à plusieurs centaines d’acteurs potentiels du déplacement durable
Le Département s’est engagé depuis plusieurs mois dans un processus de renouvellement du réseau de transport collectifs dont il a la charge.
Il s’agit du réseau Car Jaune.
Je vous en ai à maintes reprises fait état. *
La détermination du Conseil général
En vertu de la délégation « Transports et déplacements » qui m’a été confiée par la Présidente du Conseil général Nassimah Dindar, je me suis attaché, aidé des services du département, à exercer cette délégation avec l’objectif résolu de mener à bien cette politique.
La tâche n’est pas simple.
Quelles que puissent être mes motivations fortes, je ne pourrai pas porter seul cette entreprise qui dépasse le cadre départemental.
D’ailleurs, cela n’a jamais été dans mon intention.
C’est pourquoi, avec l’impulsion de la Présidente du Conseil général, j’en appelle à la mobilisation de celles et ceux qui souhaitent qu’un SRDD (Schéma Réunionnais de Déplacement Durable) soit mise en place.
Ce SRDD pourrait être actée dans un document élaboré par des citoyennes et des citoyens épris de leur Île, et de l’avenir que connaîtront les générations futures.
Dans cette perspective, il convient d’avoir à l’esprit un certain nombre de données importantes :
Mesurer l’enjeu et ses contraintes objectives
1°- La décision de la majorité régionale de Didier Robert
– de mettre à mort le Tram Train, condamnant durablement la mise en place d’une infrastructure ferroviaire, compte tenu des efforts financiers à engager,
– de renoncer à la mise en circulation des 2000 bus promis,
2°- La croissance continue du nombre de véhicules en circulation, rendue indispensable parce qu’aucune alternative crédible n’est proposée aux usagers ayant besoin de se déplacer à toute heure de la journée ou de la nuit,
3°- L’augmentation inexorable des frais inhérents au fonctionnement d’un véhicule individuel (entretien, assurances, carburant, …), pesant sur le budget des ménages,
4°- La situation économique et sociale, avec un nombre croissant de demandeurs d’emploi ayant de moins de moins de capacités financières, le nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté venant confirmer ce constat.
Orienter à l’avenir les crédits vers le déplacement durable
1°- L’impossibilité de poursuivre, malgré la logique qui aurait dû s’imposer à l’époque, la route circulaire de moyenne altitude dans le prolongement de la Route des Tamarins compte tenu :
– des contraintes budgétaires,
– de la logique de notre opposition à la réalisation d’une coûteuse route du littoral à 6 voies, qui va déboucher sur un boulevard du Barachois et un boulevard sud absolument pas « calibrés » pour recevoir un flux de véhicules de plus en plus important,
– des priorités d’investissements à préserver dans les autres domaines,
– et de l’incontournable et contemporaine nécessité d’opter pour le transport collectif,
2°- L’impossibilité absolue de véritables solutions pour fluidifier la circulation automobile en milieu urbain compte tenu :
– du coût exorbitant d’ouvrages de franchissement de ravines aux entrées, et parfois à l’intérieur, des villes,
– de l’impossibilité d’élargir les voiries urbaines, à défaut d’en créer en périphérie des villes, favorisant alors la mort des centres-villes.
Une exigence incontournable
1°- L’obligation qui nous est imposée à l’échelle planétaire de réduire les gaz à effet de serre, dont les véhicules sont encore aujourd’hui de dangereux pourvoyeurs,
2°- La conviction que l’espace immobilisée par les véhicules de 5 places en stationnement est pénalisante, que le véhicule considéré soit ou non économe en énergie fossile,
3°- La conviction enfin que le prolongement de l’utilisation de modes doux de déplacement émanera de l’utilisation généralisée du transport collectif plutôt que de l’utilisation systématique de la voiture individuelle, ne serait-ce qu’en raison du nécessaire partage de la voirie existante entre les différents modes de déplacements.
Tous ces constats nous imposent de réfléchir à une grande politique de déplacement durable.
La responsabilité du Département
La Région Réunion a décidé de se désengager de sa responsabilité première de mettre en place une armature transport de type ferroviaire à l’échelle de l’île.
Il revient aujourd’hui au Département de ne pas rester inerte.
Ne pouvant se raccrocher à une armature ferroviaire régionale, la collectivité départementale doit tenter d’offrir aux Réunionnais un réseau armature à l’échelle de l’Île par le biais d’un transport routier collectif de personnes.
Au terme de diverses consultations, notamment avec les autorités organisatrices de transports urbains (CIREST, CINOR, TCO, CIVIS ET CASUD), ayant un intérêt évident à connaître du réseau départemental, les élus du Conseil Général, réunis en assemblée plénière le 12 décembre 2012, ont adopté à l’unanimité le PDT (Plan Départemental des Transports).
Ce PDT définit les orientations majeures du Département : réseau, horaires, fréquences, intermodalité, tarification, interopérabilité, information, …
Réunir les AOT : oui ! Réunir les citoyens : deux fois oui !
L’objectif de réussir l’intermodalité est nécessaire afin que les temps d’attentes pour les correspondancesentre les réseaux départemental (Car jaune) et urbain (Estival avec la CIREST dans l’Est, Citalis avec la CINOR dans le Nord, Kar’Ouest avec le TCO dans l’Ouest, Alternéo et Carsud dans le Sud avec la CIVIS et la CASUD) soient les plus courts possibles.
L’objectif de réussir l’interopérabilité est indispensable afin que les usagers n’aient pas à avoir plusieurs titres de transport, et à payer plusieurs fois, pour circuler d’un bout à l’autre de l’Île, en passant par le réseau car jaune et les réseaux urbains.
La coordination obligée des politiques menées par les différentes AOT (Autorités Organisatrices de Transports) doit conduire le Département, la Région, et les communautés d’agglomérations à se regrouper dans un syndicat mixte de transports.
Mais au final, ce sont les citoyens, usagers potentiels des transports, qui bénéficieront, ou pâtiront, des mesures prises par les décideurs, en matière de transports et de déplacements.
Vers une Communauté des Acteurs du Déplacement Durable (CADED)
À quoi sert de déployer des efforts sur les transports en commun si dans le même temps, une politique
– de partage de voirie routière (avec des voies urbaines réservées aux bus et aux taxis),
– de circulation (restriction pour les véhicules individuels dans certains espaces « congestionnés » – centre ville – et à certaines heures)
– et de stationnement (avec des parkings relais surveillés),
N’est pas mise en place avec la ferme volonté de privilégier le déplacement collectif ?
À quoi sert de déployer des efforts sur les transports en commun si dans le même temps, une politique favorisant en milieu urbain l’usage de modes doux de déplacement (voiries cyclables séparées des voiries routières, vélos, Vélecs – Vélos électriques – motos électriques, espaces piétonniers, …) n’est pas mise en place ?
C’est la raison pour laquelle la Présidente du Conseil Général a sollicité des citoyens pour accompagner cette volonté exprimée de construire ensemble le déplacement durable.
Peut-être a-t-on oublié des destinataires.
Si cela était le cas, il serait bienvenu de ne pas nous en tenir rigueur.
Il serait alors légitime pour celles et ceux-là, comme pour celles et ceux qui ont reçu le courrier, de revendiquer le Droit de faire partie de cette Communauté des Acteurs du Déplacement Durable (CADED).
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas », disait Lao-Tseu dans son livre intitulé le Tao Te King. **
*
19/08/2011 – À propos du syndicat mixte des transports de la réunion : ne pas “mépriser” les représentants du peuple
5/09/2011 – Transports – Syndicat mixte : gardons une attitude politique respectueuse des autres !
9/12/2011 – Syndicat mixte de transports et TEE : la balle est dans le camp de la Région
3, 4, 5, 6, 7 et 8 décembre /2012 – Transports – Avec le Département, devenir acteur du déplacement durable ! (1ère des 6 parties)
13/12/2012 – Transports – Et maintenant une nouvelle étape : au travail !
** Le Tao Te King, le Livre de la Voie et de la Vertu, a été écrit au VIe siècle avant Jésus-Christ, par Lao-Tseu. Ouvrage fondateur du taoïsme, c’est un classique de la sagesse chinoise. D’aucuns le considèrent comme un guide intemporel et indispensable à l’art de vivre. En l’espace de 81 chapitres, très courts, le philosophe chinois nous fait partager l’essence de la sagesse chinoise, l’équilibre entre les pôles de l’univers, le féminin et le masculin, le Yin et le Yang.
24 janvier 2013 – Transports et déplacements – Ce que nous avons raté et que nous paierons cher…
Il est souvent de bonne sagesse de s’appuyer sur le passé pour mieux comprendre le présent et même se projeter dans l’avenir.
Comme le rappelle fort justement le proverbe africain : « Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ».
C’est pourquoi je vous fais partager le contenu de la lettre de François Fillon, alors Premier Ministre, au Président de Région Paul Vergès, confirmant que la Réunion pouvait prétendre à plusieurs dizaines de millions d’euros d’aides au titre du Tram Train.
Plusieurs dizaines de millions d’euros d’aides au titre du Tram Train, de surcroît chaque année.
En effet, le Premier Ministre François Fillon souligne ceci :
« Vous comprendrez que l’Etat ne puisse se prononcer sur une demande nouvelle, portant sur des montants annuels de plusieurs dizaines de millions d’euros, très peu de jours avant la signature du contrat de partenariat ».
Il rajoutait, certes, que « … Au surplus, la création d’un tel concours nécessite un texte législatif. »
Pour conclure en rappelant que l’Etat « continuera à soutenir loyalement ce projet. »
Ce qu’il faut comprendre, c’est :
1°- Que La Réunion pouvait prétendre à plusieurs dizaines de millions supplémentaires au titre d’une politique alternative au tout-automobile, et je rajouterais, en réparation de la disparition décidée du « Ti Train » de Saint-Benoît à Saint-Pierre ;
2°- Que l’Etat n’était pas résolument contre, mais que cela nécessitait une consécration législative, donc un peu plus de temps ;
3°- Que pour attester de la bonne volonté de l’Etat, le Premier Ministre rajoutait que l’Etat continuerait à soutenir le projet.
Ce qu’il faut retenir de la suite des évènements, c’est que c’est la nouvelle majorité à la Région qui a refusé que l’Etat fasse un effort supplémentaire.
Et le fait pour la majorité autour de Didier Robert d’avoir identifié dans le nouveau SAR (Schéma d’Aménagement Régional) l’itinéraire d’un mode ferré guidé de transport collectif ne l’exonère pas de son immense responsabilité d’avoir tué un projet novateur.
En effet, la crise économique et financière mondiale persistant, et surtout s’aggravant, ce n’est pas « demain la veille » que l’Etat acceptera de faire un effort supérieur à celui que nous avions souhaité avant 2010.
Et pendant ce temps, rien que depuis 2010, les villes de Toulouse, Reims, Angers, Brest, Dijon, Le Havre, ont fait renaître le transport ferroviaire sur leur territoire… imitant les villes telles Mulhouse, Valenciennes (dont le maire est Jean-Louis Borloo), Clermont-Ferrand, Marseille, Le Mans (dont le maire est… François Fillon !), Nice, qui les avaient précédé depuis 2006.
La Réunion aura toujours un… train de retard !
À terme, l’Homme parviendra à résoudre la quasi-totalité de ses nuisances écologiques en matière de transports, principales génératrices de gaspillage d’énergies polluantes (plus d’un tiers des émissions annuelles de CO2 !).